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Trahison de l’ambition écologique

Le premier propose de réduire de 62 % et non plus de 67 % les émissions des industries concernées par le marché carbone européen, donc les industries les plus émettrices comme les secteurs de l’acier, du ciment ou encore des engrais. Autre ambition à la baisse, la demande de prolongati­on des quotas gratuits accordés aux industriel­s jusqu’en 2034 au lieu des 2030. Ces quotas d’émissions faussent le prix du carbone et empêchent la mise en place d’une taxation aux frontières. Le texte sur la réforme du marché carbone est donc renvoyé devant la commission Envi.

Dans un communiqué, la députée EELV Marie Toussaint, membre de la commission Envi, justifie la position de son groupe : « Il est essentiel de réviser l’ETS, mais cet instrument n’est utile qu’avec des objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Une partie du groupe Renaissanc­e s’est mise d’accord avec la droite sur le dos du climat pour détricoter l’accord politique solide de la commission Envi. C’est une trahison de l’ambition écologique pourtant affichée par ce Parlement. »

Pour Neil Makaroff, qui a passé le 8 juin dans les couloirs de l’hémicycle strasbourg­eois, le plus marquant est « le succès des lobbys de l’industrie lourde à disloquer la majorité autour du texte. Avec toujours les mêmes arguments de chantage à l’emploi » . À la différence de l’industrie automobile qui avait publiqueme­nt acté l’échéance de 2035. « L’industrie automobile avait obtenu le report de l’ambition de 2030 à 2035 » , nuance Neil Makaroff. Les autres textes du paquet climat ont été adoptés. En particulie­r un train de mesures sur l’aviation, afin de pousser l’industrie aérospatia­le à financer la baisse de ses émissions en supprimant les nombreux quotas gratuits dont elle bénéficie d’ici 2025. L’aviation est en effet soumise à l’ETS depuis 2012, mais avec un statut spécial non contraigna­nt. Sur les puits de carbone naturels, les eurodéputé­s ont confirmé l’objectif d’absorber — grâce aux forêts, tourbières, zones humides, etc. — 310 millions de tonnes d’équivalent CO₂ d’ici à 2030.

Les eurodéputé­s doivent voter la fin de la vente des véhicules essence, diesel et hybrides neufs au plus tard en 2035. Cette mesure a- t- elle des chances d’être adoptée ?

Neil Makaroff — Oui, elle a des chances d’aboutir, même si certains députés de droite, influencés par les constructe­urs automobile­s, font un intense lobbying pour repousser la date à 2040, voire supprimer toute échéance précise. 2035, c’est pourtant la date minimum si l’on veut respecter notre budget carbone. On a tout intérêt à aller plus rapidement. Une transition rapide vers les véhicules à faible émission est le meilleur moyen de préserver et de créer des emplois : il faut que nos constructe­urs prennent le virage maintenant, avant que des concurrent­s chinois ou américains inondent l’Europe avec leurs véhicules électrique­s. Le gouverneme­nt français n’est d’ailleurs pas ambitieux sur ce sujet, il défend une échéance à 2040 avec une exception pour les hybrides.

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