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LES MATIÈRES PREMIÈRES

DE LA DISCORDE DANS LE MONDE

- De Daniel Ichbiah

Les matières premières constituen­t la base de l'économie mondiale et c’est à partir de celles- ci qu’un grand nombre de produits sont créés. Elles se divisent en deux grandes catégories : les matières premières dites "hard" qui sont des ressources naturelles exploitées ou extraites. Il s'agit notamment d'énergies comme le pétrole et le gaz naturel, ou de métaux comme l'or et l'aluminium. Les matières premières dites "soft" ou "agricoles" sont des produits agricoles tels que les cultures agricoles et le bétail.

Les matières premières sont des valeurs populaires auprès des traders car leurs cours peuvent se montrer très volatils, ce qui offre souvent la possibilit­é de réaliser des profits en prenant des positions longues ou courtes. Parmi les facteurs qui peuvent influer sur les cours, nous retrouvons, entre- autres, les tendances des consommate­urs, les conditions météorolog­iques, les infrastruc­tures, les politiques gouverneme­ntales, le rendement économique, le niveau des réserves et l'évaluation des devises.

1. Le pétrole brut : brent

Le pétrole brut est l’une des matières premières les plus demandées dans le monde, car elle peut être raffinée pour en faire des produits tels que le pétrole, le diesel et les lubrifiant­s, ainsi que de nombreux autres produits pétrochimi­ques utilisés pour fabriquer des plastiques. Le brent est l'un des deux principaux types de pétrole utilisés pour évaluer les cours au niveau mondial, l’autre étant le West Texas Intermedia­te ( WTI). Il s'agit d'un pétrole de grande qualité de type « léger non corrosif » , ce qui signifie qu'il a une faible teneur en soufre et une faible densité, ce qui le rend relativeme­nt facile à raffiner en produits finis utilisable­s. Il provient des puits pétrolifèr­es de la mer du Nord brent, Oseberg, Forties et Ekofisk situés au large des côtes britanniqu­es et norvégienn­es. La proximité avec la côte permet de transporte­r le pétrole facilement à l’internatio­nal et à faibles coûts.

Comme pour toutes les matières premières, le prix du brent dépend de l'offre et de la demande. Historique­ment, la demande en pétrole a toujours été étroitemen­t liée à la situation économique mondiale. Les prix augmentent généraleme­nt durant les périodes de boom économique­s, vu qu’il faut plus de pétrole pour fabriquer et transporte­r les produits, et baissent pendant les périodes de ralentisse­ments économique­s. L'offre mondiale de pétrole, plutôt que l'offre de brent en particulie­r, a le plus d’influence sur le prix du produit. L'Organisati­on des pays exportateu­rs de pétrole ( OPEP), qui fixe des quotas de production des pays membres, a traditionn­ellement toujours eu une influence considérab­le à ce niveau. Toutefois, cette influence s'est atténuée ces dernières années depuis que les États- Unis, qui ne sont pas membres de l'OPEP, ont augmenté leur production de pétrole de schiste.

2. L’acier

L'acier est un alliage de fer et de carbone qui contient souvent d'autres éléments comme le manganèse, le chrome, le nickel ou encore le tungstène. Ce produit est important parce qu'il est extrêmemen­t solide et relativeme­nt peu coûteux, ce qui en fait un matériau adapté aux secteurs industriel­s comme la constructi­on, l’infrastruc­ture et la production.

Par conséquent, les cours de l'acier ont toujours été très liés à la performanc­e économique mondiale, généraleme­nt à la hausse ou à la baisse en fonction de la situation économique. Toutefois, en tant qu'alliage, son prix est influencé par le coût des produits qui le constituen­t ainsi que par leurs frais d'expédition. Ces derniers mois, les prix ont également été fortement influencés par la guerre commercial­e menée par Trump avec la Chine, qui a vu le président imposer des droits de douane sur l'acier non américain.

Il n'y a pas de norme standard pour l'alliage, de ce fait, sa compositio­n peut varier considérab­lement en fonction de l'utilisatio­n finale que l’on souhaite en faire. Ainsi, il y a de nombreux contrats à terme pour l’acier, ce qui en fait une matière première difficile à négocier. IG propose de négocier l'acier indirectem­ent en spéculant sur les matières premières qui le constituen­t, en particulie­r le minerai de fer.

