Marie Claire

Lous & the Yakuza, droit au beat

- Par 116

Sur son nouvel album*, la chanteuse et mannequin, devenue un phénomène pop internatio­nal, met ses chansons entre les mains de l’Espagnol El Guincho et du producteur rap français Mems sans renier sa sensibilit­é et son amour des belles lettres.

Charline Lecarpenti­er

MariePierr­a APRÈS DES ANNÉES DE PRÉCARITÉ ET D’ACHARNEMEN­T, Kakoma (alias Lous & the Yakuza), ex-étudiante en philosophi­e née en République démocratiq­ue du Congo en 1996, a fui la guerre puis vécu au Rwanda avant de s’installer en Belgique. Elle faisait ces derniers mois les premières parties de Coldplay au Stade de France, mais aussi de Gorillaz et d’Alicia Keys aux États-Unis. Ce serait édulcorer l’histoire que d’attribuer son succès à son seul précédent album, Gore (2020), et oublier les centaines de concerts et tous les EP artisanaux qui lui ont permis d’en arriver là. Lous & the Yakuza défile désormais pour Louis Vuitton et pose pour les couverture­s de magazines, Marie Claire compris, assumant un rôle de modèle bien malgré elle, trop rare femme noire à être visible en France comme en Belgique. Pour la maison d’édition Fayard, elle traduisait l’an dernier le poème La colline que nous gravissons d’Amanda Gorman, lu lors de la cérémonie d’investitur­e de Joe Biden. Ce succès éclair risquait-il de la changer? Le titre de son nouvel album, Iota, nous laisse un indice : tout est dans le détail. En se plongeant dans les textes de ses nouvelles chansons, on comprend ainsi que c’est moins elle-même qui a changé que le regard que ses proches posent sur elle. Sur le titre La Money, elle fait chanter des enfants sur une comptine évoquant la jalousie qui empoisonne les relations : « Je ne peux plus parler tendrement / Tu ne sens plus tous mes sentiments / Tu m’en voulais parce que je faisais plus de money. »

LE POIDS DES MOTS, LE SENS DU RYTHME

Ses chansons, intimes et entêtantes, sont toujours aussi amoureuses des belles lettres (elle écrit pour elle-même des romans épistolair­es), mais ses paroles vont aussi plus droit au rythme. Elle réunit à nouveau l’Espagnol El Guincho, génial producteur sautillant qui jouait dans les clubs undergroun­d dans les années 2000, devenu collaborat­eur de Rosalía mais aussi le discret producteur de rap français Mems. Sous l’alias Lous & the Yakuza (anagramme de soul et référence japonaise pour parler de son équipe), elle livre ici une belle suite, ni répétitive ni traître, à son premier album.

(*) Iota (Columbia). Sortie début novembre. Singles Kisé, Monsters et Handle Me déjà disponible­s.

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