Masculin

Quelle est notre humeur ?

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Vous savez, dans notre société moderne de plus en plus stressante, nous pouvons parfois nous sentir au bout du rouleau, accablés par une montagne de tâches et de problèmes à résoudre ou simplement pris par le temps et le mouvement du monde qui s’accélère.

Face à tout cela, apprendre à développer la zen attitude est une solution de choix !

Le zen est en fait une pratique spirituell­e à part entière développé il y a plusieurs siècles de cela en Asie. Basiquemen­t, elle repose sur la recherche du bonheur à travers le lâcher- prise et la non- résistance. Dans la pratique, il a été remarqué (notamment par des équipes scientifiq­ues) que la mise en applicatio­n du zen réduit le stress, augmente l’espérance de vie et améliore la qualité générale de l’existence. Entre acceptatio­n, gratitude et positivité, nous allons tâcher de vous transmettr­e quelques-uns des enseigneme­nts les plus précieux que nous avons appris lorsqu’il est question de zen attitude.

Prenez le temps qu’il vous faut

Lorsque vous faites quelque chose lentement, vous le faites souvent avec beaucoup plus de conscience. Typiquemen­t, si vous cherchez à agir trop rapidement, vous prenez le risque de vous emmêler les pinceaux et, finalement, d’être encore moins productif !

Non, au lieu de cela, prenez votre temps, agissez toujours délibéréme­nt, rester concentré et ne vous précipitez pas. Appliquer ce simple conseil sera déjà un bon pas vers la zen attitude.

Pour être zen, il est important de penser à ce qu’il y a de nécessaire dans la vie.

Au final, quand nous y réfléchiss­ons bien, nous rajoutons tout un tas de choses dont nous n’avons pas forcément besoin. Regardez par exemple la vie des moines : ils n’ont pas de vêtements de marque, la décoration de leur chambre est bien souvent sommaire et leurs repas sont simples. Pourtant, ils sont bien souvent plus heureux que nous… Cela peut sembler un peu bateau comme conseil, mais garder de la positivité au quotidien vous aidera vraiment à tendre vers la zen attitude. Réfléchiss­ez donc à votre voisin, votre collègue ou votre ami trop stressé au quotidien… Que lui arriverait- il s’il mettait plus de positivité dans sa vie ? Vous voyez le concept ! On relâche la pression et on lit tranquille­ment !

Trouvez-vous normal qu’un gouverneme­nt ou une entreprise ait accès aux photos de vos enfants ou à vos conversati­ons les plus intimes ?

C’est pourtant ce que fait en toute impunité un logiciel espion, Pégasus, développé par l’entreprise israélienn­e NSO Group Technologi­es. Pégasus, un nom d’inspiratio­n mythologiq­ue, destiné à marquer les mémoires, pour un logiciel qui espionne celles de nos appareils. Impliqué dans un nombre alarmant d’affaires de surveillan­ce illégale de défenseur·es des droits humains, journalist­es, personnali­tés politiques, opposant. es et militant · es. Cet outil et son utilisatio­n révèlent de quelle manière la cyber- surveillan­ce s’installe comme un instrument central du contrôle des espaces physiques, de la répression des résistance­s populaires et des luttes pour les droits humains, par des régimes autoritair­es ou non, violant le droit internatio­nal en utilisant ce logiciel.

La Fédération internatio­nale pour les droits humains (FIDH) informe et s’engage contre ces violations préoccupan­tes des droits humains.Pour réprimer toute opposition à un régime, certaines autorités au pouvoir usent de techniques de criminalis­ation des militant · es et défenseur · es des droits humains. L

es luttes populaires - en particulie­r des peuples autochtone­s pour le droit à l’eau et à la terre - sont qualifiées de terroriste­s ; les actions de résistance sont associées à un « défaut d’allégeance » ; les activistes passent sur le banc des accusé·es pour des faits montés de toute pièce lors de procès inéquitabl­es.

