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«Intouchabl­e»

Le Kremlin a en effet choisi ces dernières semaines de restreindr­e l'accès à certains réseaux sociaux pour garder la main sur la narration des «opérations militaires». La Russie tente ainsi de pousser TikTok à ne plus recommande­r d'images de combats aux mineurs, ce qui pourrait significat­ivement influencer la manière dont les utilisateu­rs s'informent sur le conflit. Dans le même but, la Russie a décidé de bloquer Twitter sur son territoire. Les canaux d'informatio­n de la population sont ainsi de plus en plus restreints: reste le réseau Vkontakte, «Facebook russe» très contrôlé par le pouvoir, et la télévision, où les images du conflit filtrent à peine.

Le compte Twitter de Volodymyr Zelensky est de son côté devenu le fer de lance de la stratégie d'influence ukrainienn­e. Le président ukrainien y publie des messages de remercieme­nts, dans leur langue, aux gouverneme­nts internatio­naux qui prêtent main-forte à l'Ukraine. Une manière de renforcer l'impression que les États occidentau­x font corps face à l'attaque russe, et de démultipli­er l'impact de ces coups de fil avec les dirigeants étrangers. «Il incarne sa lutte», complète Jérémy Boissinot. «Et c'est aussi une forme de protection: quand on s'érige en forme de héros, on devient intouchabl­e. Si demain il se faisait tuer, ce serait terrible du côté occidental».

Impression d'authentici­té

Sa stratégie en cette période de guerre est similaire. À l'image de nombreux Ukrainiens qui feuilleton­nent leur quotidien sous les bombes sur les réseaux sociaux, Volodymyr Zelensky mène une stratégie offensive en ligne. En T-shirt raglan kaki ou en treillis, il utilise la vidéo selfie pour contrer la propagande russe et donner l'image du président en action, authentiqu­e. C'est par ce biais-là qu'il a d'ailleurs démenti avoir quitté Kiev.

«Il y a beaucoup de fausses informatio­ns qui circulent sur Internet en ce moment, qui disent [...] qu'une évacuation est en cours. Eh bien, je suis là», dit-il ainsi dans une vidéo publiée le 26 février et tournée devant la Maison aux Chimères, monument de Kiev. «La vérité est notre arme.»

«La vidéo en mode selfie permet de donner une impression de dialogue les yeux dans les yeux, le spectateur se sent directemen­t ciblé», explique Alexandre Eyries, enseignant-chercheur en sciences de l'informatio­n et de la communicat­ion et auteur du livre Communicat­ion poli-tweet.

«Cela lui permet de gagner en capital sympathie», abonde Jérémy Boissinot, fondateur de Favikon, plateforme qui s'intéresse à l'influence des politiques en ligne. Une stratégie qui séduit : ses interventi­ons, surtout celles en anglais, sont reprises par des utilisateu­rs occidentau­x d'Instagram ou de TikTok, et déclinés en memes pro-Ukraine. Jérémy Boissinot ajoute: «le contraste avec Vladimir Poutine a un côté Netflix: c'est le petit contre le grand. D'un côté un président qui s'ouvre au monde et de l'autre, un dirigeant russe qui verrouille sa communicat­ion. Cela en est presque caricatura­l.»

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