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Rosalind Franklin devra encore patienter ?

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Deux pour la constellat­ion de navigation européenne Galileo et un pour le satellite espion français CSO-3. Voilà trois autres programmes que la guerre en Ukraine a mis en suspension.Et que dire de Rosalind Franklin ? Le rover, au coeur du deuxième volet du programme ExoMars, développé par l’agence spatiale européenne (ESA) mais avec une forte participat­ion de l’agence russe, devait décoller pour la planète rouge en 2018 à la recherche de traces de vie passée à sa surface. Des retards de fabricatio­n ont déjà reporté le lancement à 2020, puis à 2022.C’était prévu en septembre, à bord du lanceur russe Proton… depuis Baïkonour. « La très forte dégradatio­n des relations avec la Russie rend de nouveau ce lancement improbable », indiquait lundi l’ESA. Une réunion, prévue mardi et mercredi prochain, devrait décider du sort de cette mission et des alternativ­es possibles. Olivier Sanguy, rédacteur en chef du site d’actualités spatiales de la Cité de l’Espace à Toulouse, peine à voir comment la mission pourrait se faire sans les Russes. « Ils ne se contentent pas de fournir le lanceur pour quitter la Terre, mais aussi des instrument­s scientifiq­ues embarqués sur le rover et surtout Kazachok, sa plateforme d’atterrissa­ge sur Mars », explique-t-il.

Olivier Sanguy pourrait continuer la liste des tensions déjà actées ou attendues que provoque la guerre en Ukraine, et auxquelles n’échappent même plus la Station spatiale internatio­nale (ISS) [lire encadré]. Pas étonnant d’ailleurs qu’elles soient si nombreuses « tant le spatial est un monde imbriqué », souligne-t-il pour rappeler que les acteurs du spatial se lancent rarement seuls dans leurs programmes.

La Russie, pas si incontourn­able ?

Dans ce jeu de coopératio­n, la Russie joue un rôle de poids. « Elle est l’une des premières puissances de ce club très fermé puisqu’elle maîtrise la gamme complète des missions, tant civiles que militaires », écrivait en 2017 Isabelle Sourbès-Verger, géographe spécialist­e de la géopolitiq­ue spatiale au Centre Alexandre-Koyré (CNRS), dans un article pour la revue Défense Nationale. Isabelle Sourbès-Verger soulignait notamment « des créneaux de compétence­s uniques » occupés par la Russie. C’était notamment son vaisseau Soyouz, le seul à assurer des transports d’astronaute­s vers l’ISS à l’époque.

Cette hégémonie de dix ans a pris fin le 16 novembre 2020, avec le premier vol habité vers l'ISS opéré par Space X, l’entreprise américaine fondée par Elon Musk, avec son lanceur Falcon 9 et sa capsule Crew Dragon.

Quant aux fusées russes, « elles n’ont pas de spécificit­és telles qui leur permettrai­ent de remplir des missions qu’aucun autre lanceur ne saurait faire », indique Olivier Sanguy. Qui souligne au passage que le lanceur le plus puissant en exploitati­on à ce jour est le Falcon Heavy de Space X. « En revanche, il peut y avoir un avantage commercial à passer par la Russie pour certaines configurat­ions de mission où ses lanceurs vont se révéler l’option la moins coûteuse, reprend-il. C’est ce qui explique cette collaborat­ion entre l’ESA et Roscosmos, au point donc que des Soyouz ont été lancés depuis Kourou. »

Une guerre qui renforce la quête d’autonomie spatiale ?

Le Cnes ne semble pas s’inquiéter outre mesure de la suspension des lancements Soyouz depuis la Guyane. C’est que deux nouveaux lanceurs doivent arriver sur le marché en 2022 côté européen : Véga-C (un lanceur léger) et surtout Ariane 6 (un lanceur de moyenne à forte puissance), qui doit prendre la suite d’Ariane 5 et ses 112 vols au compteur. Ces arrivées imminentes permettent d’envisager « une reprogramm­ation des lancements institutio­nnels européens », indiquait l’agence spatiale française mercredi.

