C’est, pour Marioupol, la fin d’un siège de deux mois et demi qui aura conduit à sa destruction...
La multiplication des découvertes macabres dans les secteurs "libérés", comme à Borodianka, conduit l’Ukraine et les pays occidentaux à accuser la Russie de "massacres" et de "crimes de guerre". "Chaque crime sera élucidé et chaque bourreau sera retrouvé", promet le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Azovstal, symbole déchu de la résistance
Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, le jeudi 24 février, Marioupol, dans le sud-est du pays, résiste. Jusqu'au vendredi 20 mai, où Volodymyr Zelensky annonce le "sauvetage" des "héros" ukrainiens. Les derniers combattants retranchés dans l'aciérie Azovstal, sont évacués par les Russes, qui, après un pilonnage et, sur les derniers jours, un ratissage méthodiques, prennent le contrôle du site. C’est, pour Marioupol, la fin d’un siège de deux mois et demi qui aura conduit à sa destruction presque totale et tué au moins 20 000 personnes.
Le premier symbole du martyre de la ville portuaire de la mer d’Azov, considérée comme un enjeu stratégique par la Russie, c’est le bombardement, le 9 mars, de l’hôpital pédiatrique de Marioupol. Les images de la maternité détruite, des évacuations de femmes et d’enfants choqués ou blessés, font le tour du monde. Le 16 mars, le théâtre de Marioupol, qui abritait au moins « 500 » civils, selon nos reporters, est frappé par l’aviation russe. Un bombardement qui fait, selon les autorités locales, 300 morts, tous civils.
Les Etats-Unis préparent une loi pour sanctionner les « amis » de Poutine en Afrique
Outre la surveillance des activités malveillantes présumées du gouvernement russe et de ses mandataires, un projet de loi aux USA prévoit des sanctions contre les gouvernements et fonctionnaires africains qui facilitent ou contribuent à de telles activités.
Le Sénat américain, la Chambre haute du Parlement des Etats-Unis, vient d’entamer l’examen du projet de loi relatif à la lutte contre les activités malveillantes de la Russie en Afrique (Countering Malign Russian Activities in Africa Act). Le texte qui a été adopté par la Chambre des représentants le 27 avril dernier, à une écrasante majorité de 419 voix, définit ces activités comme étant celles qui « sapent les objectifs et les intérêts des EtatsUnis ».
Le projet de loi stipule que le secrétaire d’Etat américain devra élaborer une stratégie décrivant les efforts des USA pour contrer l'influence et les activités malveillantes de la Fédération de Russie et de ses mandataires en Afrique.
Cette stratégie repose sur trois grands axes
En premier lieu, le gouvernement américain devra « surveiller de très près les opérations d'influence politique et de désinformation russes ainsi que les activités des compagnies de sécurité privées russes ou financées par la Russie en Afrique ». Cette surveillance doit également s’étendre à d’autres « mandataires du Kremlin tels que des oligarques proches du président Vladimir Poutine, des entrepreneurs financés par le gouvernement russe, et d'autres individus et entités financièrement ou politiquement associés à la Russie qui manipulent les gouvernements africains ainsi que les opinions publiques et les préférences de vote des populations africaines et des groupes de la diaspora, y compris ceux des USA ».
Les personnes ou entités proches du Kremlin qui « réalisent des investissements ou contrôlent de toute autre manière des secteurs stratégiques en Afrique comme l'exploitation des ressources naturelles, les bases militaires, les programmes de coopération dans le domaine de la sécurité en matière et les technologies de l'information et des communications » seront aussi dans le viseur de Washington.
Un mélange de soft power et de hard power
Des outils de soft power devraient par ailleurs être mis à contribution pour réduire l’influence grandissante de l’ours russe sur le continent. Le projet de loi propose en effet de « contrer l’influence de Moscou par le biais des programmes d'aide appropriés des USA » et de mener des actions sur le terrain en Afrique pour « renforcer les institutions démocratiques, consolider la transparence et la responsabilité du gouvernement, améliorer les normes relatives aux droits de l'homme, au travail, aux initiatives de lutte contre la corruption, à la transparence fiscale, surveiller les ressources naturelles et les industries extractives, et d'autres principes de bonne gouvernance ».
Cette stratégie de soft power sera combinée au hard power. Le texte prévoit de « tenir les gouvernements africains ainsi que leurs fonctionnaires et autres individus ou entités complices de la violation ou de la facilitation de l'évasion des sanctions américaines contre la Russie, et ses mandataires responsables de leurs actes, par le biais de sanctions ou d'autres restrictions ».
