Projet fou ou ambition possible ?
La Russie est le pays le plus inégalitaire d’Europe. Selon un rapport du Crédit Suisse, 1 % de la population russe concentre 74,5 % des richesses nationales et 10 % détiennent 89 % des biens. Ces inégalités sont le fruit d’une augmentation stratosphérique des hauts revenus dans les années 1990 liée à l’accaparement du système économique par une poignée d’hommes d’affaires. L’écart a continué de se creuser à la faveur d’une hausse continue du prix des matières premières.
Les Russes capables de dépenser plusieurs milliers d’euros pour un sac à main Chanel ou Prada ne représentent qu’une infime partie de la population. Contrairement au cliché véhiculé par le milliardaire bling- bling, amateur de montres Rolex et de champagne Dom Pérignon, le marché russe n’est donc pas primordial pour les géants du secteur. Selon LVMH, leader mondial avec des marques comme Christian Dior, Kenzo ou encore Moët et Chandon, la Russie ne représente que 2 % de son chiffre d’affaires. Pour le champagne, la Russie achète chaque année environ 1,5 million de bouteilles, soit 0,5 % du marché. Une goutte d’eau, si on le compare aux 34 millions de bouteilles vendues en 2021 aux États- Unis. “Les acheteurs russes pèsent environ 5 % du marché mondial. Le monde du luxe pourra donc s’en remettre, car il est extrêmement résilient comme l’a démontré la crise sanitaire”, résume Bruno Lavagna. “Il faut également noter qu’il est solidaire de la communauté internationale”, ajoute le spécialiste du monde du luxe.
Dès le début du mois de mars, plusieurs grands groupes ont effet affiché leur soutien à l’Ukraine en fermant temporairement leurs boutiques en Russie. Certains, comme LVMH, ont annoncé qu’ils continueraient à payer leurs employés dans le pays.
Plus de voitures de luxe pour les milliardaires russes
Conséquence de la crise ukrainienne, les fabricants de voitures de prestige vont désormais devoir éviter le marché russe. Fini les Bugatti et les Rolls-Royce pour les milliardaires du pays...
La Russie représente un marché important pour les constructeurs automobiles, mais aussi ceux spécialisés dans les voitures de luxe et de sport. En 2020 et malgré la crise du coronavirus, on totalisait tout de même 1 114 voitures de luxe écoulées dans le pays dont pas moins de 387 Mercedes Classe S, 299 Bentley, 199 Rolls-Royce ou encore 139 Lamborghini. Des volumes certes loin des chiffres de la Chine ou des Etats-Unis, mais suffisants pour intéresser toutes les marques de prestige.
Or, la crise ukrainienne oblige ces marques à prendre leurs distances avec la Russie. Suite aux sanctions économiques décidées à l'encontre du pays en représailles à son action militaire en Ukraine, les constructeurs quittent le pays. Bentley, comme Lamborghini et les autres marques du groupe Volkswagen, vient par exemple de suspendre la livraison de ses modèles en Russie. Alors qu'on estime que la crise pourrait faire baisser les ventes automobiles de 50% environ en Russie, les voitures de prestige risquent provisoirement de disparaître totalement.
Saisie de supercars à venir ?
Ira-t-on jusqu'à saisir les supercars des milliardaires russes stockées en dehors de la Russie ? Il y a quelques heures, les autorités monégasques ont empêché le départ d'un yacht appartenant à un milliardaire russe qui mouillait dans le port de la principauté. A la Ciotat, le gigantesque bateau d'un oligarque russe figurant désormais dans la liste noire de l'Union Européenne a été saisi. De la même façon, faudra-t-il aussi s'attendre à des saisies des supercars laissées en France et d'autres pays par leurs propriétaires russes milliardaires ? On risque d'en voir un peu moins cet été à Saint Tropez, Cannes ou Monaco au volant de leurs voitures de rêve comme ils le font traditionnellement à chaque saison...