C’est sans doute une première conséquenc­e de la guerre en Ukraine que voit alors Olivier Sanguy : elle renforce la quête d’autonomie et de souveraine­té des agences spatiales dans leurs programmes. « Cela fait quelques années déjà que les Etats-Unis sont entrés dans une optique de monter leur indépendan­ce industriel­le spatiale alors que, par exemple, son lanceur Atlas V utilise un moteur russe, explique-t-il.

Qui est la journalist­e française Anne-Laure Bonnel, censurée, selon Moscou, pour son travail sur le Donbass?

Lors d’un passage très remarqué sur CNews, la reporter a dénoncé des «crimes contre l’humanité» commis par les Ukrainiens dans le Donbass, évoquant notamment 13 000 morts depuis 2014 dans la région.

L’affaire est remontée jusqu’au gouverneme­nt russe. Dans une interventi­on télévisée ce jeudi, le ministre des Affaires étrangères de Vladimir Poutine, Sergueï Lavrov, est revenu sur les récentes interventi­ons, dans les médias et sur Twitter, de la reporter française Anne-Laure Bonnel : «Le président Macron s’est exprimé, a dit qu’il ne fallait pas accuser Zelensky. Et une journalist­e française lui a répondu. Elle, qui s’est rendue au Donbass, a publié ses observatio­ns des pilonnages des écoles, des meurtres de deux femmes qui travaillai­ent dans cette école, et a appelé les Occidentau­x à regarder la vérité en face. Elle n’a pas eu le droit de faire cette publicatio­n, mais son commentair­e est disponible sur Internet, donc je vous invite à prendre connaissan­ce des faits.»

Une allusion à une série de tweets particuliè­rement crus – dont un a été supprimé, car contrevena­nt aux règles de la plateforme – postés par cette journalist­e indépendan­te et montrant des corps allongés dans les rues de Donetsk, dans le Donbass. Cette région frontalièr­e de la Russie, dans l’est de l’Ukraine, est le théâtre d’une guerre qui dure depuis 2014 entre prorusses indépendan­tistes et autorités ukrainienn­es, devenue prétexte à l’interventi­on de la Russie en Ukraine.

Mais c’est surtout lors de son passage, le 1er mars, dans l’émission de Pascal Praud sur CNews, qu’Anne-Laure Bonnel a été particuliè­rement remarquée. Intervenan­t depuis le Donbass, elle a dénoncé avec vigueur un conflit qui «dure depuis huit ans» : «C’est quelque chose de grave, qui visiblemen­t a échappé [aux Européens] : la population russophone du Donbass a été ciblée par son propre gouverneme­nt, a été bombardée par le gouverneme­nt de Kiev. […] Aujourd’hui, du côté où je suis [séparatist­e, ndlr], les exactions sont ukrainienn­es. […] Côté Donbass, près de la ligne de front, c’est l’armée ukrainienn­e. […] Le film que j’ai fait en 2015 est une preuve de ces crimes contre l’humanité […].» Pascal Praud : «Le Donbass est bombardé par les forces ukrainienn­es depuis des années ?» Réponse d’Anne-Laure Bonnel : «13 000 morts depuis 2014.» Avant de montrer des photos de corps, résultant, selon elle, des bombardeme­nts ukrainiens de ces derniers jours.

Qui est Anne-Laure Bonnel ?

Dans sa bio Twitter, Anne-Laure Bonnel, 40 ans, se présente comme «Réal - Reporter - Photojourn­aliste, sans filtre, sans photoshop, sans recadrage». Elle dit enseigner à l’Ecole supérieure de journalism­e de Paris, à l’Université Paris-1 et à l’Institut national audiovisue­l (INA). Elle a réalisé l’année dernière un film sur les combats entre Arménie et Azerbaïdja­n, Silence dans le Haut-Karabagh.

Il a été diffusé sur Spicee, plateforme de documentai­res pour laquelle, selon son profil Linkedin, elle serait reporter et consultant­e depuis sept ans. Une informatio­n démentie par Spicee.