Le président de la Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, Gregory Meeks, a expliqué que le projet de loi est « conçu pour contrecarrer les efforts du président russe Vladimir Poutine visant à piller, manipuler et exploiter les ressources de certaines régions d'Afrique pour échapper aux sanctions et saper les intérêts des USA ».
Il a également qualifié le texte de « bénéfique à l’Afrique » dans la mesure où il protège, selon lui, « tous les innocents qui ont été victimes des mercenaires et des agents de Poutine, accusés de manière crédible de violations flagrantes des droits de l'homme en Afrique », en allusion aux accusations de violations de droits de l’homme qui pèsent sur les « mercenaires » de la compagnie privée russe de sécurité Wagner en République centrafricaine et au Mali.
Mais certains dirigeants africains estiment que les objectifs des Etats-Unis vont au-delà de la réduction de l’influence russe sur le continent et de la « protection des Etats fragiles d'Afrique », selon les termes de Gregory Meeks.
« Il est évident que les Etats ne sont pas satisfaits de la façon dont tant de pays africains ont voté à l'Assemblée générale des Nations unies et de leur position relativement non alignée (…) Proportionnellement à d'autres régions, un plus grand nombre d'Etats africains n'ont pas soutenu la résolution de l'Assemblée générale du 3 mars, qui condamnait l’invasion de l'Ukraine.
27 pays africains ont voté pour cette résolution. Un seul - l'Erythrée - a voté contre, tandis que 17 se sont abstenus, et les autres étaient absents », souligne Peter Fabricius, consultant à l’Institut des études pour la sécurité (ISS Africa) basé en Afrique du Sud, au Kenya, en Ethiopie et au Sénégal.
Taïwan : cinq minutes pour comprendre les tensions entre la Chine et les États-Unis
Sa prise de parole était attendue, à l’occasion de sa première visite en Asie en tant que président des Etats-Unis. Ce lundi, lors d’une conférence de presse commune avec le Premier ministre japonais Fumio Kishida, Joe Biden est revenu sur les tensions existant entre Taïwan et la Chine, estimant que cette dernière « flirte avec le danger en volant si près (de Taïwan) » et « avec toutes les manoeuvres » qu’entreprennent les Chinois. Le chef d’Etat a d’ailleurs affirmé que les Etats-Unis défendraient militairement Taïwan si Pékin envahissait l’île autonome, engagement qu’il avait déjà pris il y a huit mois.
Dans la foulée, la Chine a appelé Joe Biden à « ne pas sousestimer » sa « ferme détermination » à « protéger sa souveraineté ». « Nous demandons instamment aux ÉtatsUnis (…) d’éviter d’envoyer de mauvais signaux aux forces indépendantistes », a ajouté Wang Wenbin, un porte-parole de la diplomatie chinoise. Après cette nouvelle passe d’armes, quelle est la situation actuelle à Taïwan ? On fait le point.
Quels liens entre la Chine et Taïwan ?
Entre la Chine et Taïwan, c’est une très longue histoire. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’île était rattachée à la Chine, avant d’être cédée au Japon en 1895, à l’occasion de la signature du traité de Shimonoseki, actant notamment la fin de la guerre sino-japonaise. Ce n’est qu’en 1945, après la défaite du Japon lors de la Seconde Guerre mondiale, que Taïwan repasse sous pavillon chinois, quand l’ONU lui en confie la stabilisation.
En 1949, la victoire des communistes en Chine conduit à un exil de nombreux soutiens du gouvernement républicain vers Taïwan, avec en tête l’ancien dirigeant Tchang Kaï-Chek, chassé du pouvoir mais qui revendique toujours le contrôle de la République de Chine. Jusqu’en 1971, Taïwan représentera d’ailleurs la Chine à l’ONU, avant que la Chine populaire ne devienne membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies, excluant de facto Taïwan de l’ONU.
« La Chine martèle que Taïwan fait partie intégrante de la Chine, et estime qu’elle doit être réunifiée, si nécessaire en utilisant la force, notamment en cas d’évolution sur l’indépendance de l’île ou de refus de céder de la part de Taïwan », explique Valérie Niquet, spécialiste des questions stratégiques et politiques en Asie.
« Cette position s’est durcie depuis l’arrivée de Xi Jinping au pouvoir. Seulement, dans les faits, Taïwan n’a jamais réellement appartenu à la Chine, parler de réunification est donc un leurre. Par le passé, la Chine n’exerçait pas de contrôle véritable sur l’île, il s’agissait juste d’une zone d’influence », poursuit l’auteure de « Taïwan face à la Chine », paru aux éditions Tallandier.
