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LE MMA AU SOMMET

LÉGAL ET ULTRA VIOLENT !

- de Daniel Ichbiah

Le MMA ou mixed martial arts est un acronyme désignant un sport de combat combinant la lutte et le pugilat. Avec l’avènement de l’UFC dans les années 90, la popularité du MMA n’a cessé de croître et désormais, ce sport compte des millions d’adeptes et de fans dans le monde. Jugé trop violent, un arrêté ministérie­l datant de 2016 a explicitem­ent interdit la diffusion et l’exercice du MMA sur le sol français. En effet, la législatio­n française interdit les sports qui autorisent les coups au sol comme les Arts Martiaux Mixtes donc. Mais plusieurs années se sont écoulées depuis cet arrêté ministérie­l et il était temps qu’on refasse le point sur la situation du MMA en France. Alors, le MMA est- il toujours interdit en France ? Enquête !

Non, vous ne rêvez pas, le MMA a bel et bien été légalisé en France. En effet, le ministère du sport a décidé de déléguer à la fédération française de boxe la tâche d’entourer la pratique des arts martiaux mixtes en France. Depuis le février 2020 donc, le MMA est officielle­ment autorisé en France, ce que les amateurs de la discipline n’ont pas manqué de saluer sur les réseaux sociaux.

En effet, le MMA est l’un des seuls sports de combat qui n’avaient toujours pas obtenu les agréments nécessaire­s afin d’être pratiqués et diffusés en France comme d’autres de la sorte. Mais c’est désormais de l’histoire ancienne, car le MMA est enfin autorisé et légal en France ! Pour parvenir à lever l’interdicti­on qui pesait sur le MMA, la ministre du sport avait alors demandé l’avis du CNOSF ( Comité olympique français). Ce dernier n’a pas tardé à donner son feu vert, suite auquel la législatio­n française sur le sport a décidé de lever l’interdicti­on qui pesait sur le MMA.

À noter que la France est l’un des tout derniers pays en Europe qui n’avait toujours pas autorisé le MMA en raison de son image sulfureuse. En effet, les arts martiaux est le seul sport de combat qui autorise des coups de poing, de pied, de genou, de coude, sans parler des coups au sol et des étrangleme­nts, le tout dans une cage fermée. En matière de sport familial, on a vu mieux !

La France : le dernier pays d’Europe à autoriser le MMA

Les amateurs et les passionnés de MMA peuvent souffler désormais que leur sport favori est légal en France. Mais saviez- vous que la France est l’un des derniers pays en Europe à avoir autorisé la pratique et la diffusion officielle du MMA sur son territoire national ? En effet, alors que le MMA est autorisé depuis de nombreuses années déjà dans de nombreux pays d’Europe, il a fallu patienter jusqu’en février 2020 pour que la France légalise ce sport. Néanmoins, l’interdicti­on officielle de ce sport sur le sol français ne l’a pas empêché de proliférer en France, loin de là.

Selon des chiffres rapportés par nos enquêteurs, la France comptait entre 30,000 et 50,000 adeptes de MMA, bien avant que ce dernier ne soit officielle­ment légalisé en février 2020. Des chiffres impression­nants qui montrent tout l’intérêt que portent les Français à ce sport à l’image controvers­ée. Maintenant que le MMA est légal en France, il faut s’attendre à une recrudesce­nce de ces chiffres et nous allons très certaineme­nt assister à la création de plusieurs salles de sport dédiées à la pratique de ce sport. D’autre part, plusieurs tournois, championna­ts et compétitio­ns liées au MMA vont très certaineme­nt se dérouler en France désormais.

C’est quoi le MMA au juste ?

Si le MMA n’a plus aucun secret pour vous, on vous recommande de passer au chapitre suivant de cet article. En revanche, si vous avez du mal à comprendre en quoi consistent vraiment les arts martiaux mixtes, on se propose de vous le définir en quelques phrases toutes simples.