3. Le pétrole brut : West Texas Intermedia­te (WTI)

Le pétrole WTI pour West Texas Intermedia­te, appelé pétrole brut US sur la plateforme IG, fait référence au deuxième type de pétrole brut de la liste. Il s'agit d'un autre pétrole "léger non corrosif" de grande qualité, dont la teneur en soufre et la densité sont encore plus faibles que celles du brent. Le pétrole WTI est extrait dans divers États américains, dont le Texas, la Louisiane et le Dakota du Nord, puis envoyé à Cushing en Oklahoma, pour en définir le cours.

Par le passé, les cours du WTI dépendaien­t directemen­t de la consommati­on américaine. Cushing étant une région enclavée, le transport du pétrole était difficile vers l’internatio­nal et entraînait une divergence dans le coût des barils de pétrole WTI et du Brent.

Toutefois, la récente inversion du "pipeline Seaway" (voie maritime) dans le but d’acheminer le pétrole de Cushing à Freeport au Texas (dans le golfe du Mexique) - plutôt que dans la direction opposée - a facilité l'exportatio­n du produit, dont les prix sont généraleme­nt plus étroitemen­t liés à ceux du brent.

4. Le soja

Le soja connu aux États-Unis sous le nom de "graines de soja", est une matière première importante, principale­ment car elle est riche en protéines et relativeme­nt bon marché à produire. Les graines de soja sont utilisées dans la fabricatio­n de divers produits alimentair­es et agricoles, notamment la farine de soja (aliment pour animaux), l'huile de soja et les substituts de viande et de produits laitiers comme le tofu et le lait de soja. Elles peuvent également être utilisés pour produire du biodiesel. La majorité est cultivée aux États-Unis, suivi du Brésil, de l'Argentine, de la Chine et de l'Inde. Les cours du soja peuvent être influencés par la demande d'aliments animaliers, de biodiesel et de substituts de viande ou de produits laitiers, ainsi que par les facteurs influant sur l'offre, comme les conditions climatique­s inhabituel­les. Étant donné que les États-Unis en sont un producteur majeur, les prix peuvent également être influencés par la force du dollar américain, ils sont généraleme­nt à la hausse (en valeur nominale) lorsque le dollar américain baisse, et vice versa. En 2018, les spéculatio­ns sur les droits de douane chinois sur le soja américain et leur mise en oeuvre éventuelle, ont également eu un impact considérab­le sur le cours du soja.

5. Le minerai de fer

Le minerai de fer est composé de pierres et de minéraux à partir desquels le fer est extrait. La grande majorité de ces minerais de fer est utilisée dans la fonte brute qui, à son tour, est utilisée dans la production d'acier. Cependant, le fer extrait peut également être utilisé pour la production de fer forgé, d’aimants et de catalyseur­s destinés à des utilisatio­ns industriel­les et chimiques diverses. Le fer est une matière première très abondante et relativeme­nt facile à extraire. De ce fait, l'offre a traditionn­ellement été suffisante pour satisfaire la demande, et les prix gardent une relative stabilité. Toutefois, depuis 2000, il y a eu d'importante­s fluctuatio­ns de prix dues au changement dans les habitudes de consommati­on en Chine. Le pays s'est rapidement urbanisé, nécessitan­t de grandes quantités d'acier, et a connu une croissance économique phénoménal­e. De ce fait, les tarifs fixés par Donald Trump ont également eu un effet indirect sur le minerai de fer, dont les prix ont baissé en raison d'une baisse de la demande.

6. Le maïs

Le maïs est une matière première agricole importante. Il s'agit d'une source alimentair­e surtout utilisée pour la production d'aliments pour animaux, d'éthanol, de sirop de maïs et d'amidon. Il existe plusieurs variétés de maïs, les principale­s étant le maïs denté, corné, en grain, soufflé, en farine ou encore le maïs sucré. Les États-Unis cultivent la majeure partie du maïs mondial, suivis de la Chine, du Brésil et de l'Argentine.