Quels intérêts pour la Chine d’avoir Taïwan dans son giron ?
« D’un point de vue objectif, la Chine n’a pas réellement d’intérêt, notamment économique, à envahir Taïwan et à l’avoir dans son giron. Les relations commerciales et économiques sont déjà très étroites entre le continent et l’île, avec une interdépendance très forte. Le régime chinois a d’ailleurs plus d’intérêt à avoir une accalmie pour ses négociations commerciales », complète Valérie Niquet.
Et l’experte de voir la position chinoise davantage comme un choix idéologique : « L’acquisition de Taïwan revêt davantage une dimension idéologique, avec comme objectif principal le maintien du régime en place, considérant que la démocratie est une valeur occidentale. Un discours de plus en plus nationaliste se met en place en Chine, avec le rêve chinois, la renaissance de la nation chinoise, passant par le ralliement de Taïwan. »
Pourquoi les Etats-Unis se disent prêts à défendre militairement Taïwan ?
Lors de la conférence de presse commune avec le Premier ministre japonais, Joe Biden a répondu à plusieurs questions touchant à Taïwan, indiquant notamment que les Etats-Unis étaient prêts à défendre militairement Taïwan en cas d’offensive chinoise. Pour Valérie Niquet, cette déclaration ne remet pas en question la position des derniers mois des Américains, qui aident continuellement l’île à se défendre contre la Chine en leur fournissant des moyens militaires.
« Jusqu’ici, les USA disaient qu’ils ne s’interdisaient pas d’intervenir, laissant la Chine dans l’incertitude, explique-t-elle. La volonté des EtatsUnis est avant tout d’affirmer sa puissance par rapport à ses alliés, mais est aussi une leçon par rapport à la situation en Ukraine, où les Américains avaient déclaré dans les premiers jours du conflit qu’il n’y aurait aucune intervention militaire. Ici, la volonté est de dissuader la Chine d’intervenir, en les avertissant qu’en cas d’invasion, le coût serait considérable pour le pays. »
Une invasion chinoise est-elle possible ?
« Les Etats-Unis ont beaucoup mis en avant les risques d’une intervention chinoise à Taïwan ces dernières années, mais l’exemple de la guerre en Ukraine a changé la donne. La Chine est désormais plus prudente quant à une intervention militaire. De plus, l’armée chinoise n’a aucune expérience du combat depuis 1979 et doit faire face à un obstacle de taille, le détroit de Taïwan, d’une largeur de 130 à 180 kilomètres, où veillent notamment des unités américaines », souligne Valérie Niquet.
Dans le même temps, la spécialiste insiste sur le degré politique d’une telle invasion : « Le coût d’une attaque pour la Chine serait considérable, et en cas d’échec, le coup serait très dur pour le régime. Une intervention dans un avenir proche semble peu probable, surtout si Taïwan continue de se doter de moyens militaires. »
Mbappé restera en France !
Après l'annonce de samedi de la prolongation de Mbappé au PSG, le numéro 7 parisien et Nasser Al-Khelaïfi étaient en conférence de presse ce week-end et ils n'ont éludé presque aucun sujet.
L'affluence des très grands jours ce lundi au Parc des Princes pour la conférence de presse de Kylian Mbappé et Nasser Al-Khelaïfi, faisant suite à l'annonce, samedi, de la prolongation du jeune prodige de 23 ans au PSG pour trois saisons. Après des mois de suspens, de retournements de situation, le président du PSG et "le meilleur joueur du monde", dixit ce dernier, se sont donc exprimés. Voici ce qu'on a appris
Les chiffres d'un contrat que l'on dit pharaoniques
Disons le tout de suite, ce n'est pas vraiment le sujet sur lequel on a eu le plus de réponses. Si depuis samedi, la presse, notamment espagnole avance des estimations, très elevées, Nasser Al-Khelaïfi est resté très discret, comme à son habitude. "Jamais on n'a donné les chiffres, mais ce n'était pas le plus important. Le plus important, c'était le projet sportif. L'argent, le club en Espagne aurait pu payer plus."
Les raisons du choix
Kylian Mbappé a beaucoup insisté sur la fibre patriotique pour expliquer son choix et donc ce revirement de situation, lui qui voulait partir du PSG l'été dernier. "Quitter mon pays comme ça... Il y a ce côté sentimental... Et aussi le projet a changé. Le club a changé beaucoup de choses sur le plan sportif et je pense que mon histoire n'est pas terminée."
