Elles marquent les esprits
Incarner aussi l'avenir aux yeux des investisseurs
Volkswagen, Renault ou Mercedes pourraient bien faire de même dans les mois à venir. Sortir à part les activités voiture électrique doit ainsi les mettre en lumière aux yeux des marchés, montrant que les constructeurs automobiles historiques, ces "legacy" dans la langue des investisseurs, peuvent aussi incarner la mobilité de demain. Ce qui ne semble pas évident à la vue des capitalisations du secteur.
Tesla affiche ainsi ce 3 mars une valorisation de 820 milliards d’euros, ce qui équivaut à près de 8 fois et demi celle de Volkswagen ( 94 milliards d’euros). A une échelle plus réduite, Rivian, le constructeur de véhicule électrique dans lequel a investi Amazon, affiche une capitalisation de 41,5 milliards d’euros alors que Stellantis ne vaut "que" 48,2 milliards d’euros. Or des fonds, c’est ce que recherche tous les constructeurs.
Libérer la création
Au- delà de l’aspect financier, scinder en deux son activité automobile entre thermique et électrique pourrait aussi être une solution pour révolutionner en interne les modes de fonctionnement. Le PDG de Ford Jim Farley compte ainsi reprendre dans Ford Model e l’esprit start- up, avec des projets partis d’une feuille blanche, à l’image de l’équipe qui avait créé le Mustang Mach- e, premier modèle électrique du constructeur américain.
"Si Tesla a réussi, c’est parce qu’ils ont pu se payer les meilleurs ingénieurs pour réaliser des projets dessinés from scratch", nous confiait un directeur R& D d’un grand de l’automobile. Des fonds et de l’agilité en somme.
"Les chaînes de valeur industrielles et logistiques sont très différentes entre la production de voitures thermiques et celles de voitures électriques, poursuit Guillaume Crunelle. Ce n’est pas la même complexité, pas la même intensité capitalistique. Il est beaucoup plus simple de produire une voiture électrique et les nouvelles marques n’ont pas la gestion d’un patrimoine industriel historique à redimensionner, une donnée qui préoccupe les marchés".
Après les puces, une autre pénurie frappe de plein fouet les constructeurs automobiles
La pandémie de Covid-19 avait porté un grand coup au secteur automobile, créant une grande demande sur le marché des véhicules neufs. Le secteur était alors fortement touché par une pénurie de composants électroniques notamment, en particulier les puces. Mais la guerre en Ukraine ne va rien arranger. La fermeture de deux usines Leoni en Ukraine, spécialisées dans le domaine des câbles et des faisceaux, vient de mettre des chaînes de production à l'arrêt chez plusieurs constructeurs. Car l'équipementier est l’un des principaux fournisseurs dans le monde pour tout ce qui concerne le câblage électrique.
Un problème majeur pour les constructeurs, selon Les Échos, puisque ce composant est l’un des premiers à être intégré dans la construction des carrosseries. Que ce soit BMW, Porsche ou Volkswagen, tous sont donc touchés de plein fouet. Pour ce dernier, la production des ID.3 et ID.4, les véhicules électriques de la marque, a été arrêtée dans l'est de l'Allemagne. Même constat chez Porsche qui a dû arrêter la production de ses Macan et Panamera à Leipzig, tandis que la filiale tchèque du groupe, Skoda, tourne au ralenti. Une "cellule" de crise a même dû être mise en place par Volkswagen.
Leoni pourrait se délocaliser
Pour les autres constructeurs allemands, la situation n'est pas si radicale, indique Les Échos, mais les jours à venir s'annoncent compliqués. BMW mettra à l'arrêt l’une de ses usines la semaine prochaine, c'est d'ailleurs "l'acte trois des mises à l'arrêt", regrette un porte-parole du site de Dingolfing (nord de Munich). Mercedes-Benz n'est pas non plus épargnée, mais pourrait s'adapter grâce à la "flexibilité de ses usines". Tous vont devoir réévaluer la situation à mesure que le conflit avance. Pour Leoni, la situation est davantage préoccupante, les employés ayant dû se mettre en sécurité depuis le début du conflit.