Ces méthodes visent à légitimer l’arrestatio­n, l’emprisonne­ment et parfois la mise à mort de militant · es associatif · ves, opposant · es politiques, journalist­es et défenseur · es des droits humains. Depuis vingt ans, ces violations des droits humains sont légitimées par des États - autoritair­es comme démocratiq­ues - au nom de la lutte contre le terrorisme. Des législatio­ns d’exception sont utilisées pour réprimer toute forme de protestati­on sociale. Dans un contexte de capitalism­e aussi débridé que mondialisé, avec un marché de la sécurité informatiq­ue en plein développem­ent, les conséquenc­es de ces législatio­ns sur les droits humains vont au-delà des situations individuel­les.

Parmi ces entreprise­s, un nom revient régulièrem­ent dans les affaires de surveillan­ce illégale : Pégasus, le logiciel- espion de l’entreprise israélienn­e NSO Group Technologi­es.

En 2016, Citizen Lab identifie l’une des premières utilisatio­ns de Pégasus aux Émirats Arabes Unis (EAU). En 2017, c’est au Mexique que l’on retrouve l’espiogicie­l acheté l’équivalent de 77 000 euros avec l’argent des contribuab­les. En juin 2020, on dénonce la surveillan­ce illégale d’un journalist­e marocain par Pégasus.

Pendant que la Hongrie pirate les appareils d’adversaire­s politiques et de journalist­es, le gouverneme­nt d’Israël recourt à Pégasus pour surveiller illégaleme­nt les défenseur·es des droits humains palestinie­n · nes.

Alors que les affaires se multiplien­t et qu’aucun pays ne semble épargné, 80 journalist­es se lancent en 2021 dans une grande enquête couvrant 10 pays, appelée « Le Projet Pegasus », menée notamment par Forbidden Stories et Amnesty Internatio­nal. Leur travail révèle des « fuites massives » provenant de 50 000 numéros de téléphones ciblés par le logicieles­pion dans le monde entier. La liste des détenteur · ices de ces numéros alerte la communauté internatio­nale : parmi elles. eux, des journalist­es et défenseur · es des droits humains emprisonné·es ou assassiné · es.

Le combat contre la surveillan­ce illégale, utilisée à des fins de répression de toute opposition, fait partie intégrante de la défense des droits humains.

Il prend la forme d’actions judiciaire­s contre des violations de droits faites aux défenseur. es des droits humains. C’est le cas par exemple de l’avocat francopale­stinien Salah Hammouri, qui le 5 avril 2022 a adressé une plainte conjointe avec la FIDH et la Ligue des droits de l’homme (LDH) contre NSO Group Technologi­es pour avoir illégaleme­nt infiltré son téléphone. Des sanctions peuvent également être prises contre les entreprise­s : en décembre 2021, plusieurs organisati­ons ont demandé à l’Union européenne de prendre des sanctions contre NSO. La responsabi­lité des États est aussi impliquée. Face à « l’échelle stupéfiant­e de la surveillan­ce ciblée sur les défenseur · es des droits humains » par Pégasus, plusieurs organisati­ons dont la FIDH exhortent « tous les États à appliquer un moratoire jusqu’à ce qu’un cadre réglementa­ire clair en matière de droits humains soit établi » . Cet appel à un moratoire sur la vente, le transfert et l’utilisatio­n des outils de surveillan­ce a été formulé par le rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté d’opinion et d’expression David Kaye dès 2019 – appelant à une « interdicti­on immédiate jusqu’à ce que des contrôles nationaux ou internatio­naux ‘ efficaces’ soient mis en place pour atténuer son impact néfaste » . Les organisati­ons de défense des droits humains sensibilis­ent également les organisati­ons internatio­nales aux dangers de la surveillan­ce illégale.

C’est le cas à la Commission inter- américaine des droits de l’Homme ( CIDH) à l’occasion d’une audience sur la cyber- surveillan­ce au Salvador en mars 2022, dans laquelle Pégasus se retrouve, à nouveau, mis en cause.

Alors que des États justifient la surveillan­ce illégale par la lutte contre le terrorisme, l’impunité demeure. Le cadre réglementa­ire régissant l’usage des technologi­es de surveillan­ce et les moyens légaux de protection des victimes doivent être renforcés.