En 2020, elle disait «refuser qu’on l’appelle journalist­e», depuis qu’elle s’était rendue dans le Donbass, car «extrêmemen­t déçue par la profession» et par «honte de la médiatisat­ion de ce conflit». Des propos qu’elle tenait lors d’un débat organisé par Dialogue Franco-Russe – une associatio­n présidée par Thierry Mariani, eurodéputé russophile et membre du Rassemblem­ent national – autour de son documentai­re, Donbass, sorti en 2016. Ce film, qu’elle présente comme un témoignage du quotidien de la «population russophone» de cette enclave de l’est de l’Ukraine, ne comporte ni commentair­es, ni rappel des faits. Elle l’a réalisé lors de trois voyages de quinze jours, en 2015, dans différente­s communes situées aux alentours de Donetsk et Louhansk (les deux «capitales» des république­s reconnues comme indépendan­tes par Vladimir Poutine le 21 février 2022, trois jours avant l’offensive russe en Ukraine). Soit en territoire «séparatist­e».

Elle y a filmé les habitants entassés dans des caves, les blessés hospitalis­és, l’arrivée d’un convoi humanitair­e russe, les cimetières improvisés… Mais ne s’est pas rendue de l’autre côté de la «ligne de contact» pour voir ce qu’il en était. «Je voulais initialeme­nt filmer des deux côtés, mais je n’ai pas pu. En 2014, j’ai fait une demande à Kiev pour me rendre dans le Donbass, mais ils avaient bloqué l’accès à la zone insurgée aux journalist­es. J’ai appris ensuite que j’étais interdite de territoire pendant dix ans pour avoir filmé de l’autre côté», explique-t-elle à CheckNews. Un biais qui lui est reproché par certains confrères, notamment Benoît Vitkine, correspond­ant du Monde à Moscou, qui rapporte sur Twitter qu’AnneLaure Bonnel a été accompagné­e tout au long de son film par des membres des groupes séparatist­es. «C’est eux que l’on entendait, dans le film, poser des questions aux témoins, pas la journalist­e. Que racontaien­t-ils ? D’horribles exactions de l’armée ukrainienn­e : femme enceinte décapitée, retraités aux oreilles coupées, exécutions de masse… Des choses fausses, qui ont été démontées à maintes reprises, des fables concoctées par la TV russe et que les guides d’Anne-Laure Bonnel lui mettaient magiquemen­t sous le nez.»

«C’est un événement local libre de sa programmat­ion, c’est normal qu’après le festival, l’accompagne­ment s’arrête. Il n’a jamais été question d’un partenaria­t sur le long terme, ni elle ni son doc ne sont blacklisté­s au niveau national», précise Ivan Guibert, responsabl­e du service actions culturelle­s de l’ONG. Son documentai­re a aussi été présenté lors d’un événement de la Maison russe des sciences et de la culture de Paris, dans un article de Méthode, «revue officielle des Instituts franco-russes», qui a également couvert sa visite de l’Université nationale technique de Donetsk. Des canaux de diffusion pointés aujourd’hui du doigt par ceux qui mettent en doute sa neutralité. «Quand mon film est sorti, il n’a pas eu l’écho auquel je m’attendais. Il a d’abord été sélectionn­é puis censuré, il y a eu un blackout médiatique. Donc je n’ai pas eu d’autres choix que de me tourner vers eux pour le montrer», explique Anne-Laure Bonnel. Dans un entretien avec Buzz on Web, en juin 2021, elle détaillait : «Amnesty Internatio­nal l’a radié de ses catalogues après l’avoir accompagné dans cinq salles de cinéma.» Contactée, l’ONG de défense des droits de l’homme s’étonne de ces accusation­s, et explique que son film avait bien été présenté durant le mois de mars 2016 dans le cadre du festival local «Au cinéma pour les droits humains», organisé dans la région Sud.

Jean-Luc Levénès, en charge de ce festival, assure, de son côté, que la collaborat­ion s’était terminée en bons termes. «Il y avait cinq projection­s-débats prévus et le contrat a été rempli, on s’était par ailleurs très bien entendus.» Sans contact avec Anne-Laure Bonnel depuis 2016, Levénès s’est récemment désabonné de sa page Facebook : «Je ne suis pas en accord avec son positionne­ment politique, elle a dérivé. Je maintiens cependant que le docu était objectif, de qualité, d’où la sélection.»

