Masculin

LES ORIGINES d'une légende

DATANT DU MOYEN- ÂGE

-

« Je n’omettrai pas de mentionner le bas-relief du tableau arcadien de Poussin, la sculpture moderne la plus élégante que j’aie jamais vue et qui fait grand honneur au ciseau de Scheemaker… »

De plus, des recherches récentes ont révélé que la première mention connue du monument se trouve dans une lettre de Lady Elizabeth Anson, épouse de l’amiral George Anson, à son beau-frère Thomas en 1756. Cela signifie que le monument doit avoir été construit au plus tard en 1756. Ceci limite la date possible de constructi­on du monument de 1749 à 1756. Ces années sont importante­s car c’est au cours de ces années qu’une figure très énigmatiqu­e est entrée dans la vie de la famille Anson qui aurait pu être à l’origine de la constructi­on du monument. Cette personne n’est autre que le comte de Saint-Germain.

Au coeur de la légende !

La légende du Graal (également connue sous le nom de Quête du Graal, Quête du Saint Graal) s'est développée en Europe vers 1050-1485. Elle est probableme­nt originaire d'Irlande sous forme de folklore avant de paraître sous forme écrite quelque temps avant 1056 dans The Prophetic Ecstasy of the Phantom, un conte irlandais. Le concept fut popularisé par le poète français Chrétien de Troyes (l. c. 11301190) dans son Perceval ou le Conte du Graal (vers 1190) qu'il laissa inachevé et fut complété par d'autres poètes dans les ouvrages connus comme les Quatre Continuati­ons.

L'histoire de Chrétien de Troyes présente un château mystique, un Graal (à ce moment-là un plateau, pas une tasse), une cortège étrange, une femme qui change de forme, et un héros de passage supposé poser une question qui briserait un sort magique; tous les éléments trouvés dans l'oeuvre plus ancienne The Prophetic Ecstasy of the Phantom. Le Graal de Chrétien fut transformé en coupe du Christ lors de la dernière cène par Robert de Boron (XIIe siècle) dans son Joseph d'Arimathie et les écrivains ultérieurs continuero­nt cette tradition. L'associatio­n du Graal avec la coupe du Christ fut standardis­ée par Sir Thomas Malory dans Le Morte d'Arthur (1469), qui est la forme la plus connue de nos jours.

La légende du Graal s'est peut-être développée à partir de rituels chamanique­s celtiques dans lesquels un initié devait passer certains tests pour atteindre un état d'illuminati­on élevé. La quête du Graal, donc, serait une quête du sens de la vie, de la nature du divin, et symboliser­ait le véritable but de la vie d'une personne. La nature résonante des contes de la quête inspire le public depuis des siècles, et les légendes arthurienn­es restent aussi populaires aujourd'hui que par le passé.

L'expert Jessie L. Weston, dans son ouvrage phare From Ritual to Romance, affirme que la légende du Graal se développa à partir des premiers rites orientaux de fertilité qui liaient la santé d'un monarque à celle de la terre.

Le monarque était gardé en bonne santé, ou guéri de tout ce qui l'affligeait, grâce à un rituel qui impliquait tout un cérémonial et des jeux de rôle. Ce concept voyagea grâce au commerce vers l'Europe où il s'exprima dans des contes folkloriqu­es qui se transformè­rent ensuite en littératur­e médiévale.

L'expert arthurien R.S. Loomis cite la première version écrite connue d'une «histoire du Graal» sous le nom de The Prophetic Ecstasy of the Phantom, écrite en Irlande quelque temps avant 1056, peut-être vers 1050, même si ce récit ne mentionne pas un Graal en soi. Dans cette histoire, le haut-roi d'Irlande, Conn, rencontre un cavalier fantôme qui s'avère être le dieu de la fertilité Lugh. Lugh invite Conn à dîner dans son palais, et ils s'en vont ensemble, mais quand Conn arrive au palais, il trouve Lugh déjà sur place et un grand festin déjà préparé. Pendant que Conn est assis, il se voit servir d'énormes portions de viande et de boisson par une jolie jeune fille couronnée connue sous le nom de «Souveraine­té d'Irelande».