Et pour définir le MMA, reprenons les termes de Youenn Lebeau, ancien profession­nel du MMA. Selon Youenn donc, les arts martiaux mixtes sont un sport de combat qui combine plusieurs sports de combat à ceci près que ces derniers sont exemptés de leurs meilleures techniques pour les autoriser dans un seul et même combat.

Pour faire simple donc, le MMA est la compilatio­n de plusieurs sports de combat dans un seul. Ne soyez donc pas étonné si vous voyez des prises de judo, ou des techniques de boxe dans un combat de MMA. Plus étrange, des techniques issues de sports comme le Muay-Thaï et la savate française peuvent également intervenir dans un combat de MMA. Bref, si vous songez à pratiquer le MMA, attendez-vous à utiliser aussi bien vos pieds que vos mains.

Qu’est-ce qui est autorisé en France ?

Le MMA est un peu le bad boy des sports de combat. Véhiculant une image controvers­ée, voire sulfureuse, c’est le seul sport de combat qui autorise des coups au sol. Cette règle qui autorise un combattant à frapper son adversaire lorsque ce dernier est au sol n’a pas été jugée admissible en matière d’éthique par le ministère du sport en France. C’est pour cette raison notamment qu’il a fallu attendre aussi longtemps avant que le MMA ne soit officielle­ment légalisé. Comme on l’a déjà mentionné, un arrêté ministérie­l qui date de 2016 avait explicitem­ent annoncé l’interdicti­on de tout sport qui autorise les coups au sol.

Néanmoins, la situation a beaucoup évolué depuis, et le MMA est désormais légal en France, avec quelques exceptions toutefois. En effet, si vous songez à débuter en MMA, sachez que les coups au sol sont interdits. Pour pratiquer le MMA comme il se doit et pouvoir recourir à toutes les techniques de ce sport, un certain niveau de maîtrise et de pratique est exigé. Ainsi, les coups au niveau du coude, ou n’importe quel autre coup qui peut blesser les articulati­ons, sont formelleme­nt interdits pour les débutants. D’autre part, le MMA s’appuie sur un ensemble de règles et tout n’est pas autorisé dans ce sport de combat.

Ce qui est interdit en MMA

Contrairem­ent à ce que l’on pourrait croire, tout n’est pas autorisé en MMA. En dépit de l’image très controvers­ée qu’il véhicule, à juste titre, le MMA s’appuie sur certaines règles et les profession­nels de ce sport ne sont pas autorisés à faire tout ce qui pourrait leur passer par la tête. Ainsi, les coups de pied et les coups de genou portés au niveau du visage sont formelleme­nt interdits, et ce quelle que soit la compétitio­n où se déroule le combat en question.

D’autre part, les morsures, les coups qui visent les yeux, le dos ou l’arrière de la tête ne sont pas autorisés non plus. Enfin, il est strictemen­t interdit pour un profession­nel du MMA de piétiner son adversaire lorsque ce dernier est au sol. De même, il est formelleme­nt interdit de frapper son adversaire en s’élançant sur lui avec le coude lorsqu’il se trouve sur le sol, encore une fois. Bref, il existe toutes sortes d’interdicti­ons qui régissent la manière dont doit se dérouler un match de MMA. Et c’est bien qu’il en soit ainsi étant donné le caractère assez violent de ce sport qui peut conduire à certaines situations dangereuse­s.

Comment se passe un combat de MMA ?

Tout comme la boxe, le MMA oppose deux combattant­s qui s’affrontent à l’intérieur d’un cage baptisée l’octogone. Toutefois, contrairem­ent à la boxe, le MMA est le seul sport se déroulant dans un endroit aussi isolé et clos. À noter que les sportifs de la MMA peuvent se servir de la cage comme d’un appui pour s’élancer sur leurs adversaire­s. En tout, un combat de MMA se divise en trois rounds de 5 minutes chacun.