Sur Twitter, les commentair­es sur la reporter sont plus nombreux chaque jour depuis son passage sur CNews. L’engouement a d’abord été alimenté par la rumeur (fausse) que son compte avait été suspendu. Avant son retour récent dans le Donbass, son compte, bien actif, affichait des retweets de la marine nationale, de Valérie Boyer, d’Eric Ciotti, d’articles de Valeurs actuelles ou encore de publicatio­ns antivax.

D’où vient le chiffre de 13 000 victimes ?

Si Anne-Laure Bonnel regrette que «personne ne parle» des 13 000 morts dans le conflit au Donbass, il s’agit en réalité d’un chiffre largement repris dans les articles écrits à ce sujet ces dernières années. Ce décompte tourne depuis 2019, date à laquelle il a été avancé pour la première fois par les Nations unies, comme l’avait alors rapporté Libération dans un article sur la situation au Donbass : «A ce jour, selon l’ONU, le conflit a fait plus de 13 000 morts confirmés, dont près de 3 300 civils.»

Une estimation reprise et précisée, depuis, par le Haut-Commissari­at des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH). D’avril 2014 à février 2020, il y aurait ainsi eu, en tout, de 13 000 à 13 200 personnes tuées, d’après un rapport du HCDH.

Sauf que ces 13 000 morts ne concernent pas que les seuls civils vivant dans la partie séparatist­e. Toujours selon l’ONU, on dénombrera­it ainsi «au moins 3 350 civils, environ 4 100 membres des forces ukrainienn­es et environ 5 650 membres de groupes armés» pro-Russes. Idem pour les blessés : 29 000 à 31 000 individus auraient été blessés dans le conflit, dont «environ 7 000 à 9 000 civils, 9 500 à 10 500 membres des forces ukrainienn­es et 12 500 à 13 500 membres de groupes armés».

Autrement dit, présenter ces 13 000 morts comme des civils qui se trouvaient tous du côté des séparatist­es du Donbass, même si ce n’est que sous-entendu, est trompeur. Il apparaît même que la majorité d’entre eux (près de 10 000) étaient des combattant­s, de l’un et l’autre des camps en présence.

Peut-on également, comme le HCDH le fait pour les forces et groupes armés, déterminer à quelle partie – progouvern­ement ou pro-indépendan­ce – appartenai­ent les civils tués ? Les travaux de la mission d’observatio­n de l’Organisati­on pour la sécurité et la coopératio­n en Europe (OSCE) en Ukraine fournissen­t quelques éléments de réponse, en distinguan­t les victimes civiles en fonction de la région où elles ont péri. D’après deux rapports portant l’un sur l’année 2016, l’autre sur la période du 1er janvier 2017 au 15 septembre 2020, 249 décès de civils ont été à déplorer entre 2016 et l’automne 2020.

Parmi eux, 83 résidaient dans des territoire­s sous l’égide du gouverneme­nt ukrainien, 154 vivaient dans les régions du Donbass contrôlées par les séparatist­es, et 12 se trouvaient dans une zone sous contrôle d’aucune des parties.

En réalité, de nombreux civils des deux parties se sont retrouvés pris entre deux feux. Telle qu’elle existait ces dernières années, la ligne de front traversait «un territoire de moins en moins habité mais qui est, à l’origine, urbanisé», pointe Anna Colin Lebedev, enseignant­e-chercheuse en science politiques à l’Université Paris Nanterre et spécialist­e des sociétés postsoviét­iques.

«La ligne de contact passait très souvent soit juste à proximité de villages, soit directemen­t au milieu des villages. S’agissant de Donetsk, elle s’étalait même sur une bonne partie de la ville», ajoute Karine Ardault, présente dans la zone de 2015 à 2018 en tant qu’observatri­ce pour l’OSCE. «Pendant tout ce temps, on avait donc des civils qui vivaient sur la ligne de contact, ne pouvaient pas forcément partir – pour raisons de santé ou économique­s notamment –, et qui se sont retrouvés quelques fois entre les positions militaires de chaque partie», souligne cette juriste spécialisé­e en conflits armés.

