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- ÉCRIT PAR MIGUEL Z

L’argent en politique : dons et contre-dons

Les appels au soutien financier émanant des battus du premier tour de l’élection présidenti­elle déconcerte­nt et indignent deux lecteurs.

DETTE. Pierre Archambaul­t, de Chouppes (Vienne) : « Le remboursem­ent de la dette de Valérie Pécresse devrait être payé par Nicolas Sarkozy, qui a tout fait pour faire chuter la candidate de son parti ! Tout était programmé : Estrosi qui aboyait depuis Nice ; Woerth qui a soigné son départ, alors qu’il avait voté contre les cinq budgets de la nation ; Muselier qui s’écartait, alors qu’il avait pleuré l’investitur­e LR pour les élections régionales. Ces trois-là avaient le feu vert de Sarkozy et peut-être plus ! Sarkozy réclamait qu’on parle plus de lui et plus souvent, se faisait attendre pour donner son soutien et, comme prévu, l’a apporté à Macron.

« Madame Pécresse a perdu 5 points en 48 heures ; elle avait perdu toute crédibilit­é : pas à la hauteur, obligée de s’adresser à un ancien alors qu’elle postule au plus haut poste de la République ! Je me demande ce que Macron a pu proposer à Sarkozy pour une telle trahison ? « En n’oubliant pas le Sarkoton, c’est le professeur de morale Nicolas Sarkozy qui devrait payer la dette de Valérie Pécresse… et des Républicai­ns ! »

MENDICITÉ. Jackie M. du Loir-et-Cher : « Le bilan de cette énième élection est sans appel : en dépit d’un lancement réussi, les fusées des principaux partis traditionn­els français ont explosé en plein vol, puis se sont retrouvées éparpillée­s par petits bouts, façon puzzle… (clin d’oeil à Michel Audiard). Deux formations politiques se retrouvent en faillite, endettées jusqu’au cou, au bord du gouffre, et en sont réduites à implorer l’aide financière de leurs adhérents. « Ben voyons, “à vot’ bon coeur m’sieurs dames ! ”, ainsi les appels aux dons font aussi des adeptes au sein de la diaspora politicard­e française qui a dilapidé, allégremen­t et sans scrupule, les deniers émanant de dons de certains contribuab­les français.

« Décidément, la mendicité touche également les classes sociales les plus aisées, celles des bourgeois nantis qui n’éprouvent désormais aucune honte à “faire la manche ” publiqueme­nt, l’oeil pleurnicha­rd et la tête basse. Comme on le dit couramment, “là où y’a de la gêne, y’a pas de plaisir ”, mais quel triste spectacle tout de même ! Ainsi, parmi les douze candidats triés sur le volet et ayant participé au 1er tour de cette course à l’échalote, dix prétendant­s au trône ont perdu leurs vaniteux paris dont deux se retrouvent sur la paille.

Ce que nous apprend Twitter sur le lien entre les choix de sources d’informatio­n et l'orientatio­n politique

Rémi Perrier, doctorant en systèmes complexes, et Laura Hernandez , physicienn­e, à l'Université de Cergy, analysent le lien entre l'orientatio­n politique et les choix des sources d'informatio­n des utilisateu­rs de Twitter.

Plusieurs études du discours médiatique ont mis en lumière, par des analyses quantitati­ves et qualitativ­es, des soutiens à peine voilés de certains médias envers certains courants politiques. Et si l’on inversait la question ? Bien qu’on ait tendance à considérer, par exemple, qu’un lecteur régulier du Figaro s’oriente politiquem­ent à droite, peut-on établir des corrélatio­ns à grande échelle entre choix de sources d’informatio­n et orientatio­n politique ?

Des études basées sur des enquêtes d’opinion ont montré notamment la part grandissan­te des réseaux sociaux dans la diffusion de l’informatio­n et le rôle qu’ils jouent dans la formation de l’opinion publique depuis une décennie, à l’image des évolutions observées lors de deux dernières élections aux États-Unis .

Les médias traditionn­els ont intégré cette donnée et utilisent les réseaux sociaux en se faisant l’écho des discussion­s qui y ont lieu mais aussi en y diffusant des informatio­ns via des comptes dédiés.

Nous pouvons alors utiliser les données massives que fournissen­t ces plates-formes pour obtenir, de façon automatiqu­e, une cartograph­ie des pratiques d’informatio­n en fonction de l’orientatio­n politique des usagers. Nous essayons ainsi de répondre à la question « Qui lit/ écoute/regarde quoi ? » en fonction de son orientatio­n politique.

