Une longue descente aux
ENFERS QUI LAISSE PRÉSAGER LE PIRE...
La disparition du parti de centre-gauche réduirait la gauche à un face-à-face entre les Verts et les mélenchonistes, qui, ensemble, ne représenteront guère plus de 20% et qui sont désormais dans une situation de concurrence pour le leadership à gauche, qui ne peut que se tendre. Privé de son aile droite, EELV, déjà fortement attiré vers l’extrêmegauche – rappelons-nous la main tendue à Jean-Luc Mélenchon de Sandrine Rousseau, qui représente près de la moitié des sympathisants actifs – sera moins apte encore à constituer une force politique à vocation gouvernementale. La ligne Rousseau ne peut en effet que l’emporter face à la timide volonté d’ouverture exprimée en début de campagne par le candidat des Verts. Du coup, il n’y aura plus une gauche mais deux extrêmes-gauches. L’espace du centre gauche sera vide. Dans ces conditions le clivage gauche-droite ne pourra plus organiser le fonctionnement du système politique. Refusant de considérer le macronisme comme un centre gauche, ces extrême-gauches vont s’isoler volontairement à la périphérie du système. 2022 va confirmer 2017 de ce point de vue.
Anne Hidalgo a raison en théorie de penser que sans rassemblement, « il n’y aura pas de possibilité pour la gauche d’exister dans notre pays ». Mais elle a tort de penser qu’une telle gauche existe encore dans la réalité. Ceci est clair depuis longtemps. Dans ces conditions, c’est la stratégie même des socialistes, celle qui consiste à vouloir unifier des gauches qui ne le veulent pas, qui est condamnée dans les faits, d’autant que leurs éventuels partenaires avaient à plusieurs reprises rejeté l’idée de la primaire. Il est étonnant que le Parti socialiste n’en ait toujours pas pris conscience.
Donc, éventuellement pour un partisan de Poutine et de Maduro. Les socialistes, avant de proposer une alliance à Mélenchon, n’auraient-ils pas dû d’abord se poser la question de savoir s’ils étaient d’accord avec celui qui, par ailleurs, ne cesse de fustiger « la stratégie creuse et vide de l’union de la gauche » ?
François Hollande lui-même a décoché la flèche du parthe en déclarant qu’« une candidature d’union n’a de sens que si tous les candidats partagent les mêmes propositions. Or on sait que ce n’est pas le cas ». Mais alors, si on le sait, pourquoi continuer à appeler à une union de la gauche qui n’existe plus que dans les rêves de certains militants? Pourquoi les socialistes n’ont-ils jamais envisagé un rapprochement avec LREM qui a attiré en 2017 la moitié de leur électorat ?
Ce qu’on a appelé la gauche est ainsi en train de sortir du jeu. La campagne présidentielle va opposer l’alliance du centre et de ce qui reste du centregauche à la droite ou à l’extrême-droite. Les gauches, elles, seront réduites au rôle d’observateur grincheux. Dans ces conditions, la fin du Parti socialiste pourrait bien être aussi celle de la gauche tout entière comme acteur politique important.
Présidentielle 2022. Au PS et chez LR, les jours s’annoncent sombres
En ce début de semaine pascale, c’est la fin du long chemin de croix pour Anne Hidalgo et Valérie Pécresse. Peu audibles depuis leur entrée en campagne – le 12 septembre pour la première, le 4 décembre pour la seconde – leur élimination du marathon vers l’Élysée ne faisait aucun doute. Elle est, désormais, officielle. Toutes deux vont maintenant pouvoir retrouver leur vie d’avant, à la mairie de Paris et au conseil régional d’Ile-de-France.
Tirer les leçons de ce nouveau gros revers Jamais, sous la Ve République, le Parti socialiste et la droite n’ont connu une telle descente aux enfers lors d’un rendez-vous présidentiel (la chute est, évidemment, plus forte chez LR, le PS étant déjà très bas depuis 2017).
Les deux candidates y ont forcément leur part de responsabilité… sans être les seules coupables. Les patrons de leurs formations vont devoir vite tirer les leçons de ce nouveau gros revers – une réflexion forcément déjà entamée – et tenir la barre ferme face au mauvais temps qui s’annonce.
Dès hier soir, Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, a réuni ses cadres. Ce lundi, Christian Jacob, le président des Républicains, en fait de même. L’enjeu est clair : éviter les règlements de compte et la cacophonie à neuf semaines de législatives décisives. Le défi est de taille, d’autant qu’Olivier Faure est contesté en interne et que les prétendants à la tête de LR (Rachida Dati, Laurent Wauquiez, Éric Ciotti, Bruno Retailleau…) se multiplient.