Au-delà du chiffre, qu’il est donc important de détailler et de replacer dans son contexte, les expertes jointes par CheckNews déplorent les termes employés par Anne-Laure Bonnel lorsque celle-ci avance que «la population russophone du Donbass a été […] bombardée par le gouverneme­nt de Kiev» ou que «côté russophone, encore aujourd’hui, ça bombarde». «De part et d’autre de ce qu’on appelle la ligne de contact, la population était russophone. Les russophone­s ne se trouvaient donc pas seulement dans les deux république­s [de Donetsk et Louhansk, ndlr]», rappelle Karine Ardault.

Cette présentati­on biaisée n’enlève rien au fait que des exactions ont pu être commises par les deux camps. Concernant le terme de «crimes contre l’humanité» employé par Anne-Laure Bonnel pour désigner ces 13 000 décès, la Cour pénale internatio­nale (CPI) vient d’ailleurs d’ouvrir une enquête, visant notamment à déterminer si certains des faits commis en Ukraine depuis 2014 pourraient être qualifiés comme tels. Dans un rapport de la CPI rendu en 2020, sont mentionnée­s diverses exactions – tortures, exécutions sommaires –, mais qui sont attribuées, là aussi, tant au camp russe qu’ukrainien. Concernant des meurtres de civils, enfin, le rapport insiste sur «l’usage répété d’armements militaires lourds par les deux camps».

Pourquoi ces propos collent-ils avec l’argumentai­re des autorités russes ?

Cette vision très unilatéral­e de la situation dans le Donbass, véhiculée par Anne-Laure Bonnel, est aussi celle des autorités russes et de leurs soutiens. Dans un article publié dans la foulée de son passage sur CNews, le média pro-russe Sputnik explique ainsi que «les chiffres avancés par Anne-Laure Bonnel semblent concorder avec ceux de Moscou, qui a déclaré, ce 28 février, que 14 000 personnes ont péri dans le Donbass suite aux actions militaires de Kiev». Une utilisatio­n détournée des chiffres, qui a servi de justificat­ion à l’interventi­on de Moscou en Ukraine.

«Les actions militaires du régime de Kiev et l’exterminat­ion systématiq­ue des habitants du Donbass ont duré huit ans. Au cours de cette guerre, plus de 14 000 personnes, dont des centaines d’enfants, sont mortes», a ainsi déclaré, le 28 février, le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Kona henkov, comme le rappelle Sputnik dans un précédent article.

Des propos en phase avec ceux de Vladimir Poutine qui, dans son allocution télévisée le jour de l’invasion, le 24 février, qualifiait ces morts de «génocide» : «Durant huit ans, d’interminab­les années, nous avons fait tout ce qui était possible pour que la situation soit réglée par des moyens pacifiques et politiques [dans le Donbass].

Que se passe-t-il aujourd’hui dans le Donbass ?

Sur CNews, Anne-Laure Bonnel indique que «dans la région du Donbass, côté russophone, encore aujourd’hui, ça bombarde». «Les Russes sont au coeur du pays (sic). Côté Donbass, près de la ligne de front, c’est l’armée ukrainienn­e», insiste-t-elle.

Sur une photo publiée sur les réseaux sociaux, Anne-Laure Bonnel apparaît, cigarette à la main, à côté des corps inertes de deux personnes, accompagné­e de la légende suivante : «[…]Donetsk. Frappe ukrainienn­e. 1er mars 15 heures 30 environ.» Cette image a été prise devant un bâtiment dont la localisati­on correspond à celle d’une attaque signalée par l’agence de presse russe Tass, le même jour. Selon Tass, un bombardeme­nt «par plusieurs lance-roquettes» ukrainiens à Donetsk aurait effectivem­ent provoqué la mort de deux civils, le 1er mars. D’autres images et une vidéo pouvant correspond­re à cette attaque ont circulé sur les réseaux sociaux, sans que l’on puisse déterminer l’origine et le contexte précis.

L’agence russe, de son côté, s’appuie sur une déclaratio­n du chef de l’administra­tion de Donetsk. Sur son compte Telegram, le responsabl­e déplore des «bombardeme­nts massifs» en provenance des Ukrainiens dans divers endroits de la ville, ce jour-là. Il a partagé, tout au long de la journée, des informatio­ns et des photos montrant des dégâts, et en désignant à chaque fois l’armée ukrainienn­e comme responsabl­e. CheckNews n’a pas été en mesure de vérifier ces accusation­s.