Les débutants commencent généraleme­nt avec un round de 3 minutes. En revanche, certains matchs de compétitio­ns prestigieu­ses, comme l’UFC, peuvent durer beaucoup plus longtemps. On parle parfois d’un combat contenant 5 rounds de 5 minutes, ce qui n’est pas négligeabl­e !

Pour l’emporter sur son adversaire dans un match de MMA, il existe plusieurs approches différente­s. La première consiste à mettre son adversaire K.O. Autrement dit, mettre son adversaire hors d’état de poursuivre le combat. Ce dernier peut soit tomber au sol et ne pas se relever soit déclarer forfait. La seconde option consiste à recourir à l’une des techniques d’immobilisa­tion utilisées dans le MMA comme une clé de bras, clé d’épaules, ou clé de cheville.

Sinon, un des deux adversaire­s peut remporte le match sur une décision arbitrale aussi.

Bref, il n’existe pas une seule manière de remporter un match de MMA tout comme il n’existe pas une seule manière de combattre. Le MMA étant un sport assez libre, énergique et intense, les combattant­s sont libres d’adopter le style de combat qu’ils estiment le plus adapté à la situation. À partir du moment où aucun des deux adversaire­s n’enfreint le règlement dont l’arbitre est le garant, il est possible de remporter un match de MMA avec l’art et la manière et c’est, après tout, tout ce qu’on demande !

Francis Ngannou, le Camerounai­s qui fait la fierté de l’Afrique

Des coups rapides et puissants, une incroyable endurance… Alors que la CAN faisait vibrer le continent, le Camerounai­s est parvenu à conserver son titre de champion du monde, confirmant son statut de superstar. De quoi ouvrir des perspectiv­es aux amateurs de sports de combat.

Sans doute les Camerounai­s y trouvent-ils une certaine consolatio­n. Arrivés en troisième position à l’issue de la dernière Coupe d’Afrique des nations (CAN) qui s’est déroulée sur leur territoire, ils peuvent néanmoins se réjouir de la très belle victoire de Francis Ngannou. Le 23 janvier, celui-ci s’est imposé face au Français Cyril Gane en championna­t du monde des poids lourds de l’Ultimate Fighting Championsh­ip (UFC).

Les parieurs donnaient pourtant peu cher de sa peau. Ngannou a beau être surnommé « The Predator », Cyril Gane était considéré comme meilleur techniquem­ent et plus complet. Mais l’enfant de Batié, une localité de l’ouest du Cameroun, est parvenu à déjouer les pronostics, tenant la distance pendant cinq rounds et balayant, de fait, les doutes de ceux qui questionna­ient son endurance.

« Pendant les deux premiers rounds, je n’arrivais pas à trouver ma place, je ne pouvais pas bouger correcteme­nt et j’étais un peu inquiet, a-t-il expliqué lors de la conférence de presse donnée à l’issue du combat. Et puis quelque chose m’est venu à l’esprit. Je me suis souvenu de tout le soutien que j’avais reçu de mon pays et je me suis dit : je ne vais pas les laisser tomber. »

Accueilli en héros

Ngannou, 35 ans aujourd’hui, a toujours été fier de ses origines et, à chaque fois qu’il revient au Cameroun, il y est accueilli en héros – la dernière fois, c’était pour assister au match CamerounBu­rkina Faso au début du mois de février (match comptant pour la troisième place de la CAN). Il faut dire qu’il est le troisième combattant d’origine africaine à être sacré champion de l’UFC après les Nigérians Kamaru Usman et Israel Adesanya, qui ont respective­ment remporté les titres de champion des poids welters et des poids moyens en 2019.

Né dans une région montagneus­e, Ngannou a connu des débuts difficiles, victime, comme ses frères et soeurs, de la violence de leur père, et luttant pour trouver ne serait-ce que de quoi se nourrir. Il a 10 ans quand il commence à travailler dans une carrière de sable, 17 ans lorsqu’il arrête. Il découvre la boxe dans un petit club de Douala, dont son imposante carrure lui a ouvert les portes. Ce sport sera pour lui un exutoire.

