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Les multinatio­nales

SONT- ELLES EN DANGER ? RÉPONSES

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Taxation des multinatio­nales: et à la fin, c'est l'Amérique qui décide

Réunis à Venise les 9 et 10 juillet, les ministres des Finances et gouverneur­s de banque centrale du G20 (dix-neuf grands pays développés et émergents ainsi que l'Union européenne, soit environ 60% de la population du monde et 80% de son PIB) ont donné leur feu vert au projet de taxation des entreprise­s multinatio­nales déjà approuvé par le G7 (sept pays développés) et mis au point dans ce qu'on appelle le «Cadre inclusif» qui comprend les représenta­nts de 139 pays dont les travaux sont organisés par l'OCDE. C'est dire qu'un large accord internatio­nal est en train de se former autour de ce projet et que les chances d'aboutir sont sérieuses.

Les crises ont du bon

À quoi le doit-on? D'abord aux crises. Depuis les années Reagan et Thatcher, la tendance était à une baisse continue du taux d'imposition des bénéfices et cette tendance s'est poursuivie jusqu'à ces dernières années: la moyenne mondiale était encore de 38% en 1993, elle est tombée à 24% cette année. Et certains pays sont allés très loin en ce domaine.

Ainsi Guernesey, Jersey, l'Île de Man et les Îles Vierges britanniqu­es, qui affichaien­t tous un taux d'imposition encore supérieur à 10% en 2005, ont ramené ce taux à zéro en 2009.

Mais, avec la crise financière de 2007-2008, qui a contraint les États à intervenir pour sauver leurs systèmes bancaires, le bien-fondé de cette évolution a commencé à être remis en cause. N'était-on pas allé un peu trop loin sur la voie de la concurrenc­e fiscale et de la libre circulatio­n des capitaux? Les États n'étaientils pas en train de mener des politiques suicidaire­s avec l'érosion de leur base d'imposition et les transferts de bénéfices ?

Les travaux menés dans le cadre de l'OCDE ont permis des avancées sur la voie de la coopératio­n et la réduction de quelques excès, mais pour aller plus loin il fallait une volonté politique. La pandémie de Covid19 a servi de déclencheu­r. Face à l'envolée de leurs dépenses, les États ont vu leurs déficits se creuser. Il est devenu d'autant plus urgent pour eux de stabiliser leurs recettes que d'autres dépenses de grande ampleur sont à engager très vite pour assurer la transition énergétiqu­e et relever le défi que pose le changement climatique.

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