Masculin

Quand les stars

S'Y METTENT AUSSI !

-

De nombreux grands noms de la mode veulent faire bouger les lignes. On peut citer Riccardo Tisci pour Burberry, Rick Owens, J. W. Anderson et bien sûr Gucci. Le choix des mannequins permet aussi de jouer un rôle dans la (con)fusion des genres. Il y a très longtemps déjà, Yohji Yamamoto avait orchestré son défilé hommes avec uniquement des femmes dans un esprit androgyne. Haider Ackermann chez Berluti, quelques années plus tard, invitait des tomboys: Jamie Bochert et Saskia de Brauw. Avec son physique androgyne, cette dernière a défilé dans les collection­s hommes chez Givenchy et fut aussi égérie Yves Saint Laurent d'une campagne masculine, à l'époque d'Hedi Slimane. Mais il est plus simple et «acceptable» dans la société de voir une femme en homme que l'inverse.

Le vent pourrait-il tourner aujourd'hui? Le fait que des personnali­tés en vue portent la jupe peut en modifier la perception. Citons les exemples de Kanye West et surtout Harry Style, référence absolue en audaces vestimenta­ires. Le gala du Met en 2018 vit aussi des hommes en version féminisée. Pete Davidson portait un tailleur jupe de Thom Browne. Très audacieux, Troye Sivan s'était glissé dans une robe fourreau noir, une création Luar (Raul Lopez de Hood by Air) dont le défilé printemps-été à New-York mixait les genres, que ce soit en style ou avec des mannequins des deux sexes; filles avec des pantalons, des cravates; hommes avec des sacs à main, des jupes.

Pour Serge Girardi, styliste mode, «ça fait très longtemps que ça bouge, le côté féminin s'invite dans les collection­s, le mélange des genres est là, mais cela ne parle qu'à une minorité. Avec les jeunes génération­s, la fluidité s'immisce.» Pour lui cette manière de jouer sur les codes a déjà été vue dans les années 1970, notamment avec les Cockettes, une communauté mixte de San Francisco libre dans son habillemen­t: «Mais c'était un mouvement spontané. Il faut faire attention aujourd'hui à la récupérati­on.»

Liberté et création

Serge Girardi mentionne l'exemple à part qu'incarne Walter van Beirendonc­k, qui possède «une vraie liberté dans son discours depuis le début». Ce dernier, membre du groupe de stylistes «Six d'Anvers» et considéré comme un créateur majeur de la mode masculine, a fait un choix clair dès le début de sa carrière: «La mode masculine a beaucoup changé ces dernières décennies, bien plus que la mode féminine. C'est la raison pour laquelle je me suis plus intéressé à créer pour les hommes. J'ai grandi dans une période glam rock, avec David Bowie qui a changé à jamais la mode masculine. Dès mes premières collection­s j'ai testé les frontières établies par la société. Mais j'ai aussi voulu éviter de franchir le ligne du travestiss­ement, je ne voulais pas que les hommes soient ridicules et habillés dans des vêtements pour femmes.»

C'est la grande réussite de Walter van Beirendonc­k: concevoir une mode résolument masculine, mais audacieuse, colorée et avec toujours des trouvaille­s et un travail de recherche sur les formes. Pour lui, le plus important demeure la liberté et la création, bien qu'il se heurte encore souvent aux normes de la société.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France