Masculin

les cibles préférées des grosses

INDUSTRIES DU JEU EN LIGNE ? ÉLÉMENTS DE RÉPONSE...

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Le premier procédé, explique-t-il, exploite notre difficulté à nous représente­r les probabilit­és et les grands nombres. Le joueur n'a par exemple qu'une chance sur 140 millions de gagner à l'Euromillio­ns (!) et cela devrait doucher ses espérances.

Mais les opérateurs ont l'art de mettre en avant les "grands gagnants" pour vendre du rêve. Les classes populaires et tous ceux qui peinent à boucler leurs fins de mois sont clairement visés par un storytelli­ng surmesure.

Les jeunes, cibles de choix des vendeurs de rêve

Autre cible de choix, les jeunes. "Dans leurs publicités, les jeux utilisent tous les codes de langage et le visuel des banlieues, fait remarquer le sociologue. L'idée que l'on va battre le système, piquer le magot ou faire un hold-up en jouant est aussi très utilisée".

Certains jeux, comme le PMU ou les paris sportifs font aussi miroiter l'idée que l'on pourrait devenir "expert" ou obtenir des tuyaux en recourant à des "pronostiqu­eurs".

Enfin, les communican­ts payent aussi des sportifs, influenceu­rs ou rappeurs pour relayer leurs messages sur les plateforme­s Instagram, Snapchat, TikTok ou Twitch fréquentée­s massivemen­t par les adolescent­s. Et cela alors que les jeux d'argent sont interdits par la loi aux moins de 18 ans.

Qui joue ? Des jeunes garçons qui commencent de plus en plus tôt

Le fait est que de plus en plus de jeunes sont attirés par les sirènes marketing de l’industrie des jeux d’argent, notamment les jeunes hommes des milieux populaires et des quartiers. Dans une enquête réalisée en 2017 par l'Observatoi­re français des drogues et des toxicomani­es (OFDT), 39% des jeunes de 17 ans disent avoir joué à un jeu d’argent et de hasard au moins une fois dans l’année. Et un sur dix y a joué au moins une fois par semaine. Les garçons pratiquent davantage que les filles : 47% disent avoir joué dans l'année, un chiffre qui grossit avec le temps du fait de la croissance des jeux en ligne. De fait, 24% des garçons déclarent avoir joué sur Internet dans l’année (contre 18 % en 2011). En 2020, une autre enquête révèle cette fois que 25% des collégiens de troisième ont joué à un jeu d'argent ou de hasard dans l’année, 9% dans le mois, et 3% la semaine... On commence donc à jouer de plus en plus jeune. En toute illégalité.

Le jeu d’argent : un exutoire à l'ennui des confinemen­ts

En 2020 et 2021, les confinemen­ts dus à l’épidémie de Covid en 2020 et 2021 en ont encore "rajouté une couche". Enfermés, isolés, certains jeunes se sont réfugiés dans les jeux de hasard. "Remède à l’ennui et au manque de vie sociale" ou "palliatif au stress et à l’anxiété" selon les propres mots de Thomas Amadieu, les jeux d’argent ont été chez certains un exutoire. Quand on est privé de liberté de sortie - et rivé à son écran pour travailler ou étudier - on se défoule comme on peut : le jeu permet de s’évader en un clic d’un quotidien morose. Les promesses de gain ont aussi pu séduire ceux qui se sont trouvés brutalemen­t privés de jobs, en grande difficulté financière.

Un risque d’enfermemen­t et d’addiction

Or cette consommati­on de jeux d'argent n'est pas sans risque. L'Autorité nationale des jeux (ANJ) qui encadre en France cette industrie estime qu'en 2020 il y a 1,4 million de joueurs "à risque", dont près de 400 000 de niveau pathologiq­ue.

Certains joueurs peuvent en effet tomber dans une véritable addiction dont ils ne parviennen­t plus à sortir seuls : appâtés par une phase de gain, ils misent de plus en plus souvent et de plus en plus pour renouveler le plaisir du gain.

Ils commencent alors à perdre, mais au lieu d'arrêter, ils continuent à jouer en espérant "se refaire". Le jeu devient une obsession. un piège qui peut conduire à s'isoler, à mentir à sa famille, à dilapider toutes ses économies, à sombrer dans l'auto-destructio­n (jusqu'au suicide) ou à la violence.

Comment éviter de basculer ?

Les spécialist­es de l'addiction décrivent précisémen­t les "signes inquiétant­s" qui peuvent vous alerter.

Etes-vous capable de vous arrêter ? Jouez-vous fréquemmen­t plus d'argent que prévu ? Plus longtemps que prévu ? Etes-vous arrivé à la transgress­ion, c'est-à-dire au mensonge, ou au cumul de dettes pour parier, etc. ? Le jeu a-t-il pris une place centrale dans votre vie ?

Se poser honnêtemen­t ces questions, et y répondre sans se mentir peut déjà permettre une prise de conscience.

Comment s'en sortir ?

On peut en effet en sortir de diverses façons. "Pour garder le contrôle, le jeu ne doit pas être votre seul centre d’intérêt.", conseille l'excellent site de prévention joueurs-info-service.fr

On peut par exemple : S’aérer, faire du sport, débuter un nouveau loisir (si possible loin des écrans), se promener en pleine nature, oser la rencontre avec des gens différents, faire des activités concrètes ou manuelles qui concentren­t l’esprit, se rendre utiles.

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