SARAH MAKHARINE
Marie Claire met en avant une artiste visuelle émergente et l’invite à intervenir dans le magazine. La photographe Sarah Makharine est la nouvelle invitée de cette “résidence”. Portrait. Par Philomène Piégay
section Art AVANT DE FAIRE ÉTAPE À L’ÉCOLE KOURTRAJMÉ,
& Image, Sarah Makharine a emprunté une multitude de chemins, joyeuse touche-à-tout: actrice, assistante de production, apprentie réalisatrice, directrice artistique… Le verbe vif et joliment tchatcheur, cette artiste de 31 ans évoque le parcours qui l’a menée d’une banlieue à l’autre. De Courbevoie, où elle a grandi, à Saint-Denis, où elle a suivi un master de cinéma, en passant par les bancs parisiens de La Sorbonne pour y étudier le théâtre, ou encore les plateaux de cinéma, où elle a tourné des rôles secondaires jusqu’à peu (Demi-soeurs, réalisé en 2018 par Saphia Azzeddine et François-Régis Jeanne, ou Aftersun, de Charlotte Wells, prochainement en salle). Un tourbillon d’activités où s’exprime une énergie débordante, jusqu’à ce que son année d’apprentissage 2020-2021 à Kourtrajmé Montfermeil, aux côtés de JR, lui offre l’ancrage qu’elle attendait. La photographie s’impose, indispensable passeport vers l’autre. « J’avais déjà eu un déclic
pour la photo à 23 ans, quand je travaillais dans la boîte de production de Romain Gavras. J’avais acheté mon premier Kodak jetable et je photographiais tout ce qui m’entourait. J’ai beaucoup appris avec JR. J’étais venue chercher une légitimité dans cette école, et une étiquette, celle de photographe.» Une étiquette qui lui permet d’imaginer des installations où se mêlent vidéos, photos, support audio… Ici, à travers sa série Endless Summer, présentée cet automne à la Villa Noailles d’Hyères, elle a voulu souligner la sororité des performeuses du collectif Maraboutage. «J’avais envie d’ancrer ces femmes dans l’eau, un élément au coeur de mon travail et qui fait référence au corps de la mère. J’ai voulu les réunir comme des soeurs, en capturant quelque chose de doux et de tendre entre elles. Et convaincue que c’est dans cette sororité puissante, qui dépasse les religions, que se trouve aujourd’hui le féminisme.» Sarah Makharine illustre ce mois-ci notre portrait d’Aurélie Silvestre (p. 152). Nous continuerons de découvrir son travail dans notre prochain numéro.