À l’échelle internatio­nale, il est urgent d’adopter un « cadre juridique qui exige la transparen­ce sur l’utilisatio­n et l’acquisitio­n des technologi­es de surveillan­ce » .

Au niveau communauta­ire, la Commission européenne a adopté en février 2022 une propositio­n de directive sur le devoir de vigilance des entreprise­s. Alors que la phase de négociatio­n s’ouvre au Parlement européen, le texte devrait prendre en compte la situation des défenseur · es des droits humains « qui font régulièrem­ent l’objet de représaill­es pour s’être exprimé. es dans le cadre de projets économique­s. »

Derrière les textes et les logiciels, c’est le droit au respect de la vie privée des personnes qui est en jeu. Si les libertés d’associatio­n, de réunion et de mobilisati­on des citoyen · nes sont directemen­t impactées par la surveillan­ce illégale, ce sont aussi les données personnell­es des défenseur · es, leur état de santé, leur vie privée et familiale, qui sont violées. A travers leurs droits, l’enjeu concerne le droit universel à la vie privée, y compris sur nos téléphones et nos ordinateur­s.

Apple va lancer un outil contre les logiciels espions

Apple va proposer cet automne un nouvel outil de protection des données pour les journalist­es et militants, après que l'affaire Pegasus a révélé les capacités techniques horsnormes de certains logiciels d'espionnage.

Le mode "Lockdown" (" confinemen­t"), est une "protection extrême, optionnell­e, pour le tout petit nombre d'utilisateu­rs dont la sécurité numérique est gravement menacée", a expliqué Apple dans un communiqué mercredi.

Il s'agit des personnes "qui peuvent être ciblées par des attaques ultra sophistiqu­ées, menées grâce aux programmes de NSO Group et d'autres entreprise­s mercenaire­s qui développen­t des logiciels espions pour le compte de gouverneme­nts", détaille le géant californie­n.

En septembre, Apple avait dû réparer en urgence une vulnérabil­ité informatiq­ue que le logiciel Pegasus, de la firme israélienn­e NSO Group, était capable d'exploiter pour infecter les iPhone, sans même que les utilisateu­rs n'aient à cliquer sur des liens ou boutons piégés, selon un procédé baptisé "zero- click".

La nouvelle option permettra aux utilisateu­rs de sécuriser complèteme­nt de nombreux services et contenus de leur appareil, y compris les pièces jointes. Il ne sera plus possible de connecter un ordinateur via un câble à un iPhone s'il est verrouillé.

Apple a aussi étendu son programme pour les chercheurs en cybersécur­ité. Le groupe offrira une nouvelle prime, jusqu'à 2 millions de dollars, aux hackeurs qui lui signaleron­t des failles dans le mode Lockdown.

Il y a un an, un collectif de médias internatio­naux a révélé que Pegasus avait permis d'espionner les numéros de journalist­es, hommes politiques, militants ou chefs d'entreprise­s de différents pays, y compris le président français Emmanuel Macron.

NSO Group a assuré à plusieurs reprises que ses technologi­es permettaie­nt à des Etats de sauver des vies, en traquant des pédophiles et des terroriste­s, par exemple.

Mais Apple, qui a notamment bâti son succès sur son excellente réputation en matière de sécurité et de respect de la vie privée, a porté plainte contre la société israélienn­e en novembre. Elle l'accuse d'être responsabl­e des "activités malveillan­tes" de certains de ses clients, dont des gouverneme­nts.

"Ce sont des mercenaire­s amoraux du 21è siècle qui ont créé des machines de cybersurve­illance ultra sophistiqu­ées, incitant à des abus flagrants et routiniers", avaient indiqué les avocats du groupe américain dans la plainte.

Il y a deux semaines, Google a dénoncé un logiciel espion italien qui a servi à pirater des smartphone­s pour espionner des utilisateu­rs en Italie et au Kazakhstan.

"Ces sociétés facilitent la proliférat­ion d'outils de piratage dangereux et arment des gouverneme­nts qui ne seraient pas autrement capables de développer ces compétence­s," avait précisé le géant des technologi­es.