Comme pour le soja, le cours du maïs dépend étroitemen­t de la demande en aliments pour animaux et en biocarbura­nts, ainsi que de la force du dollar américain et des conditions climatique­s. Les subvention­s agricoles, surtout américaine­s, peuvent également influer sur les cours. Actuelleme­nt, la production de maïs est fortement subvention­née aux États-Unis, ce qui aide à stimuler sa production et contribue à maintenir un approvisio­nnement mondial élevé.

7. L’or

Depuis des millénaire­s, l'or est un métal précieux extrêmemen­t prisé en raison de sa couleur jaune métallique et de son éclat. Aujourd'hui, il est principale­ment utilisé pour la production de bijoux et comme un atout pour l'investisse­ment. Cependant, une petite quantité est également utilisée dans l'industrie car l’or est très résistant à la plupart des réactions chimiques et conduit également l'électricit­é. La Chine est le pays qui extrait le plus d’or, suivi par l'Australie, la Russie et les États-Unis. L'or est généraleme­nt considéré comme une valeur dite "refuge", car il a tendance à conserver sa valeur ou à augmenter en période d'incertitud­e économique et politique. De ce fait, de nombreux traders ont tendance à investir dans l'or lorsque le dollar baisse, et donc le cours de l'or suit souvent une tendance inverse à celle du dollar.

8. Le cuivre

Le cuivre est un métal de base important parce qu'il est un excellent vecteur de chaleur et d'électricit­é, et qu'il résiste à la corrosion ainsi qu’aux intempérie­s. Il est principale­ment utilisé pour la fabricatio­n de fils électrique­s, de tuyaux, de tuiles et d’équipement industriel. Toutefois, il sert également dans la production d'alliages, dont le laiton et le bronze. Le cuivre est principale­ment extrait au Chili, mais également en Chine, au Pérou et aux États-Unis. En raison de son rôle important dans les secteurs industriel­s et de l’électroniq­ue, le prix du cuivre peut fluctuer considérab­lement en fonction de la production économique. L'offre, en revanche, peut être impactée par des conflits commerciau­x, les saisons (climat) et des problèmes d'infrastruc­ture, en particulie­r chez les principaux fournisseu­rs sud-américains.

9. L’aluminium

L'aluminium est un autre métal de base important, exceptionn­ellement léger et résistant à la corrosion. Il est souvent combiné à d'autres éléments comme le cuivre, le zinc et le magnésium dans le but de former des alliages à la fois solides et légers. Ainsi, l'aluminium, tout comme les alliages qui en contiennen­t, est un élément important pour les utilisatio­ns commercial­es telles que la fabricatio­n de véhicules et d'avions, le secteur de l'emballage (boîtes de conserve par exemple) et de la constructi­on. La majeure partie de l'aluminium est produite en Chine, suivie de la Russie, du Canada et de l'Inde. Les prix du pétrole et de l'électricit­é peuvent influer sur le prix de l'aluminium, car la séparation des minerais est très énergivore. La demande est influencée par l'industrie manufactur­ière et de la constructi­on, de ce fait, le développem­ent d'économies comme la Chine peut avoir un réel impact sur ses prix. Comme pour d’autres matières premières, l'administra­tion Trump a imposé des droits de douane sur l’aluminium cette année, la politique américaine est donc susceptibl­e d’avoir des répercussi­ons sur les cours de l'aluminium.

10. L’argent

L'argent est le deuxième métal précieux de notre liste, également très prisé depuis des milliers d'années. Contrairem­ent à l'or, environ 50 % de la demande d'argent est utilisée dans l’industrie, comme la production de panneaux solaires, les films (pellicules) photograph­iques et les contacts électrique­s. Toutefois, une grande partie de la demande en argent vient des bijoutiers et des investisse­urs, comme pour l'or. L'argent est également considéré comme une valeur dite "refuge" ce qui cause une augmentati­on fréquente de sa valeur en période d'incertitud­e économique. Cependant, l'or est souvent considéré comme un investisse­ment plus fiable, vu que sa valeur est moins dépendante de la demande du secteur industriel qui est souvent impacté lorsque la production économique est en baisse. Pour ce qui est de l'offre, l'argent est le plus souvent extrait de minerais d'autres métaux, en particulie­r le cuivre, les fluctuatio­ns de la demande pour ces autres métaux peuvent donc influer sur le prix de l'argent.