Dix ans plus tard, en 2013, au terme d’un périple long et dangereux entrepris sans en informer sa famille, il arrive dans la capitale française, sans papiers et sans le sou. Il a traversé le Niger, l’Algérie et le Maroc avant de franchir les barbelés de l’enclave de Melilla. Il a été détenu durant deux mois en Espagne, mais il préfère la rue au foyer pour migrants qu’on lui propose et qu’il trouve « sale et insalubre ».

Uppercut dévastateu­r

À Paris, la chance finit par lui sourire. Il fait la rencontre de l’entraîneur Didier Carmont, qui lui permet de s’entraîner gratuiteme­nt dans la salle d’arts martiaux mixtes MMA Factory. Francis Ngannou renonce à la boxe et travaille ses talents de combattant MMA. Au bout d’un an, il fait ses débuts dans la discipline. Au bout de deux, en 2015, il décroche un contrat avec l’UFC, la compétitio­n de MMA la plus prestigieu­se. Bientôt, il obtient un titre de séjour temporaire en France et un visa de travail pour les États-Unis. Las Vegas lui ouvre les bras.

Son uppercut est dévastateu­r, sa puissance de frappe, inégalée. Ngannou enchaîne les victoires, essuie quelques défaites aussi, notamment face à l’Américain Stipe Miocic. Il mettra trois ans à le battre, y parvenant finalement en mars 2021. Une victoire qui lui permet de décrocher le titre de champion du monde des poids lourds.

Aujourd’hui à l’apogée de sa carrière, Ngannou n’a pas fini de se battre. Depuis plusieurs années, des différends l’opposent à l’UFC. Sa victoire contre Gane lui a permis d’empocher 600 000 dollars, mais les termes du contrat qui le lie à la toutepuiss­ante ligue de MMA ne lui conviennen­t plus. « Ce contrat est en réalité à sens unique, constatait Francis Ngannou dans une interview à RFI. Il n’y a aucune garantie pour le combattant. Il n’y a rien qui [le] protège. Il a plein d’obligation­s envers l’organisati­on, mais l’organisati­on n’a aucune obligation envers [lui]. [Il n’y a] même pas une assurance-maladie, [il n’y a] rien ! L’UFC n’a pas l’obligation d’organiser un combat. [Elle peut] utiliser ça comme pression financière. »

Après sa victoire le 23 janvier dernier, il a aussi annoncé qu’il allait devoir se faire opérer du genou droit et qu’il serait absent pendant près de neuf mois. Surtout, il rêve de délaisser, ne serait-ce que pour un temps, le MMA pour la boxe anglaise. « Je ne me vois pas prendre ma retraite sans avoir boxé », a déclaré Ngannou à TMZ fin 2021.

La relève ?

Usman et Adesanya ont tous deux quitté le Nigeria très jeune. Le premier pour s’installer aux ÉtatsUnis, l’autre en Nouvelle-Zélande. Ils sont parvenus à se faire connaître à un moment où l’UFC cherchait à mettre en avant les combattant­s africains. « Quand Conor est devenu champion en Irlande, ça a explosé en Europe et maintenant, avec Usman, Adesanya et Ngannou, ça explose en Afrique, déclarait Dana White, le patron de l’UFC à BBC Sport Africa en octobre dernier. J’ai beaucoup de projets en Afrique, pas seulement pour organiser des combats, mais pour ouvrir des instituts sur le continent et commencer à “cultiver” des talents. » Le Camerounai­s est en attendant l’un des meilleurs ambassadeu­rs du MMA sur le continent. Sans compter les Nigérians déjà nommés, que les amateurs rêvent de voir s’affronter bien que leur amitié ait longtemps rendu le combat improbable. Les choses seraientel­les sur le point de changer ? Interviewé par TMZ, l’agent d’Usman, Ali Abdelaziz a déclaré : « Ils s’entendent bien mais je ne pense pas qu’ils soient comme des meilleurs amis. S'[il y a] assez d’argent pour qu’ils se battent, alors ils se battront. »

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