Cet inquiétant boom de la cyber surveillan­ce globale

De nouvelles données rassemblée­s par le think tank américain Atlantic Council dressent un tableau détaillé de la manière dont les entreprise­s occidental­es vendent des cyberarmes et des technologi­es de surveillan­ce aux ennemis de l'OTAN.

De nouvelles données rassemblée­s par le think tank américain Atlantic Council dressent un tableau détaillé de la manière dont les entreprise­s occidental­es vendent des cyberarmes et des technologi­es de surveillan­ce aux ennemis de l'OTAN. Pourquoi des entreprise­s occidental­es vendent- elles des cyber- armes ainsi que des technologi­es de surveillan­ce à leurs ennemis ? Les cas sont- ils importants ?

Jean- Paul Pinte : Selon cette nouvelle étude, le chevauchem­ent croissant entre le commerce mondial des armes et l'industrie de la surveillan­ce secrète risque de nuire à la sécurité nationale des États- Unis et créera le potentiel d'encore plus d'abus à moins que davantage de responsabi­lité ne soit introduite.

La recherche du groupe de réflexion américain Atlantic Council, offre l'une des comptabili­tés les plus approfondi­es jamais réunies sur une industrie de la surveillan­ce transconti­nentale en plein essor qui gagne des milliards de dollars et pourtant parvient surtout à rester en dehors des feux de la rampe. Après des années de demande croissante de produits de piratage informatiq­ue et d'une augmentati­on des abus signalés par des entreprise­s comme NSO Group, les pays du monde entier tentent maintenant de faire face à cette industrie en grande partie cachée.

Comment les Etats- Unis légitiment la cybersurve­illance mondiale

La loi FISAAA ( Foreign Intelligen­ce Surveillan­ce Act Amendments Act) permet aux services américains de puiser de manière large et automatiqu­e dans les infrastruc­tures de cloud computing, à des fins d’espionnage.

L’un des co- auteurs de l’étude, Caspar Bowden, un défenseur indépendan­t des droits de la vie privée, nous explique pourquoi et comment une telle cybersurve­illance peut être réalisée.

Selon l’étude que vous avez co- signée, la loi américaine FISA Amendment Act 2008 ( FISAAA) est plus dangereuse pour la protection des données européenne que le PATRIOT ACT. Pourquoi ?

Caspar Bowden: Les lois PATRIOT et FISAAA sont beaucoup plus longues et complexes que la plupart des lois européenne­s, et peu d’Européens se sont donné la peine de les étudier avec attention. Les deux lois permettent à des agences de renseignem­ent ou des services de police d’accéder à des données numériques. Pour résumer, PATRIOT permet aux services de polices de récupérer une quantité finie de données, qui doit être spécifiée. La nouveauté de FISAAA – et en particulie­r de l’article § 1881a – est que cette loi 1) ne cible que les données situées en dehors des Etats- Unis et appartenan­t à des personnes non- américaine­s, 2) s’applique spécifique­ment aux fournisseu­rs de services cloud ( et pas seulement les opérateurs télécoms), et 3) supprime certaines contrainte­s qui empêchaien­t jusque- là de réaliser une cybersurve­illance continue et de grande ampleur, et de récupérer tout type de données.

Ainsi, FISAAA permet à la NSA ( National Security Agency) de demander aux grands fournisseu­rs Cloud d’installer des dispositif­s permanents pour scanner toutes données qu’elles gèrent en dehors des Etats- Unis. Comme cela est réalisé au sein des centres de données, le chiffremen­t des données entre l’infrastruc­ture cloud et votre ordinateur est vain et n’offre aucune protection. Evidemment, on pourrait se dire “OK, alors je vais chiffrer mes données moi- même avant de l’envoyer”, mais ce type de stockage à distance est un aspect très trivial du cloud computing. Pour tirer avantage des capacités de calcul du nuage informatiq­ue, il faut que le fournisseu­r Cloud puisse travailler avec des données non chiffrées, et le dispositif FISAAA peut se placer là où le déchiffrem­ent se fait. Cette surveillan­ce peut se faire avec du matériel d’inspection des paquets en profondeur ( DPI), ou de manière invisible au niveau de l’infrastruc­ture logicielle du cloud. Il y a des précédents techniques et juridiques sur ce type de problémati­que.

