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Avec les terribles nouvelles

POUR LES DEUX ANCIENS GÉANTS ?

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Un sursis en trompe-l’oeil

« Après le tremblemen­t de terre de 2017, la réplique 2022 pourrait être forte au PS et chez LR », prédit le politologu­e Thomas Frinault. Surtout chez les Républicai­ns, qui pourraient vite se retrouver écartelés entre un « horizon » chez Édouard Philippe et LREM et une offre plus à droite du côté du RN et de Reconquête. « LR est pris dans un étau dont il aura du mal à s’extraire ».

Le Parti socialiste, lui, pourrait trouver son salut grâce à ses élus de terrain, poursuit Thomas Frinault. « Il n’est pas mort à Rennes, Nantes, Paris… Si la vitrine nationale est brisée, elle tient dans les régions. Et la sociale démocratie a remporté des élections au Portugal, en Allemagne et Espagne… ». Le triple défi pour le parti sera de maintenir son unité, de passer des alliances (avec les Verts), et de ne pas se rater aux législativ­es, puis aux échéances locales…

Un relatif optimisme toutefois tempéré par le politologu­e Rémi Lefebvre. Selon lui, si le PS a conservé des bastions ces derniers mois, c’est parce que les élus étaient d’abord des sortants avant d’être des socialiste­s, lors de scrutins marqués par l’épidémie et l’abstention. « On le voit, ils ont apporté très peu de voix à Anne Hidalgo. »

Un sursis en trompe-l’oeil ? Rémi Lefebvre le pense, d’autant que pas mal d’anciens électeurs du PS sont, depuis, partis chez Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel… « Ce qui pourrait faire sombrer le Parti socialiste, c’est une scission ou une absorption ». Est-ce possible ? On le saura rapidement.

"Où est Parti socialiste maintenant ?"

Dans le grand hall quasi-désert de la mairie de Lille, une poignée d'électeurs et de sympathisa­nts socialiste­s ont la mine déconfite devant les résultats qui défilent à la télévision. "Où est le Parti socialiste maintenant ? Je me pose des questions. Franchemen­t, voilà le résultat aujourd'hui", lâche au micro d'Europe 1 un électeur encore sous le choc de voir la championne du parti à la rose recueillir moins d'un million de voix au niveau national.

Sous le beffroi d'un Pierre Mauroy jadis tout puissant, une véritable ambiance de fin de règne s'est installée tandis que Martine Aubry, cloîtrée dans son bureau, reste invisible. "On récolte ce qu'on a semé", tranche un ex-militant.

"Les électeurs ont encore en tête les cinq années calamiteus­es de François Hollande. Il y a sans doute un vote utile qui a joué en faveur de Jean-Luc Mélenchon." Alors, c'est vrai, le projet du PS n'était peut-être pas en phase avec ses électeurs, reconnaît Sarah Kerrouche, patronne du parti dans le Nord.

"Ce qui nous a sans doute manqué, c'est un projet de vision globale"

"Ce qui nous a sans doute manqué, c'est un projet de vision globale", analyse de son côté, Sarah Kerrich, patronne locale du parti. "C'est-à-dire qu'on a agrégé un certain nombre de mesures qui étaient bonnes individuel­lement, mais qui ne peut être n'ont pas parlé à nos électeurs habituels."

Et le risque maintenant, selon ces militants, c'est la mort programmée du Parti socialiste. "Moi je pense surtout aux frais de campagne. Ils vont être ruinés", avance l'un d'entre eux. Alors pour survivre, la refonte totale de la stratégie politique semble inévitable. "Il faudra certaineme­nt de toute façon composer avec d'autres forces", avance un autre électeur du PS. Mais en attendant de reconstrui­re la gauche, ces militants n'ont aucune hésitation. Ils voteront Emmanuel Macron pour barrer la route à Marine Le Pen.

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