Marie Claire

La pop olé olé de La Femme

- Par Charline Lecarpenti­er

Annoncé par l’entêtant single Sácatela, le quatrième album du groupe, Teatro Lúcido*, explore le spectre musical hispanique dans un joyeux cabaret où paso doble, reggaeton et cuivres de férias exaltent son sens de la fête.

LA SCÈNE MUSICALE HISPANOPHO­NE, avec l’avènement de la pop hybride de Rosalía ou du reggaeton de Bad Bunny et Maluma, a eu un effet lifting sur la pop. La Femme n’a pas attendu pour faire à la sienne une place au soleil, en Espagne comme au Mexique, avec une base de fans solide et amatrice de frenchies. «C’est un pays qui est resté dans le rock et n’a pas transition­né dans le rap électro comme en France», explique Marlon Magnée, qui a fondé le groupe avec Sacha Got. Leurs souvenirs, collectés de Grenade à Mexico City mais restitués à Paris, font l’objet d’un premier volume d’une série thématique baptisée «Collection Odyssée». Ce nouvel album en espagnol passe par tous les rythmes, des castagnett­es au reggaeton plus contempora­in: pas si banal pour un groupe de rock. « Je déteste le reggaeton, à la base, mais aujourd’hui, on le subit dans les boîtes, où il est bien rare qu’on passe du Eddie Cochran… À force d’avoir le cerveau lavé par cette musique, on l’a digérée et intégrée à notre ADN », explique Marlon Magnée au téléphone tout en déambulant dans un grand magasin. « En 2010, on était dans les premiers à faire de la cold wave française et du yéyé, on reste avant-gardistes malgré nous», s’amuse-t-il. Sur ces titres, le groupe renoue, comme sur le dernier album Paradigme, avec son sens de l’humour et de la fête (mais surtout sans « cocaïna », comme répété sur le titre Cha-Cha).

UN REGARD LUCIDE ET DOUX SUR LA VIE QUI FILE

La Femme a le chic pour porter avec élégance et chaos un regard lucide et doux sur la vie qui file et laisse les coeurs troués, à l’image de Sácatela, qui reprend les mêmes conseils d’oubli dispensés sur Elle ne t’aime pas en 2016. Ils chantent dans un espagnol de leur plume, ont envoyé des partitions à l’orchestre de Dax, recruté de nouvelles chanteuses hispanopho­nes sur Facebook pour les enregistre­r à Paris et tourné le clip de Sácatela à Nice, assumant la délocalisa­tion de leurs influences jusqu’au bout. Et toujours sincères dans leur hommage à cette Hispanie fantasmée autant que respectée.

(*) (Les disques pointus).

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France