Oh capitaine mon capitaine
Non, Kylian Mbappé n'a pas demandé à être capitaine, il salue d'ailleurs le travail et l'influence de Marquinhos dans le vestaire.
Kylian Mbappé nouveau directeur sportif ?
Jusqu'à quel point Kylian Mbappé allait prendre plus de poids dans le projet sportif du PSG? Jusqu'à devenir le directeur sportif de l'ombre? le numéro 7 du PSG a été très clair, même s'il reconnaît qu'il est "toujours partant pour parler football": "Je reste un joueur de foot, je reste ancré dans un collectif, je reste un joueur de foot et je n'irais pas au delà de cette fonction.
Quel rôle a joué Macron ?
La rumeur courrait la aussi depuis quelques jours. elle a été confirmée par Mbappé lui-même. "Oui, on a échangé, c'étaient de bons conseils. On a souvent échangé. Quand on est une figure nationale, tu as des droits et des devoirs. il faut assumer tout ce qu'on est, le joueur et l'homme."
Quelle était la teneur de leurs conversations: "Je l'ai prévenu de mon choix. Il m'a dit qu'il était très content et que c'était une très bonne nouvelle pour le pays."
Les supporters du Real Madrid ne cachent pas leur déception, depuis samedi soir et l’annonce de la prolongation de Kylian Mbappé au Paris Saint-Germain. Lundi, le Français s’est adressé à eux lors de la conférence de presse qu’il a donné au Parc des Princes pour expliquer sa décision de rester dans la capitale française.
"Si j’ai un message pour eux, je veux les remercier, a commencé l’attaquant parisien. Je n’ai jamais porté le maillot du Real Madrid, sauf quand j’avais 14 ans pendant une semaine. Mais ils m’ont toujours accepté comme l’un des leurs et il faut savoir être reconnaissant."
Mbappé a aussi souligné qu’il comprenait la frustration des fans madrilènes. "Je comprends la déception mais j’espère qu’ils comprendront le fait que j’ai choisi de rester dans mon pays. Comme je l’ai dit, en tant que français, j’ai envie d’essayer de mener la France vers les sommets et d’essayer de tirer ce championnat et ce club vers le haut."
Gagner de l'argent en jouant : que vaut la promesse du « play to earn » ?
Un chiot à 150 euros, plutôt bon marché, non ? C'est le français Dogami qui vend ça. Le hic, c'est que le canidé est en 3D. C'est la clé d'accès à un jeu vidéo prévu cet été et vendu comme « le Tamagotchi du troisième millénaire ». Intuitivement, un tel achat est une ruine. Pour ce prix, on pourrait s'offrir trois jeux « AAA » sur PS5 et au pire, si on est vraiment cynophile, pourquoi ne pas ressortir son Nintendogs ? Ce jeu proposait d'élever un chiot sur Nintendo DS. Un hit ! C'est le 13e titre le plus vendu de l'histoire de l'éditeur japonais.
Sauf que Dogami, lui, vous promet de gagner de l'argent en jouant. Un jeu d'argent ? On appelle ça plus exactement du « play to earn » (P2E), littéralement « jouer pour gagner ». Pas d'esprit de Coubertin ici. Dans la généalogie des modèles économiques du jeu vidéo, ce play to earn viendrait remplacer son illustre prédécesseur, le « free to play ».
Vous le connaissez déjà : Candy Crush, Clash of Clans et tous ces jeux mobiles, certes gratuits, mais dont les mécaniques d'engagement font tout pour vous mener à des microtransactions. Au point que certains éditeurs ont franchi le Rubicon en adoptant carrément le « pay to win », comme le célèbre FarmVille, où le joueur doit passer à la caisse pour avoir une chance de finir le jeu. Cet abus en a échaudé plus d'un. Dorénavant, il nourrit le narratif des vendeurs de play to earn, ce nouvel eldorado où l'on inverserait la vapeur pour rétribuer le joueur.
Alors, comment ça marche et est-ce qu'on peut tout plaquer pour élever des chiens sur son PC ? Dans Dogami, chaque crypto-chiot est un NFT, un jeton unique inscrit dans une blockchain. Vous pourrez donc le céder. Plus vous lui prodiguez un élevage de qualité, plus il prend de valeur et, nous y venons, plus vous gagnez d'argent. La monnaie locale est le doga. Cette cryptomonnaie permet d'acheter de la nourriture et des accessoires pour prendre soin du chien. On peut aussi convertir ses gains en euros bien réels - en passant par une conversion intermédiaire en bitcoins ou en ethers.