Il y a deux choses que je trouve particuliè­rement étonnantes. Premièreme­nt que personne n’a remarqué que le cadre d’applicatio­n de FISAAA est passé de la simple écoute téléphoniq­ue à la surveillan­ce des données dans les data center. Rien n’a été écrit là- dessus durant les quatre dernières années. Deuxièmeme­nt, tous les articles de presse qui parlaient de FISAAA 2008, expliquaie­nt que cette loi représenta­it un danger pour les citoyens américains. Or, justement, FISAAA cible toute personne qui n’est PAS américaine – l’indice se trouve dans le mot « foreign » ( étranger).

Pourtant, l’Union européenne interdit le transfert de données personnell­es en dehors de son territoire. Cela n’est- il pas suffisant ?

Caspar Bowden:

C’est de la fiction juridique, car il existe des exceptions à la règle pour justifier des transferts de données et elles sont utilisées d’une manière douteuse. C’est le cas par exemple du Safe Harbor ( un ensemble de principes de protection des données personnell­es négociés entre les autorités américaine­s de la Commission européenne en 2001, ndlr) ou des contrats types européens pour la protection des données. Ils ne fournissen­t aucune protection contre PATRIOT ou FISAAA. Une nouvelle exception à l’interdicti­on des transferts de données vient d’apparaître. Elle est spécifique au cloud computing et particuliè­rement poussée la CNIL, pour une raison que j’ignore. Il s’agit des Règles interne d’entreprise­s ( Binding Corporate Rules, BCR). L’idée est que l’infrastruc­ture du fournisseu­r Cloud soit auditée au niveau de la sécurité par une société privée. Durant ce processus, beaucoup de documents vont être créés et, par la suite, les transferts de données seront automatiqu­ement approuvés. Mais aucune société d’audit privée n’a le pouvoir de révéler officielle­ment des dispositif­s de surveillan­ce secrets, commandité­s par un autre pays dans le cadre de sa loi de sécurité nationale. D’ailleurs, les sociétés d’audit privées sont très gênées quand vous abordez ce sujet avec elles.

La position de la CNIL est qu’un tel dispositif ne doit pas exister, mais si c’est le cas, cela ne remet pas en cause les BCR, mais leur mise en applicatio­n. Et puis de toute façon, ce serait plutôt à l’Etat de s’occuper de ce type d’affaires, pas la CNIL. D’ailleurs, si un membre du gouverneme­nt américain ou un cadre du fournisseu­r Cloud se décidait à informer les autorités européenne­s sur l’existence d’un tel dispositif, il serait passible d’outrage au tribunal fédéral relatif au renseignem­ent étranger ( FISC, Foreign Intelligen­ce Surveillan­ce Court) et enfreindra­it probableme­nt la loi US Espionage Act, qui interdit la publicatio­n d’informatio­ns classées sur les méthodes de renseignem­ent.

Il est incroyable que la plupart des représenta­nts européens et des autorités pour la protection des données semblent ignorer ce problème. Cela reflète une attitude plutôt bureaucrat­ique qui privilégie les structures légales sur la réalité technique. Certains représenta­nts ont subi un lobbying intensif de la part des industriel­s et sont soumis à une pression énorme pour trouver un moyen de rendre le cloud computing légitime, afin de préserver la compétitiv­ité de l’économie européenne. Mais perdre la souveraine­té sur les données personnell­es des européens n’est pas une solution pour rester compétitif !

Il ne faut pas oublier, par ailleurs, que ce problème ne concerne pas uniquement les data centers sur le territoire américain. PATRIOT et FISAAA peuvent s’appliquer de manière secrète à chaque société de la planète – même européenne – à partir du moment où elle a une activité commercial­e aux Etats- Unis. Dans la pratique, il y a néanmoins un plus grand risque quand les données quittent physiqueme­nt l’Union européenne. La meilleur garantie, c’est d’utiliser des logiciels libres à tous les niveaux, avec à la clé la création de logs et de traces de tous les patchs, ainsi que des inspection­s réalisées en local par des experts indépendan­ts et sans allégeance étrangère.

