Seulement brésilien ?
NON, MAIS UN ENFER TOUT À FAIT SINGULIER...
Ces réseaux de trafic étant organisés de façon très hiérarchisée, il est très difficile de remonter jusqu’au noyau et de les faire disparaître.
Il est très commun aussi que les trafiquants gèrent les opposants ou développent leur réseau grâce à la corruption afin de garantir une sécurité et de pouvoir continuer leurs activités sans intervention des forces de l’ordre.
Lorsque la police décide d’intervenir, ou que des guerres de gang éclatent, ce n’est parfois pas sans toucher aux civils qui se retrouvent au milieu combats et sont parfois victimes de “balles perdues”. Au total, entre 2014 et 2015, c’est 98 morts et 115 blessés que l’on recense suite à des balles perdues…
De nombreuses tensions politiques éclatent aussi en plus « violent, visibles, et médiatiques » au sein des Favelas. En 1904, par exemple, une violente manifestation avait éclaté pour dénoncer la vaccination obligatoire, ce qui n’a pas échappé aux médias qui n’ont pas manqué de s’en servir pour appuyer la mauvaise image “violente” et insalubre des favelas.
Face à ces problématiques, le gouvernement a d’abord considéré éliminer les favelas, afin de reloger ces personnes dans des logements plus adaptés, et pouvoir donc les insérer dans la société, ce qui n’a jamais été fait avec succès. En effet le nombre d’habitants des favelas est extrêmement élevé et ce fut un refus de la population en réponse aux projets étatiques. La majorité des occupants des Favelas ne souhaitait pas être relocalisés, déjà habitués à leur mode de vie. Suite à cela, le gouvernement a préféré “tolérer” ces favelas, y installer des infrastructures pour urbaniser ces quartiers, réduire les risques, comptabiliser les habitants.
Mettant à mal les différentes approches des forces de l’ordre, reflétant insalubrité, violence et pauvreté extrême, c’est un visage sombre et effrayant que les Favelas ont d’abord montré au monde.
Une première représentation positive des favelas eu lieu avec l’arrivée du mouvement artistique “moderniste”, venu bousculer les codes de l’art. Le fabuleux et fascinant derrière la souffrance humaine de ces lieux a été mis en exergues par les artistes. Ils viendront même mettre en avant des artistes issus des favelas, et viendront exposer à la semaine d’art moderne de Rio des arts dédiés aux favelas. Ces actions ont grandement contribué à faire évoluer l’image des favelas pour y voir une dimension plus humaine. Une chanson de D’Orestes Barbosa vient appuyer ce phénomène dans les années 30.
Après l’art visuel, c’est la musique qui s’est éprise de ces lieux, avec les débuts de la Samba, qui trouve ses origines en Afrique à l’époque de l’esclavage, et qui s’est vue exportée par les descendants d’esclaves jusque dans les favelas où la Samba est née. Ainsi une forte partie des populations des favelas est d’origine africaine et naturellement des cultes religieux et culturels s’y développent et diversifie la culture Brésilienne.
Les favelas ont aussi eu une grande influence dans la musique Funk à Rio ou encore le Hip Hop à Sao Paulo.
Aujourd’hui ce sont de nombreux artistes qui émergents des favelas, comme Racionais MC’s qui vient s’imposer comme l’un des plus grand groupe du rap brésilien, et parle de sujets comme la pauvreté, le crime, la discrimination, la drogue, et tous ces problèmes rencontré au quotidien dans les favelas. Leur histoire fascine et rendent leurs textes attractifs pour l’immense population issues de leur environnement.
Si les images de ces lieux mythiques apparaissent dans de nombreux longs-métrages, le film la cité de dieu, en 2002 s’investi plus profondément dans l’intimité des lieux et montre au monde une réalité des favelas, entre violence et espoir.
L’expansion culturelle et la reconnaissance mondiale de ces espaces témoignent d’un espoir pour ses habitants. Un avenir se dessine dans les yeux des jeunes des favelas qui peuvent s’identifier à des artistes qui leurs ressemblent, et ceux-ci n’hésitent plus à les visiter, les mettre en valeurs, comme on a pu y voir Will Smith, Kanye West et Kim Kardashian. Le président Obama des États-Unis est également allé visiter une favela de Rio, redonnant de l’espoir et de la reconnaissance à ces habitants.
Cette « acceptation » des lieux voit aussi une évolution dans la population s’y regroupant. Une classe populaire de travailleurs s’installent et défont le stéréotype médiatique de ces lieux peuplés uniquement de trafiquants. Cette population qui est souvent qualifiée de “pauvre” a développé des compétences d’autonomie très forte et est devenue débrouillarde, travailleuse, avec un esprit “build-yourown” et un esprit de communauté et d’entraide très fort. On y trouve des femmes de ménage, chauffeurs de bus, chauffeur de taxi, même des policiers, qui décident de vivre dans ces favelas pour plusieurs raisons.
La première est la proximité du centre et l’accessibilité, nombreux se déplacent à pied. On retrouve dans les favelas de plus en plus de commerces (boulangerie, restaurants, bars, magasins, et même des motos taxis). Aussi, même si de nombreux gangs trouvent leur refuge dans les favelas, souvent ce sont les plus bas de la chaine qui s’y retrouvent. Certains mafieux qui réussissent, se retrouvent dans “l’asphalte” qualifié comme étant les quartiers habités par les riches par sa définition propre (route de goudron). Les conditions de travail dans les Favelas sont parfaites : les zones difficilement accessibles par la police, territoire de non-droit, un contrôle de la population et une proximité avec les clients de “l’asphalte”.