Marie Claire

FONDATION DES FEMMES*

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ANNE-CÉCILE MAILFERT, PRÉSIDENTE

IL Y A SIX ANS, ANNE-CÉCILE MAILFERT A RÉALISÉ QU’IL N’EXISTAIT PAS DE FONDATION FÉMINISTE AVEC DES PARTENAIRE­S ET DES FONDS SPÉCIFIQUE­S POUR FAIRE RECULER LA VIOLENCE ET PROGRESSER L’ÉGALITÉ. AUJOURD’HUI INCONTOURN­ABLE, LA FONDATION DES FEMMES FAIT FACE AUX BESOINS ACCRUS DES ASSOCIATIO­NS SUBMERGÉES PAR LA VAGUE #METOO, ALORS QUE LES SUBVENTION­S D’ÉTAT NE SONT PAS AUGMENTÉES.

Quelle est la mission de la Fondation des Femmes ?

Nous sommes la structure de référence en France pour la liberté et les droits des femmes. Nous finançons des projets qui ont trait à l’éducation, à l’égalité profession­nelle, à la précarité, mais la majorité de nos fonds est reversée à des actions de lutte contre les violences faites aux femmes, l’urgence à nos yeux. Depuis 2016, nous avons reversé six millions d’euros à plus de six cents projets.

Quel impact la vague #MeToo a-t-elle eu sur votre action ?

#MeToo a libéré la parole et l’écoute mais il faut aiguiller, accompagne­r, conseiller les femmes. Cela signifie plus de juristes, d’écoutantes, de permanence­s partout en France. Or, cinq ans plus tard, sans soutien de la part de l’État et avec deux fois plus d’appels, les associatio­ns sont submergées. Nous avons lancé, début octobre, une campagne de levée de fonds, #PlusJamais­Seules. Le confinemen­t a été une deuxième étape forte de notre développem­ent. Du jour au lendemain, les associatio­ns ont dû se réinventer. Nous avons distribué des téléphones et des ordinateur­s portables à celles qui faisaient de l’écoute dans des bureaux physiques. Certains centres d’hébergemen­t étant complets, des entreprise­s partenaire­s nous ont prêté des bâtiments. En six ans, des associatio­ns soutenues dès le début ont pris de l’ampleur comme En avant toutes : deux bénévoles ont eu l’idée d’un chat pour les jeunes. Désormais ouvert 24 heures sur 24, il a déjà été utilisé par des dizaines de milliers de personnes. Dans le Sud, des bénévoles ont monté un petit projet de déménageme­nt féministe solidaire, les femmes qui quittent le domicile conjugal doivent pouvoir emporter l’armoire d’une grand-mère et les jouets des enfants. On les aide à essaimer dans toute la France. Les associatio­ns sont parvenues à faire des miracles avec peu, alors imaginez avec plus de moyens !

Comment allez-vous utiliser les fonds récoltés par Marie Claire ?

Ils sont destinés à ces associatio­ns débordées comme le Collectif féministe contre le viol, qui gère le numéro vert national Viols Femmes Informatio­ns. Les conditions de travail des écoutantes sont édifiantes. Leur petit local régulièrem­ent inondé, elles répondent, les pieds dans les eaux sales, aux victimes de viol et d’inceste en France. Leur subvention annuelle de 350000 euros n’a pas été augmentée depuis cinq ans, alors que la rénovation du grand salon de l’Élysée en a coûté plus de 900 000.

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