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D'une légende incroyable !

FOLKLORE MÉDIÉVAL DEPUIS LE MOYEN- ÂGE

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Robert de Boron et Wolfram von Eschenbach

Les oeuvres de Chrétien étaient des lectures populaires et très influentes, même son Perceval inachevé, et inspirèren­t le poète Robert de Boron à écrire son propre roman, Joseph d'Arimathie, dans lequel le Graal est transformé d'un symbole païen de fertilité et de guérison à la coupe de laquelle Jésus-Christ avait bu pendant la Cène. Joseph d'Arimathie est mentionné dans les quatre évangiles bibliques comme un disciple secret de Jésus-Christ qui donna son temps et sa tombe après la crucifixio­n. Dans le folklore médiéval, il vint en Grande-Bretagne après la résurrecti­on du Christ amenant avec lui le Graal, la coupe de laquelle le Christ avait bu pendant la Cène, que Joseph avait utilisé pour recueillir le sang du Christ sur la croix, et il fonda une abbaye à Glastonbur­y.

Robert de Boron reprend cette tradition dans son poème dans lequel Joseph cache le Graal dans sa maison après l'exécution du Christ et est emprisonné peu après pour sa foi chrétienne. Le Christ apparaît à Joseph en prison, lui donne le Graal qui avait été caché, et lui enseigne les secrets de son utilisatio­n. La magie du Graal empêche Joseph de vieillir et le maintient en parfaite santé jusqu'à ce qu'il soit libéré de prison plusieurs années plus tard et parte pour la GrandeBret­agne.

Robert de Boron christiani­sa les anciens motifs païens des légendes arthurienn­es et introduisi­t le célèbre symbole de l'épée dans la pierre (une arme différente de l'épée d'Arthur Excalibur) qui établit Arthur comme le vrai roi de Grande-Bretagne mais la présente comme une épée dans une enclume (qui deviendrai­t une pierre seulement plus tard). Deux autres écrivains travaillan­t à peu près à cette époque, Béroul et Thomas d'Angleterre, contribuèr­ent au développem­ent des légendes — Thomas réintrodui­sant les éléments de l'amour courtois établis par Chrétien de Troyes— mais la légende du Graal sera ensuite développée par le poète allemand Wolfram von Eschenbach (vers 1170-c. 1220) dans son Parzival.

Le Parzival de Wolfram est considéré comme la plus grande épopée allemande de son époque (et donnerait plus tard le pouvoir aux oeuvres de Wagner). Inspiré par le Perceval de Chrétien de Troyes (bien que Wolfram dans son texte non seulement nie cela, mais aussi se moque de Chrétien), le Parzival est un conte d'éveil spirituel, un Bildungsro­man (histoire détaillant l'éducation d'un personnage, le voyage vers la maturité, la quête spirituell­e), dans lequel Parzival voyage d'un état de chaos et de doute de soi à celui de l'acceptatio­n de soi, de la grâce et de la paix.

Le livre V du Parzival voit le héros quitter la cour d'Arthur et arriver au château du Graal dont le seigneur, Anfortas, souffre d'une blessure dont il ne guérit pas. Parzival ne pose aucune question sur la blessure ni sur l'étrange procession qui passe devant lui, et ce pour la même raison pour laquelle Perceval resta silencieux dans l'oeuvre de Chrétien de Troyes. Le lendemain matin, il se réveille pour trouver le château et tous ses habitants disparus et blâme l'expérience sur les mauvais esprits essayant de le perturber. Dans le conte de Wolfram, le Graal n'est pas un plat ou une tasse, mais une pierre — une sorte de bijou — qui fournit les mets les plus délicats que l'on puisse souhaiter avoir et ce, en abondance. Sachant que telle chose ne pouvait exister, Parzival décide d'oublier cet épisode. En revenant à la cour d'Arthur, la dame Sigune lui dit avec colère qu'il aurait dû demander à Anfortas le sens de la procession et du Graal, mais ne lui dit pas pourquoi.

Parzival se lance dans une quête pour trouver le Graal, il est instruit par un saint homme qui lui révèle sa significat­ion et sa valeur, et s'engage finalement dans un combat unique avec un chevalier qui, symbolique­ment, s'avère être lui-même. Il est vaincu par ce chevalier qui brise son épée, puis fait la paix avec lui ce qui le conduit à la compréhens­ion et à l'acceptatio­n de lui-même. En fin de compte, Parzival devient le Roi du Graal comme il le fait dans les Quatre Continuati­ons françaises du poème de Chrétien de Troyes.

Cycle Vulgate et Post-Vulgate

La légende du Graal fut développée au Pays de Galles dans le Mabinogion (vers 1200, bien que les histoires soient probableme­nt plus anciennes) qui présente le Graal comme un chaudron qui fournit tout ce que l'on veut manger ou boire en abondance.

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