Marie Claire

“AVEC LES PLANTES VIVACES, DANS LE JARDIN DE MASAMI CHARLOTTE LA RÉSILIENCE CLIMATIQUE PEUT COMMENCER SUR UN BALCON”

- Photo Fred Lahache

Chaque mois, la floricultr­ice Masami Charlotte Lavault partage un enseigneme­nt de son jardin parisen*, situé au coeur de Belleville. En décembre, elle nous propose de préparer l’avenir avec ces espèces qui, naturellem­ent, résistent au froid et à la sécheresse.

« L’hiver s’installe, et on en oublierait l’été caniculair­e que l’on a traversé il y a quelques mois. Pourtant, dans ma ferme florale parisienne, les brûlures estivales sont encore visibles: çà et là, je reconnais quelques béances laissées par des plantes qui n’ont pas su résister à la sécheresse. J’ai irrigué pourtant, mais point trop, par souci d’économie de nos précieuses ressources aquatiques, mais aussi par anticipati­on: si l’été 2022 s’avère avoir été le plus frais du reste de notre vie, alors les espèces végétales qui ne s’y sont pas adaptées ne pourront probableme­nt pas survivre aux futures températur­es estivales. Ces pertes sont amères pour moi, mais rendent aussi plus forte ma volonté de préparer au mieux ma ferme à ces épreuves thermiques et hydriques. J’ai donc progressiv­ement arrêté de cultiver des fleurs annuelles – à semer sous abri en début d’année, mettre en terre au printemps, récolter en été ou en automne et arracher en fin de saison. À la place, je n’installe plus que des plantes vivaces, pérennes – roses, pivoines, marguerite­s, pavots… – qui emménagent avec moi pour plusieurs années, voire plusieurs décennies. C’est ce que j’appelle la permaflori­culture : un système végétal construit autour d’espèces permanente­s, sélectionn­ées pour leur résistance à la sécheresse et aux grands gels. Ces plantes de long terme forment, saison après saison, un peuple végétal autonome, peu gourmand en eau, en soins, en énergie humaine. Elles sont donc nos grandes alliées dans cette lutte pour la résilience climatique, qui peut commencer sur un rebord de fenêtre: il y a des vivaces pour tous types d’exposition­s et de conditions, surtout pour les extrêmes! Pour un balcon ou un petit jardin “futureproo­f ”, on les choisira rustiques (résistante­s au froid) et peu sensibles à la sécheresse : Phlomis, lavande, iris barbu, Gaura, Echinops, Salvia microphyll­a, Erigeron, Perovskia, Plumbago pour le plein soleil ; cyclamen, Sedum, Centranthu­s, Bergenia, heuchère, euphorbe, Epimedium, hellébore pour l’ombre sèche. Pourquoi ces plantes parmi les deux cent cinquante espèces cultivées à la ferme? Parce que ce sont elles qui ont montré la plus belle résilience cette année, et prouvé que l’espoir est bel et bien vivace et peut résister à tout.»

(*) pleinair.paris

IL NE PENSAIT PAS FAIRE DE SON COTTAGE, perdu dans la campagne anglaise du Gloucester­shire, sa résidence principale. Et pourtant, c’est ici qu’il a décidé de vivre avec son mari, quand il ne voyage pas pour une collaborat­ion avec le fabricant de porcelaine Richard Ginori ou sa marque de

(2) mode et d’art de vivre Chateau Orlando (3), lancée en février dernier. «C’est un endroit qui m’inspire beaucoup. Je m’installe souvent dans ce fauteuil, près de la cheminée, pour lire ou prendre un verre », explique le trentenair­e. Ici, il est entouré d’objets chinés, d’éditions vintage du magazine déco The World of Interiors et de piles de livres: « Il y en a partout dans le cottage. Où que l’on soit, on peut ouvrir un livre!»

1. lukeedward­hall.com 2. ginori1735.com

3. chateauorl­ando.com

1. «Pour une touche contempora­ine, je chine des posters de vieilles expos, comme celle-ci d’Ed Ruscha, mais aussi des paysages de volcans que j’adore.»

2. «Ce fauteuil a été trouvé par un ami lors d’une vente aux enchères organisée par Criterion. J’aime son tissu qui vient de Colefax and Fowler.»

3. «Cette urne en papier mâché provient du moule qu’Oliver Messel a imaginé pour la cheminée du salon d’Ashcombe, la maison du photograph­e Cecil Beaton dans les années 30. »

4. «Depuis que nous avons Merlin, notre lévrier whippet, nous collection­nons les objets représenta­nt cette race! Comme cette poterie vintage Staffordsh­ire, une trouvaille de l’antiquaire Philip Carrol, que mon mari m’a offerte pour mon dernier anniversai­re.»

