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POUR SE CHANGER LES IDÉES
L’idée peut paraître étonnante. Elle est cependant cohérente avec le constat fait par de nombreux spécialistes des mouvements extrémistes : chercher à « déradicaliser » les personnes qui ont épousé ces théories est voué à l’échec. Les experts préfèrent parler d’une approche de « désengagement des idées radicales », par laquelle ils poussent les personnes vers un schème de pensée moins toxique.
« Il faut comprendre leur besoin psychologique et l’assouvir, explique le psychologue Jocelyn Bélanger, professeur de psychologie à l’Université de New York et auteur d’une trousse de renseignements sur l’extrémisme violent. Il faut intégrer la personne à un réseau de gens qui n’ont pas ces pensées, et éviter de rejeter la personne pour ses valeurs et ses croyances », dit-il.
Le Centre de prévention de la radicalisation, par exemple, recommande dans certains cas aux proches de personnes tombées dans le complotisme des vidéos « qui ne réfutent pas » les idées de la personne, « mais qui cherchent à susciter sa curiosité ». « Au lieu de dire : “tu as tort”, on va faire en sorte que l’individu fasse par luimême ce cheminement. On n’est pas dans un processus de déradicalisation », explique la coordonnatrice Margaux Bennardi.
Moonshot assure que son programme, financé par une subvention de 1,5 million accordé en 2018 par le ministère fédéral de la Sécurité publique, fonctionne relativement bien auprès des Canadiens. Sur plus de 170 000 recherches liées à l’extrême droite faites sur Google depuis le début de la pandémie, 2500 ont mené à un clic de souris vers du contenu musical qu’elle a poussé. « Ça représente plus de 54 heures de musique », note M. Clark.
Mooshot espère maintenant étendre son programme en utilisant la même méthode pour attirer les internautes vers des ressources d’aide sociale et psychologiques locales. « Notre but, dit M. Clark, c’est de connecter le monde virtuel avec le monde réel. »