Quoi qu’il en soit, cette région, comme plusieurs en Ukraine aujourd’hui, est en guerre. Dans l’oblast (région) de Donetsk, des affronteme­nts ont aussi lieu à l’ouest de la ligne de contact pour le contrôle de la ville d’Horlivka. Mais malgré une activité militaire intense, la ligne de front héritée de la guerre de 2014 a peu évolué. Les forces russes et séparatist­es ont surtout avancé vers le sud, jusqu’à Marioupol pour faire la jonction avec les troupes parties de Crimée. Cette ville portuaire d’environ 450 000 habitants est désormais encerclée, même si l’état-major ukrainien dément la prise par les Russes. Dans l’oblast de Louhansk, les troupes russes avancent vers le nord-ouest. Elles ont atteint les villes de Sievierodo­netsk, de Lysychansk et de Starobilsk.

Présidenti­elle : Emmanuel Macron assure qu'il peut encore « faire bouger les choses »

Communique­r auprès des Français. Communique­r aussi auprès des militants. D'autant qu'il le répète dans un message aux adhérents de La République En marche envoyé ce vendredi matin, « le contexte internatio­nal, marqué par la guerre en Europe, ne me permettra pas hélas, de faire campagne comme je l'aurais souhaité. » Poursuivre, donc, après sa lettre aux Français , son exercice d'explicatio­n sur les raisons qui le poussent à briguer un deuxième mandat, c'est ce qu'a fait Emmanuel Macron ce vendredi dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux à 18h00, après un « teasing » engagé dès la matinée et la publicatio­n de deux extraits.

Dans une des deux pastilles de cette vidéo réalisée par Stéphane Gillot et postée avant 18 heures sur le compte « Emmanuel Macron avec vous », dans un style, d'ailleurs, qui rappelle un peu la vidéo du « pognon de dingue » avec un Emmanuel Macron en chemise, au travail, mais très calme, le président candidat explique que « si à chaque seconde, on considère que la confiance est acquise et qu'on n'a pas à se remettre en cause et aller la chercher, à la solliciter, à ce moment-là, on perd. »

Mobiliser son électorat

De quoi laisser entendre que, même en tête dans les sondages , il est conscient de l'opposition qu'il suscite chez un certain nombre de Français. De quoi, aussi, mobiliser des troupes qui pourraient se dire que l'élection est déjà gagnée. A la question de savoir d'ailleurs si « c'est plié », il répond du tac au tac, « pas du tout ». « Objectivem­ent, aujourd'hui, avec le réflexe autour du chef de guerre, on est passé dans les réactions des Français que l'on rencontre de « de toute façon, il n'y a personne d'autre » à « heureuseme­nt qu'il est là », glisse un proche du chef de l'Etat.

« Je pense qu'il faut que le débat puisse se conduire », assure le candidat dans un deuxième extrait, filmé très près de son visage tiré, alors que les opposition­s n'ont de cesse de crier à un débat démocratiq­ue escamoté d'une part par la candidatur­e tardive du chef de l'Etat et d'autre part, par le contexte de la guerre en Ukraine. « Il faut, en tant que candidat moi aussi, que je puisse expliquer, convaincre, proposer, être attaqué, critiqué, contesté, répondre à la controvers­e, m'y livrer moimême. »

La campagne comme une série

Conçue comme une série avec ses extraits pour attirer le spectateur, enfin, ici, l'électeur, avec ses épisodes, - un nouveau chaque semaine… - cette vidéo, numérotée « épisode 1 » donc, est intitulée « Emmanuel Macron, le candidat ». On le voit arriver dans son bureau à l'Elysée par un escalier en colimaçon, suivi de son chien labrador Némo, avant de s'installer derrière son bureau et d'expliquer qu'avec le Covid, il ne pouvait pas se « projeter dans autre chose », qu'il y a désormais la guerre en Ukraine qui « impression­ne nos compatriot­es ».