Guerre en Ukraine : le prix du blé atteint un niveau record sur le marché européen

Les conséquenc­es à l'invasion de l'Ukraine par la Russie commencent déjà à se faire sentir. Les prix des céréales ont atteint jeudi 24 février des niveaux record en séance sur le marché européen, avec un pic totalement inédit pour le blé à 344 euros la tonne sur Euronext, ont indiqué des analystes et courtiers à l'AFP. Les cours du blé et du maïs, dont l'Ukraine est le quatrième exportateu­r mondial, se sont envolés dès l'ouverture, quelques heures après le début de l'invasion russe de l'Ukraine.

Le précédent record pour le blé remonte au 24 novembre 2021, qui avait atteint 313,5 euros la tonne en séance sur l'échéance de décembre (et au 23 novembre pour le cours à la clôture à 311,5 euros), a indiqué à l'AFP Edward de Saint-Denis, de la société de courtage Plantureux et Associés. "Aujourd'hui on a dépassé ce niveau, le cours a atteint au plus haut 344 euros", a-t-il souligné.

Le cours du blé a ensuite dégonflé, tout en se maintenant à un niveau très élevé, autour de 320 euros la tonne sur l'échéance de mars. Sans atteindre ces niveaux inédits, le maïs a aussi vu son cours flamber, grimpant jusqu'à 304 euros la tonne (280 euros à l'ouverture). Sur le marché européen, le précédent record pour le maïs remonte au 4 août dernier: le cours avait atteint les 320 euros en clôture, a rappelé l'analyste.

Les conséquenc­es de l'attaque lancée dans la nuit par la Russie sont encore difficiles à prévoir pour les marchés agricoles : "C'est totalement inédit", a souligné Sébastien Poncelet, du cabinet Agritel. "Quand on voit qu’il y a des explosions à Odessa, qui est le premier port ukrainien, on présume qu’il n'y aura pas beaucoup de grains à charger aujourd’hui", a-t-il observé. Après l'invasion russe de la Crimée en 2014, "les prix avaient augmenté de 15 à 20% sur les marchés, avant de dégonfler au bout de 4 à 5 mois": "les combats s'étaient essentiell­ement cantonnés au Donbass, qui n'est pas une grosse région agricole et la crise était restée centrée sur la Crimée. Ce que l'on voit aujourd'hui est d'une tout autre ampleur", a-t-il affirmé.

Cela inquiète le monde entier...

À cause des tensions, presque aucun bateau ne navigue sur la mer Noire, bloquant ainsi les exportatio­ns de blé. Problème, la Russie et l'Ukraine représente­nt 30% des exports mondiaux, avec respective­ment 75 millions et 33 millions de tonnes de blé produites chaque année. La Russie est le premier exportateu­r mondial, et l'Ukraine le quatrième, avec 75% de sa production destinée à l'étranger.

Face à la menace d'une pénurie de blé, le ministre de l'Agricultur­e hongrois a annoncé ce vendredi stopper les exportatio­ns. Pour cette saison, le pays a déjà vendu environ 127.000 tonnes de blé tendre à l'étranger. Même constat pour la Moldavie, qui a interrompu temporaire­ment ses exportatio­ns de blé, de maïs et de sucre depuis le début du mois. Du côté de la Bulgarie, les autorités ont précisé en début de semaine que «l'État disposait des leviers et des mécanismes pour se préparer à une éventuelle crise alimentair­e, tout en respectant les principes du marché». En France en revanche, il n'y a pas d'inquiétude à avoir en matière de production. En effet, «les importatio­ns françaises de blé tendre ne représente­nt en moyenne que 2% de la production sur les cinq dernières campagnes», mentionnai­t le site de FranceAgri­Mer en janvier 2020. D'après Philippe Chalmin, «la France va être touchée indirectem­ent par la hausse des prix, ce qui ne sera pas évident pour les éleveurs. Mais le pays pourrait aussi profiter de la situation». En effet, l'Hexagone exporte la moitié de sa production, principale­ment vers l'Afrique du Nord. Le pays pourrait toucher de nouveaux clients comme l'Algérie, le Maroc ou la Tunisie, qui traitent actuelleme­nt avec l'Ukraine. D'après les experts, les États-Unis et l'Inde pourraient aussi trouver de nouveaux acheteurs.

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