À genoux devant les
GRANDES ENTREPRISES MONDIALES ?
Donnons un exemple très concret : que se passerait-il si les citoyens français se mettaient à utiliser les euros qu’ils gagnent la journée pour les convertir dans la monnaie du metaverse de Facebook afin de consommer des biens proposés dans ce monde virtuel ? De facto, un énorme pourcentage du PIB français s’évaporerait vers un monde virtuel, dans une consommation virtuelle et à travers une monnaie virtuelle. Des éléments sur lesquels l’État n’a absolument aucun contrôle. Si ce « metaverse » compte 500 000 utilisateurs qui achètent des objets virtuels à 10 €, le problème ne se pose pas. Si cela représente 30 % de la population, qui achète des vacances virtuelles et des appartements virtuels, en payant des taxes virtuelles, cela devient un enjeu vital.
L’immigration, la fuite des cerveaux ou les transferts d’argent vers l’étranger sont des sujets politiques brûlants et très clivants. Mais si le sujet de demain était plutôt celui de ces nouveaux émigrés, les « métaémigrés », ces Français qui abandonnent la France sans la quitter mais en décidant de vivre, s’amuser, consommer et commercer dans les républiques privées du metaverse ?
Dans une telle situation, si tout ou partie de l’activité humaine se déroulait dans le metaverse, l’État se trouverait dépossédé de la plupart de ses prérogatives : police, justice, émission de la monnaie, taxes, etc. Il disparaîtrait presque totalement face à des entreprises privées. Et pour cause : dès lors qu’un État est simplement la forme d’organisation prise par une société pour s’orienter et se gérer, il cesse d’exister si cette dernière choisit de s’organiser au travers du metaverse.
Agir pour ne pas subir
Bien sûr, les sociétés humaines semblent encore très loin d’une telle situation. Mais en 2000, qui aurait pu imaginer que 10 ans plus tard la quasitotalité des rapports humains passeraient via des réseaux sociaux ? Les échelles de temps sur lesquelles s’opèrent les changements sociétaux se sont accélérées. En 2022, quiconque se demande si le monde s’achemine vers le « metaverse » a déjà 5 ans de retard. La question ne se pose pas, ou plutôt elle ne se pose plus. Ce monde est déjà là, il est en construction.