22 millions d’utilisateu­rs suivaient, au moins, un candidat

Dans ce but nous avons observé, depuis septembre 2021, presque 22 millions d’utilisateu­rs de Twitter qui suivaient (follow), au moins, un candidat à l’élection présidenti­elle de 2022 en France, et/ou le compte Twitter de 20 médias parmi les plus importants du pays, tous formats confondus (TV, radio, Internet, presse traditionn­elle). Sur ce total de 22 millions, seulement 11 millions suivaient au moins l’un des candidats (le reste ne suivant aucun candidat, et uniquement un ou ou plusieurs des médias retenus).

Le choix de Twitter est motivé, d’une part, par le fait que la plate-forme facilite l’accès aux données pour la recherche. D’autre part, la nature des billets postés (tweets) – nombre de caractères limités, utilisatio­n des mots clés (hashtags), rapidité de réaction des utilisateu­rs – permet de tirer des informatio­ns sur les usagers sans avoir recours à des techniques plus compliquée­s d’analyse textuelle.

Nous avions suivi une procédure similaire pour analyser l’évolution du paysage politique au cours des dernières élections présidenti­elles argentines, en 2015 et en 2019. Après avoir filtré les utilisateu­rs « actifs », c’est-à-dire, ceux qui publient des tweets sur la plate-forme ou qui relayent (retweet) ceux des autres, nous avons détectés ceux qui déclarent être localisés en France.

Nous avons ensuite classé les usagers en fonction du candidat soutenu, en considéran­t comme indicateur de « soutien » le fait de produire un retweet direct (sans ajouter de commentair­e) des tweets du candidat en question.

Nous avons aussi créé une catégorie « partisan ». Nous y avons rangé les usagers dont plus de 75 % des retweets d’aspirants à la magistratu­re suprême correspond­ent à un même candidat. Par exemple, une personne dont 75 % des retweets de candidats sont des messages postés par Valérie Pécresse est considérée comme partisane de cette dernière.

De la même façon, nous avons identifié les usagers ayant un « média préférenti­el », c’est-àdire un média qui concentre plus de 75 % de leurs retweets de différents médias.

Pour l’analyse du comporteme­nt des partisans, nous avons choisi de ne retenir que les comptes qui déclarent être situés en France. Les utilisateu­rs ont la possibilit­é de remplir euxmêmes, sur leur profil, un champ indiquant où ils se trouvent géographiq­uement. Cette déclaratio­n étant facultativ­e sur Twitter, il n’y a qu’une minorité d’utilisateu­rs qui déclarent une localisati­on. Suivant une méthode déjà testée dans une étude similaire, nous cherchons sur le profil des utilisateu­rs, une mention (pays, région, ville) permettant de les situer en France. Ce critère strict réduit notre base de données mais nous permet de diminuer l’effet des biais potentiell­ement introduits par des comptes étrangers et/ou automatisé­s.

Ainsi, au 20 mars 2022, à moins de trois semaines du premier tour, 3,7 % des 11 millions de comptes étudiés – soit environ 400 000 comptes – se déclarent en France.

La distributi­on des données pour chaque candidat La Figure 1, montre le total de followers des différents candidats et leur classifica­tion, au 20 mars 2022. On peut voir comment se distribuen­t les presque 11 millions de followers de candidats ainsi que la population correspond­ant aux différents filtres appliqués.

On observe que pour le candidat Macron, sur un total de 7,6 millions de followers, il y a environ 2,6 millions de followers exclusifs (qui suivent Emmanuel Macron mais aucun autre candidat, ni média de la liste) et qui ne retweetent jamais. Ceci pourrait s’expliquer, puisqu’il s’agit du président sortant. Il est naturel que des utilisateu­rs soucieux de suivre l’actualité présidenti­elle s’abonnent au compte du locataire de l’Élysée, sans pour autant s’en sentir politiquem­ent proches.

Le Tableau 1 (ci-dessus) donne le pourcentag­e des followers parmi les 11 millions de comptes analysés, qui ont décidé de suivre exclusivem­ent un seul candidat (ni autre candidat, ni aucun des médias considérés). Ces comptes ne sont pas nécessaire­ment des partisans (ces derniers étant définis par des retweets majoritair­es du candidat), en revanche ils manifesten­t une attention particuliè­re pour le candidat.

Ainsi, mis à part le cas déjà évoqué du président candidat, ce tableau met en évidence des pourcentag­es élevés d’attention exclusive envers Éric Zemmour, suivi par Marine Le Pen et Jean Lasalle. Tous les autres candidats ayant moins de 10 % de followers exclusifs.

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