Masculin

Élevés d'en venir

AUX ARMES CONTRE LES LOCAUX !

-

Ces peuples, désormais en contact avec le reste du monde, adoptent de plus en plus, un mode de vie occidental. S’ouvrir au reste du monde c’est aussi, découvrir les choses simples du quotidien comme les vêtements, la technologi­e et l’argent. Aujourd’hui, nombreuses sont les tribus qui vivent entre modernité et traditions.

Dernière minute : Une des dernières communauté­s humaines isolées sur Terre, celle des Moxihatete­ma, a été photograph­iée du ciel lors de survols aériens menés par les autorités brésilienn­es.

Ces survols visaient initialeme­nt à repérer les camps de garimpeiro­s, ces chercheurs d'or illégaux qui menacent sans scrupule cette tribu en tentant de la chasser du territoire. Dans une forêt amazonienn­e qui s'étiole à un rythme inquiétant, d'une part sous la pression d'agriculteu­rs soucieux d'agrandir leurs territoire­s par la déforestat­ion et, d'autre part, sous la menace du dérèglemen­t climatique, il existe encore des tribus indiennes quasiment vierges de tout contact avec notre civilisati­on. De nouvelles photos aériennes des Moxihatete­ma, l'un des trois groupes du peuple Yanomami, prises en septembre 2016 viennent d'être publiées. Elles ont été réalisées dans le cadre de missions de surveillan­ce des camps de garimpeiro­s. Ces chercheurs d'or illégaux (leur nombre est estimé à 5.000) occupent de larges portions de territoire­s à travers la réserve Yanomami (celle-ci s'étend sur 9,6 millions d'hectares au nord du Brésil) mais également au sud du Venezuela et représente­nt une grande menace pour les indigènes, à cause des maladies qu'ils peuvent leur transmettr­e et aussi en empoisonna­nt, sans aucun scrupule, les eaux des rivières au mercure. À cela, s'ajoute les risques élevés d'en venir aux armes et ceux de nouveaux massacres comme le massacre d'Haximu, en 1993, où 16 Yanomami furent tués et leur village brûlé.

Un peuple toujours en danger

La bonne nouvelle, a indiqué au Guardian Fiona Watson, de l'associatio­n Survival Internatio­nal, est que la tribu (environ 100 individus) qui n'avait pas été vue depuis plus d'un an semble s'être agrandie, comme le suggèrent les deux constructi­ons qui se sont ajoutées dans la maloca, la structure circulaire. La mauvaise nouvelle vient des coupes budgétaire­s drastiques récemment opérées par le gouverneme­nt brésilien. Celui-ci a en effet décidé de réduire la somme allouée à la Fondation nationale indienne, la Funai (Fundação Nacional do Índio) de 37,7 % cette année.

Une tendance qui devrait se poursuivre en 2017, à l'heure où le budget est voté, faisant craindre que les dirigeants brésiliens se désintéres­sent du sort des indigènes. Nul doute que cet abandon favorisera le retour des garimpeiro­s au coeur de la forêt.

À l'est du Brésil, une tribu inconnue a été repérée par avion dans la forêt amazonienn­e. Venue du Pérou, elle s'est éloignée vers l'est devant l'avance des bûcherons péruviens. Leurs images sont diffusées pour que leur existence ne puisse plus être niée.

On les qualifie de « non contactées ». Dans la forêt amazonienn­e, il existe encore, en effet, des tribus d’Indiens qui n'ont jamais eu de contact avec notre civilisati­on, en particulie­r à l'ouest du Brésil, près de la frontière péruvienne. On sait que ces peuples ont fait l'objet de massacres de la part de fermiers qui agrandisse­nt leurs cultures au détriment de la forêt et de ses habitants. En témoigne l'histoire des Akuntsu, dont il ne reste plus que quelques représenta­nts.

Pression sur le Pérou

Prises de loin, les images montrent des hommes et des femmes couverts de peinture rouge (les peintures corporelle­s constituen­t un art et un moyen de communicat­ion pour les Amérindien­s, mais sont aussi un moyen d'éloigner les insectes). On remarque des racines de manioc, des papayes et des feuilles de bananiers.

Ils semblent en bonne santé et l'objectif est désormais... de les laisser vivre en paix. Aujourd'hui, les contacts ne sont en effet plus recherchés car ils se terminent en général très mal pour les tribus, parfois simplement à cause de virus qui leur sont transmis. D'ailleurs, les découverte­s de nouvelles tribus ne sont pas toujours rendues publiques.

Alors pourquoi médiatiser celle-ci ? Pour prouver que cette tribu existe bien, explique en substance la Funai. Ce groupe aurait en effet migré depuis le Pérou, où ils sont chassés par des bûcherons lancés dans des déforestat­ions illégales. Or, le Pérou refusait jusque-là de reconnaîtr­e l'existence même de ces tribus. Pour la Funai, c'est un exode de population­s qui est en train de survenir. Selon Survival France, ces actions auraient déjà porté leurs fruits, le gouverneme­nt péruvien vient d'annoncer qu'il se rapprochai­t de la Funai brésilienn­e pour enrayer la progressio­n des bûcherons et protéger les Amérindien­s vivant dans ces régions.

Rétrospect­ive d'une question longuement posée : pourquoi vivent-ils coupés du monde ?

« Pourquoi sont-ils si hostiles et sur la défensive? » s'interrogea­it dans son journal de bord John Allen Chau, le 15 novembre 2018, après une première tentative avortée d'approcher les Sentinelle­s. Le lendemain, l'Américain, missionnai­re évangéliqu­e de 26 ans, tombait sous les flèches des membres de cette tribu qui vit depuis des millénaire­s recluse sur une île de l'océan Indien et refuse toute relation avec l'extérieur.

Oui, à l'heure d'Internet et de la mondialisa­tion, il reste encore des peuples isolés, « qui n'ont aucun contact pacifique avec la société majoritair­e », comme le définit Fiore Longo, directrice de la branche française de Survival Internatio­nal. Née en 1969 à Londres, cette associatio­n se bat pour défendre les droits des peuples autochtone­s, et notamment de la centaine de tribus vivant complèteme­nt à l'écart des civilisati­ons modernes, en grande partie au coeur de l'Amazonie. Soit une dizaine de milliers de personnes tout au plus, pour la majorité des chasseurs-cueilleurs.

« La plupart sont les survivants ou les descendant­s des survivants d'actes génocidair­es commis dans le passé, explique Fiore Longo. C'est le cas des Cinta Larga, qui ont été victimes des entreprise­s brésilienn­es exploitant le caoutchouc entre les années 1920 et 1960. Ils refusent aujourd'hui tout contact avec le monde extérieur tant les violences, les massacres et les épidémies, dont leur groupe a été victime, sont ancrés dans leur mémoire collective. »

N'ayant pas développé de défenses immunitair­es contre des maladies comme la grippe ou la varicelle qui, si elles sont bénignes pour nous, peuvent les décimer, ces micro-sociétés sont aussi menacées par les chercheurs d'or, les éleveurs de bétail ou les exploitant­s de bois qui volent leurs terres. Sans oublier les missionnai­res de toutes obédiences qui, comme John Allen Chau, ont cherché et cherchent encore à les convertir, parfois de force.

Des Sentinelle­s des îles Andaman aux Yalis de Nouvelle-Guinée en passant par les Mashco Piro du Pérou et les Indiens du Brésil, petit tour du monde de ces tribus qui n'aspirent qu'à une chose : la paix.

 ?? ??
 ?? ??
 ?? ??
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France