Masculin

du côté de l'Otan ?

DES ACCORDS NOUVEAUX POURRONT ÊTRE SIGNÉS !

-

C'est sans doute pourquoi, avec les autres pays occidentau­x, il préfèrerai­t que la situation se règle de manière diplomatiq­ue le plus tôt possible. Personne ne sait quel va être le choix de Poutine. S'il cherche à trouver une sortie au milieu de cette autoroute vers le désastre, la question va être de savoir comment l'amener à la prendre tout en lui permettant de garder un moyen de sauver la face. Le pousser dans ses retranchem­ents risquerait de l'inciter à être deux fois plus agressif.

Lors de sa conférence de presse du mardi 1er février avec le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, Vladimir Poutine –qui, jusque-là, n'avait pas prononcé un mot en public au sujet de l'Ukraine depuis décembre– a laissé entrevoir une issue possible. Pour être franc, il a surtout pris une pose pessimiste, se plaignant que Washington ait ignoré sa demande principale, qui était d'interdire de façon permanente à l'Ukraine d'entrer dans l'OTAN. Orban l'a aidé en prenant ouvertemen­t son parti et en devenant ainsi –ce qui était hautement prévisible– le premier membre de l'OTAN à sauter en marche du train de l'alliance.

Un nouvel espoir

Néanmoins, le président russe a également fait deux remarques qui pourraient –je dis bien pourraient– jeter une lueur d'espoir sur ce paysage morose. Tout d'abord, il a déclaré n'avoir pas encore répondu à la lettre que Joe Biden avait écrite la semaine précédente en réponse à ses demandes. Pour le dire autrement, une solution diplomatiq­ue est toujours possible.

Ensuite, il a fait référence (sans les citer) à plusieurs accords Est-Ouest signés au fil des ans –les accords d'Helsinki de 1975, la Charte de Paris pour une Nouvelle Europe de 1990 et la déclaratio­n d'Istanbul de 1999– auxquels les autorités américaine­s ont également fait référence. Les Américains ont fait remarquer que ces accords permettent à tous les pays de choisir leurs propres alliances de défense, ce qui signifie que la Russie n'a pas le droit de dicter si l'Ukraine peut devenir membre de l'OTAN ou non.

Poutine a quant à lui noté que ces mêmes accords stipulent également qu'aucun pays ne peut accroître sa sécurité tout en menaçant celle des autres. Le président russe considère qu'un agrandisse­ment de l'OTAN, qui inclurait l'Ukraine, serait une menace pour la sécurité de son pays.

On pourrait imaginer que Biden reconnaiss­e l'argument de Poutine et appelle à l'ouverture de négociatio­ns sur l'élaboratio­n de la sécurité européenne du XXIe siècle de manière à protéger les intérêts de toutes les parties, y compris ceux de la Russie. Dans un premier temps, Biden pourrait proposer à la Russie de retirer au moins une partie de ses soldats et de ses chars de la frontière ukrainienn­e. En échange, les États-Unis pourraient suspendre leurs activités miliaires en Ukraine et, pour le moment, dans le reste de l'Europe de l'Est.

Les exercices navals dans la mer Noire pourraient également être interrompu­s au moins durant le temps des négociatio­ns. Les inspecteur­s internatio­naux pourraient surveiller tous les mouvements et les suspension­s d'armes. Les Russes pourraient inspecter les sites de défense antimissil­e de l'Europe de l'Est, afin de vérifier qu'ils ne peuvent pas être utilisés en soutien des missiles offensifs, comme les Russes disent le croire.

Pas de guerre à court terme

L'essentiel –du moins le maximum que l'on puisse faire pour le moment– serait de désamorcer les tensions, de rendre toutes les activités militaires plus transparen­tes et de réduire les risques d'erreurs de calcul pouvant mener à la guerre.

À un moment donné, Biden devra trouver un moyen d'assurer à Poutine –une fois que les milliers de tourelles de char ne seront plus dirigées vers les Ukrainiens– que ce ne sera pas de sitôt que l'Ukraine rejoindra l'OTAN. Cette éventualit­é ne devant pas se produire dans un avenir proche, elle ne devrait pas être un motif de guerre.

En parallèle Poutine se rend à Pékin pour les Jeux olympiques d'hiver. Il ne va sans doute pas vouloir détourner l'attention du grand spectacle organisé par le président chinois Xi Jinping –qui est devenu il y a peu, d'un point de vue géopolitiq­ue, son nouveau meilleur ami– en envahissan­t l'Ukraine. Aussi, il est très improbable qu'une guerre éclate durant les deux prochaines semaines.

Biden et l'OTAN devraient profiter de l'occasion pour continuer à montrer leur union et faire retomber la pression –inciter calmement Poutine à modifier légèrement ses intentions en lui permettant de trouver une solution diplomatiq­ue. Pour l'instant, la situation ne semble pas réussir à Poutine, mais si elle s'aggravait, cela pourrait tourner au désastre pour tout le monde.

 ?? ??
 ?? ??
 ?? ??
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France