Dans ces jeux, les personnages dans lesquels on investit deviennent ainsi des actifs financiers . Ils demandent donc un certain investissement en temps pour éviter qu'ils ne se déprécient. La start-up a déjà écoulé 8.000 NFT de chiens auprès d'un public de 12 à 72 ans. Un tiers d'entre eux est féminin, la moitié possède un chien et la même proportion teste ce type de jeu pour la première fois. Le doga a une capitalisation de plus de 195 millions d'euros. En décembre, Dogami a levé 6 millions d'euros auprès d'Animoca Brands, champion mondial des métavers ( The Sandbox, Decentraland ), et d'Ubisoft. Il faudra attendre cet été pour voir si Dogami offre un bon rendement à ses investisseurs et à ses maîtres canins virtuels. L'enjeu ? Réussir à devenir un vrai jeu sans se laisser happer par la seule dimension financière du play to earn.
« Pyramide de Ponzi »
Car à ce jour, beaucoup de ces jeux ne sont pas du tout fun. « Si vous jouez à n'importe quel jeu de play to earn, c'est atroce, pointe Daniel Nathan, CEO du studio Homa Games. Je ne connais personne qui se soit amusé sur Axie Infinity . » C'est pourtant le plus connu du genre. Avec ses monstres rondouillets et colorés, il ressemble à Pokémon. Mais derrière, sa mécanique est discutable…
« Les joueurs actuels sont rémunérés par ceux qui viennent d'arriver. Plus ils achètent de cartes et plus cela génère de l'argent, mais une fois que les premiers ont rentabilisé leur mise initiale, ils laissent la place aux seconds. Pour que ça paie, il faut sans cesse de nouveaux joueurs, ce qui ressemble à une pyramide de Ponzi [montage financier frauduleux, NDLR] ! », pointe Gabriel Mamou-Mani, créateur des NFT Panda Dynasty et membre du collectif WeAreWeb3, qui oeuvre pour un métavers plus éthique. « A moins d'une croissance exponentielle, ce n'est pas soutenable car, pour rémunérer un joueur, il faut bien que l'argent vienne de quelque part et que, à l'opposé, un autre joueur en perde », abonde un bon connaisseur.
Délocalisation 3.0
Le jeu a connu un fort développement pendant la pandémie aux Philippines où beaucoup de travailleurs sans emploi et confinés sont venus trouver dans Axie une source de revenus intéressante. Comme le racontait France 24 en février : « Lumabi joue deux heures par jour dans la petite maison qu'il partage avec ses parents et ses quatre soeurs. Il gagne 8.000 à 10.000 pesos par mois, soit 155 à 195 dollars. De quoi payer ses frais universitaires et ses factures. » Le problème, pour ces joueurs qui espèrent un complément de revenus, est que la monnaie du jeu, la bien nommée « Smooth Love Potion », a perdu 95 % de sa valeur en un an ! De quoi remettre en question le play to earn comme source de revenus sérieuse.
En parallèle, à l'autre bout du monde, des cryptoinvestisseurs attirés par les revenus d'Axie Infinity - mais ne voulant pas passer leur journée dessus - font indirectement appel à ces Philippins pour jouer à leur place. Un tel investissement passe par des intermédiaires, comme Blackpool Finance. Certains voient dans ces « collecteurs de revenus passifs du métavers » un nouveau métier… marqué du sceau de la délocalisation version 3.0.
Faut-il mettre tous ces jeux dans le même panier ? Le fondateur de Dogami s'en défend. « Nous contraignons les joueurs à avoir deux chiens par compte au maximum », indique Bilal El Alamy. De quoi, en théorie, éviter de créer des fermes de joueurs ou travailleurs à la tâche du métavers, faiblement rémunérés. En théorie seulement, car rien n'empêche un individu de créer plusieurs comptes.
Play and earn
Romain Potier, responsable des projets Web3 chez Homa Games, un jeune éditeur de jeux français en pleine accélération dans le play to earn, est convaincu qu'on se trompe de débat. « Ces jeux, et le Web3 en général, promettent surtout d'être propriétaire d'actifs numériques, pas tant de gagner de l'argent en ligne. Je pense que cette mécanique doit venir s'ajouter à des jeux ou des licences existants, et amusants à jouer. »
Bilal El Alamy, qui a lancé son métavers il y a tout juste un an, résume les choses ainsi : « Je pense que le play to earn se transformera en 'play and earn', autrement dit gagner de l'argent ne sera pas la finalité, mais un avantage pour ceux qui jouent beaucoup ou qui jouent bien. » Pour toucher plus de joueurs - trop limités aux sphères cryptos - il voudrait même « tendre vers un accès gratuit au jeu » . Si on a bien tout suivi, du « free and earn » ?