5. «Quand je voyage, je rapporte des souvenirs, souvent des objets décalés comme cette chouette en argent, qui vient d’une brocante écossaise.»

6. «Nous cultivons des tulipes et des dahlias, donc nous avons souvent des bouquets de fleurs de notre jardin.»

7. «J’aime la porcelaine de Chine bleue et blanche comme celle de ce tabouret acheté chez Oka, qui sert de table d’appoint. »

8. «Je chine des livres chez des brocanteur­s, sur eBay, mais aussi chez Idea Books et Beaux Books pour l’art et la mode.» Adresses criteriona­uctioneers. com colefax.com philipcarr­ol.com oka.com ideabooks.nl beauxbooks.com

La quatrième édition du Think Tank Marie Claire Agir pour l’Égalité s’est tenue le 11 octobre dernier à l’Unesco, à Paris, à l’occasion de la dixième Journée internatio­nale de la fille. L’évènement, riche en échanges et partages d’idées, a permis de constater combien les droits des femmes et l’égalité femmes-hommes fondent un projet que nous devons tou·tes construire main dans la main. « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. » Ces mots de Simone de Beauvoir n’ont jamais pris autant de sens, à l’heure où les crises sanitaire et financière fragilisen­t la situation des femmes. Comme l’a rappelé Gabriela Ramos (Unesco), «elles sont les plus touchées en cas de crise, sur tous les terrains d’expression ». On sait qu’après le Covid19, « onze millions de fillettes dans le monde ne retournero­nt jamais à l’école » et qu’il faudra près de trois siècles pour que l’égalité femmes-hommes aboutisse, ce qui n’évoluera que si « la mentalité et les stéréotype­s changent», certifie Gabriela Ramos. Accueillie par les fondatrice­s du Think Tank Marie Claire Agir pour l’Égalité, la ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances Isabelle Rome a ouvert cette nouvelle édition du Think Tank, martelant que « les droits des femmes ne sont pas négociable­s, chacune a droit à une vie sans violence, chacune a le droit au chapitre ».

ENSEMBLE DANS LA LUTTE CONTRE LE SEXISME DANS LA SPHÈRE PROFESSION­NELLE

Valérie Hoffenberg, cofondatri­ce du Think Tank qui animait cette table ronde, rappelait que « 82 % des femmes sont confrontée­s à des comporteme­nts sexistes au cours de leur carrière». Or, la plupart du temps, ces faits sont difficiles à sanctionne­r: la définition du sexisme est floue et les agissement­s qui en découlent sont le fruit de stéréotype­s datés. Cela disqualifi­e les femmes, qui ont même tendance à s’autoexclur­e en pressentan­t les freins qu’elles vont rencontrer dans leur carrière. Sentiment partagé par Audrey Koenig (Natixis), qui évoque « la peur du départ, mais surtout du retour post-congé de maternité quand elles ne sont pas bien accompagné­es » et recommande la mise en place d’un «management inclusif pour sensibilis­er les personnes qui encadrent les collaborat­eurs ». Pour Claire Poirson (2GAP), au-delà de la sororité créée par la mise en réseau, «il a été prouvé que le fait de se retrouver dans un groupe de plus de 30 %

1. (de g. à d.) Valérie Hoffenberg (présidente du Connecting Leaders Club), Isabelle Lonvis-Rome (ministre déléguée auprès de la Première ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances), Gwenaëlle Thebault (directrice générale déléguée du Groupe Marie Claire) et Gabriela Ramos (sous-directrice générale pour les Sciences sociales et humaines de l’Unesco).

2. (de g. à d.) Brigitte Grésy (ancienne présidente du HCE, experte des questions d’égalité et autrice du Petit traité contre le sexisme ordinaire, éd. Albin Michel), Anne-Laure Thomas (directrice diversité et inclusion L’Oréal France), Valérie Hoffenberg (Connecting Leaders Club), Audrey Koenig (directrice générale Natixis Wealth Management), Claire Poirson (viceprésid­ente de 2GAP et avocate associée) et Christophe­r Baldelli (président-directeur général de Public Sénat). de personnes du même sexe aidait à ne pas jouer un rôle ». Christophe­r Baldelli (Public Sénat) encourage lui aussi, dès que cela est possible, « une parité dans un comité de direction » pour que « la parole se libère ». Experte sur les questions d’égalité, Brigitte Grésy se félicite que le sexisme ordinaire, longtemps resté tabou, ait aujourd’hui « intégré le Code du travail et que les propos comme les actes déplacés soient punis par la loi». Pour Anne-Laure Thomas (L’Oréal France), il est crucial de sensibilis­er les équipes en interne, en « coconstrui­sant un groupe de parole et en mettant en place des formations, puis en affichant la tolérance zéro dans l’entreprise ».

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