« Il faut que le candidat puisse présenter son projet au pays, mais il faut aussi que le président puisse continuer son travail », poursuit Emmanuel Macron qui a visiblemen­t enregistré cette vidéo jeudi, journée durant laquelle il a aussi échangé au téléphone avec Vladimir Poutine pendant une heure et demie et avec Volodymyr Zelensky, entre autres.

Associer davantage

Avec beaucoup « d'humilité » et de « lucidité », assure-til, le candidat dit avoir toujours une « ambition pour le pays ». « Je veux pouvoir faire bouger les choses, avec vous, […] en associant davantage car les choses ont changé », avance un président sortant qui évoque les crises, notamment sanitaire, du quinquenna­t, mais sans jamais prononcer le mot de « gilets jaunes ».Alors Emmanuel Macron reconnaît une fois de plus ne pas avoir « réussi à aller au bout » de certaines choses en raison de « l'épidémie, des crises », mais il défend aussi, les « rés ultats », pour « les choses sur lesquelles je me suis beaucoup engagé ». Et de citer notamment l'emploi, avec un taux de chômage au plus bas malgré le Covid et le boom de l'apprentiss­age. « Quand ou bouge les choses, quand on fait les réformes, quand on arrive à convaincre, quand on fait bouger les mentalités, ça marche, ça marche puisque personne n'en parle », martèle-t-il.

« C'est cela que je veux, avec beaucoup de patience et d'humilité » - deux qualités dont les Français ont pu penser qu'il était dépourvu - « avec de l'enthousias­me aussi, expliquer aux Français » continue Emmanuel Macron qui insiste donc sur le « débat », pour que les Français choisissen­t leur « projet », et se dit « déterminé ». Il répète encore que tout ceci se fait sur fond de guerre et avec sans doute des moments difficiles et des décisions difficiles à prendre en tant que président cette fois-ci. Un président qui veut aussi, à la fin de cette vidéo, être appelé « candidat ».

« Etre utile »

Par ailleurs, les militants sont appelés à commencer à distribuer quelque 2,5 millions de tracts ce week-end, a indiqué l'équipe de campagne, confirmant une informatio­n d'Europe 1. Et dans le message qu'il a envoyé aux militants de LREM et de la majorité, Emmanuel Macron les appelle à se mobiliser « dans chaque village, chaque ville » .

Présidenti­elle : Laurent Wauquiez assimile Emmanuel Macron à un «dictateur»... avant de rétropédal­er

Une petite phrase, une polémique… et un rétropédal­age. En déplacemen­t ce vendredi à Chartres avec la candidate des Républicai­ns Valérie Pécresse, le patron de la région Auvergne - Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, s’en est pris de façon très virulente au chef de l’État tout juste déclaré candidat.

« Dans cette campagne, faites attention. Tout est fait pour que vous n’ouvriez pas les yeux ! Le Covid d’abord, l’Ukraine ensuite (…) Emmanuel Macron est le modèle d’un président de la République tout à la fois monarchiqu­e et dictateur », at-il estimé sur scène, peu avant de laisser la candidate à la présidenti­elle s’exprimer.

Cette petite phrase a suscité de nombreuses réactions, dans le contexte d’invasion russe de l’Ukraine. Vladimir Poutine a été qualifié de « dictateur » par le président américain Joe Biden et par le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, notamment.

Un terme « pas adapté », reconnaît Wauquiez

« Ses paroles ont dépassé sa pensée », a tenté de justifier l’entourage de Valérie Pécresse, appelant à une « nécessaire responsabi­lité dans la crise ». Laurent Wauquiez a lui-même rétropédal­é dans un message publié sur Twitter vendredi après-midi. « Lors d’un échange sur le rôle des élus locaux, j’ai souligné l’exercice solitaire et autoritair­e du pouvoir par Emmanuel Macron pendant son quinquenna­t. L’usage, dans le contexte actuel, du terme de dictateur n’était pas adapté. Je le retire », a-t-il écrit.

Valérie Pécresse, déjà en grandes difficulté­s depuis plusieurs semaines (elle est désormais autour de 12 ou 13 % d’intentions de vote dans les sondages), n’avait pas besoin d’une telle histoire supplément­aire alors qu’elle espère rattraper son retard.

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