Ces avant-gardistes qui télétravaillent déjà depuis le metaverse
Selon l'humeur du jour, Jeff Weiser s'installe pour travailler dans un café parisien, dans une grotte mystérieuse ou alors depuis l'espace, surplombant la Terre, grâce à un casque de réalité virtuelle, comme des milliers d'autres personnes adeptes du bureau en immersion dans le metaverse.
Cet univers parallèle, accessible grâce à des lunettes de réalité augmentée ou virtuelle (AR ou VR), relève de la science-fiction pour l'écrasante majorité de l'humanité. Mais le metaverse existe déjà au quotidien pour certains, au-delà des joueurs et passionnés de technologies. Comme Jeff, fondateur d'une startup de traduction, qui travaille 25 à 35 heures par semaine avec un casque Oculus sur les yeux, de chez lui, à Cincinnati dans l'Ohio. Il utilise « Immersed », une application de VR qui permet d'afficher plusieurs écrans (ordinateurs, téléphone…) dans le décor de son choix. « On est mieux concentré » , explique-t-il, évoquant les distractions omniprésentes chez soi. « Et en termes d'ergonomie, c'est parfait. Les écrans sont à la bonne hauteur et je peux facilement les agrandir si besoin » .
Il tapote sur son clavier sans le voir et parle, en apparence, dans le vide. Mais dans son monde virtuel, il interagit avec les avatars de ses collègues (certains vivent en Irlande et en Argentine) et même parfois avec des inconnus, dans le mode « public ». La pandémie a donné un coup d'accélérateur aux technologies de télétravail, qui permettent d'abolir les barrières géographiques et de travailler en équipe à distance. Accenture, par exemple, a acheté 60.000 casques de VR pour faire des formations à distance. Pour les start-up sur ce créneau, le Graal est de réussir à répliquer la facilité des interactions dans un vrai bureau.
Rémanence
Sur la plateforme Teamflow, cela se traduit par un bureau virtuel sur leur écran, en forme de plateau de jeu, où les employés déplacent le « pion » qui les représente.
Ils peuvent ainsi « s'approcher » d'un collègue, et si cette personne a connecté son micro, ils s'entendent immédiatement, sans avoir à passer de coup de fil ou taper de message. Mais il n'y a pas de VR, parce que « les casques ne sont pas prêts pour l'instant », estime Florent Crivello, le fondateur de ce logiciel. Il assure « construire le metaverse du travail », en appliquant le principe de la « rémanence ». « C'est une caractéristique essentielle du metaverse. Cela signifie que le monde a une existence qui est séparée de votre présence dans le monde ». Par exemple, les utilisateurs de Teamflow qui « écrivent » sur un « tableau blanc » dans une salle le retrouvent à l'identique quand ils y retournent le lendemain. Environ 1.000 personnes utilisent cette application au quotidien. Immersed, de son côté, dit compter des dizaines de milliers d'adeptes, après un passage difficile fin 2019, quand l'entreprise a failli disparaître. « On avait touché le fond. J'ai dit à mes sept employés, en larmes, qu'il fallait qu'ils cherchent du travail ailleurs », raconte Renji Bijoy, le fondateur. « Ils ont tous décidé de rester et de coder gratuitement ».
Carence
Mais les restrictions sanitaires ont relancé l'intérêt des investisseurs pour cette vision du télétravail.
Et l'appli de VR a décollé, comme d'autres, grâce à l'impulsion donnée par Meta (Facebook), le géant des réseaux sociaux qui possède aussi les casques Oculus et a récemment décidé de se concentrer sur le metaverse.
« Nous essayons de construire un monde où n'importe qui pourra mettre une paire de lunettes et avoir l'impression de se téléporter dans son bureau virtuel », résume Renji Bijoy. Le chaînon manquant ? Des améliorations techniques, bien sûr, mais surtout des avatars « photoréalistes » qui nous représentent tels que nous sommes grâce à des caméras et des capteurs, au lieu des images de dessin animé actuelles.
« On n'en est pas si loin », affirme le patron. « Ça ne va pas prendre cinq ans, ça va être beaucoup plus rapide ».