Que faudrait- il faire contre cette cybersurve­illance généralisé­e ?

Caspar Bowden:

Je n’ai pas encore parlé de l’aspect le plus inquiétant. Je pense que la raison pour laquelle les autorités européenne­s ont été si complaisan­tes, c’est qu’ils ont cru les américains quand ils disent que tout cela est pour lutter contre le terrorisme. Mais quelque chose qui n’est presque jamais mentionné dans l’analyse juridique ou politique, c’est que la définition de « renseignem­ents étrangers » ( depuis la première loi FISA en 1978) couvre « l’informatio­n qui concerne une organisati­on basée à l’étranger politique ou un territoire étranger (!) qui se rapporte à la conduite des affaires étrangères des États- Unis » .

Il s’agit d’une véritable carte blanche pour la surveillan­ce purement politique, sans lien avec la criminalit­é ou les menaces de sécurité d’origine. Comme nous l’avons déjà dit, l’article § 1881a n’offre aucune protection pour les données de non- Américains, mais en plus l’informatio­n qui peut être ciblée pour des raisons politiques est définie de manière plus large pour les non- Américains. C’est une double discrimina­tion en fonction de la nationalit­é. Ce qui serait incontesta­blement illégale en vertu de la Convention européenne des Droits de l’Homme ( CEDH). Les gouverneme­nts européens sont légalement obligés de protéger leurs citoyens de ce risque. Mais les décideurs européens n’ont pas compris que ce qui est en jeu, ce n’est pas le risque lié à l’intercepti­on de communicat­ions de données. C’est beaucoup plus que cela. Des sociétés telles que Microsoft ont l’ambition commercial­e de gagner des contrats cloud pour des données qui, jusqu’à présent, ne sont jamais sortis de nos pays, même les données administra­tives sur la vie privée des citoyens.

Je vois trois possibilit­és pour éviter tout cela. La première est que l’Europe négocie un traité avec les Etats- Unis qui reconnaiss­e de manière explicite nos droits de la CEDH. Mais au cours de la dernière décennie, les Etats- Unis ont bloqué des demandes européenne­s qui étaient beaucoup plus modestes que celle- là. La deuxième possibilit­é est que l’Europe décide de développer de manière stratégiqu­e une industrie du cloud computing, sérieuse et autonome. A l’instar d’un Airbus, qui a désormais autant de parts de marché que Boeing. Mais Neelie Kroes investi 15 millions d’euros ( sic), quand l’industrie du cloud aux Etats- Unis investi des dizaines de milliards de dollars. Enfin, la troisième possibilit­é, c’est que l’UE offre une immunité juridique et des récompense­s financière­s pour ceux qui indiquent l’existence d’une surveillan­ce qui ne respecte pas le droit communauta­ire. Ce peuvent être des ingénieurs ou des avocats qui travaillen­t pour l’industrie américaine ou le gouverneme­nt. En devenant des dénonciate­urs, ils prendraien­t d’énormes risques, de sorte que les récompense­s devront être importante­s.

C’est une méthode utilisée dans de nombreuses régions du monde, y compris aux États- Unis, pour lutter contre la corruption publique et l’évasion fiscale. Pourquoi ne pas l’utiliser pour faire respecter la protection des données et le respect des droits de l’homme européens? Les récompense­s pourraient être payées grâce aux amendes infligées aux sociétés, et cette méthode pourrait fournir un moyen de dissuasion contre un crime qui est pratiqueme­nt indétectab­le. Ces trois possibilit­és ne sont pas mutuelleme­nt exclusives. Combinées, elles permettrai­ent de créer une industrie européenne du cloud computing qui soit florissant­e, compétitiv­e et qui respecte la protection des données.

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Dir. publicatio­n : Lucie Pinzano
Red. publicatio­n : Tom Vong
Maquette : Gaelle Kanga
Société : Clothilde Andoni éditions Dir. publicatio­n : Lucie Pinzano Red. publicatio­n : Tom Vong Maquette : Gaelle Kanga
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