Quand elle apporte un calice en or plein de bière à la fête, elle demande à Lug: «À qui cette coupe serat-elle donnée?» et Lugh répond: «Remplis-la pour Conn.» Alors que Conn boit du calice, Lugh entre en transe et donne les noms de tous les descendant­s royaux de Conn. Lugh et son palais disparaiss­ent alors, et Conn reste seul avec le calice.

C'est le genre de conte que Weston présente comme étant né de rituels de fertilité. Les premiers rituels auraient impliqué une figure représenta­nt le roi et d'autres symbolisan­t les forces naturelles qui soutenaien­t et encouragea­ient le règne du roi. Conn dans l'histoire représente la monarchie mais pas le concept de souveraine­té qui est clairement symbolisé par la jeune fille couronnée.

Quand la jeune fille demande au dieu de la fertilité à qui il faut donner l'honneur du calice, il indique Conn — le roi est honoré par le monde naturel et la monarchie est volontaire­ment servie par la souveraine­té naturelle qui est l'acceptatio­n d'un monarque donné par la terre et par le peuple. Lugh assure alors le roi d'une longue lignée ininterrom­pue de descendant­s — d'une fécondité continue — et, une fois le message transmis, les êtres surnaturel­s et leur palais disparaiss­ent, laissant à Conn un souvenir marquant de la rencontre.

Le Perceval de Chrétien de Troyes

Selon Loomis, ce conte irlandais est un précurseur du poème de Chrétien de Troyes Perceval ou le Conte du Graal de 1190 qui est la première fois où l'on mentionne le Graal par son nom dans la littératur­e mondiale. À un moment de ce poème, le chevalier Perceval de la cour du roi Arthur rencontre le roi Pêcheur (aussi connu sous le nom de roi du Graal) qui l'invite à dîner dans son château. Comme dans le récit précédent, le roi Pêcheur arrive au château avant Perceval et une grande fête est prévue. Perceval est témoin d'une étrange procession pendant qu'il mange: une lance saignante, un candélabre et un Graal sont transporté­s devant lui vers une pièce adjacente.

Alors que Perceval suivait sa formation comme chevalier, son instructeu­r lui avait fait comprendre l'importance de ne pas divulguer ses pensées en tenant sa langue et qu'un chevalier ne devait jamais être trop bavard; par conséquent, même s'il voulait demander ce que signifiait cette procession, il reste silencieux. Il se réveille le lendemain matin pour trouver le roi Pêcheur, les serviteurs et le château disparus, envolés, et il est seul pour seller son cheval et continuer son voyage. Plus tard, il rencontre une femme en pleurs qui le gronde pour ne pas avoir demandé à qui servait le Graal parce que, s'il l'avait fait, il aurait pu guérir le roi et la terre.

Le Graal de l'oeuvre de Chrétien de Troyes est un plateau et l'expert arthurien Norris J. Lacy explique comment un public contempora­in aurait compris cela: Le mot lui-même n'est pas enveloppé de mystère. C'est l'une des nombreuses flexions du latin médiéval gradale, un mot qui signifiait «par degré», «par étapes», appliqué à un plat ou un plateau qui était apporté à la table à diverses étapes ou rations du repas.

Dans le conte de Chrétien de Troyes, Perceval aurait dû demander: «Qu'est-ce que le Graal ? Qui sert-il ?» et en posant ces questions, un lien aurait été créé entre le roi blessé et malade, sa terre infertile, et le pouvoir du Graal de guérir et de rétablir. Chrétien de Troyes mourut avant de finir le poème, mais d'autres poètes portèrent l'histoire à sa conclusion dans les Quatre Continuati­ons, Perceval se rachète pour son échec initial, succédant au roi Pêcheur en tant que monarque, et régnant à juste titre sur des terres fertiles et abondantes.

 ?? ??
 ?? ??
 ?? ??
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France