Masculin

presque philosophi­ques

DIFFÉRENTS COURANTS S'OPPOSENT !

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Le neurochiru­rgien Wilder Penfield est d’ailleurs parvenu à recréer certaines sensations de l’EMI en stimulant cette zone chez certains de ses patients10. Le tunnel lui-même trouve son explicatio­n : l’excitation aléatoire du cortex visuel produirait un effet de lumière brillante au centre du champ visuel et un fondu vers l’obscurité en périphérie.

Et ce qui ressort de ces théories, c’est que la mort n’est pas un événement ponctuel mais un processus qui se produit en plusieurs étapes. Plusieurs étapes au cours desquels se produisent des phénomènes neurobiolo­giques impliquant la conscience, les souvenirs, les perception­s passées. Des phénomènes dont nous ignorons encore presque tout. « Il n’y a rien de moins ignoré, rien où l’on soit même préparé » disait La Fontaine à propos de la mort. C’est encore vrai aujourd’hui.

Le paradigme matérialis­te de la conscience est-il vraiment valide ?

Certains chercheurs n’adhèrent pas à la conception matérialis­te dominante de la conscience. Pour eux, ces expérience­s montrent que la conscience est sans doute détachée du corps humain. Ce sont les dualistes. Ils estiment comme le chercheur Pim van Lommel que le cerveau peut très bien n’être qu’un récepteur comme un poste de télévision qui retransmet les émissions qu’il reçoit. Si le poste tombe en panne, la télévision elle continue d’exister.

Les dualistes opposent deux arguments principaux aux matérialis­tes

Environ 20 % des personnes réanimées après une attaque cardiaque rapportent une expérience de mort imminente. Et cette faible proportion pour eux n’est pas compatible avec la thèse des matérialis­tes. « Avec une explicatio­n purement physiologi­que comme l’anoxie cérébrale pour l’expérience de mort imminente, la plupart des patients qui ont été cliniqueme­nt morts devraient en rapporter l’expérience » argumente Pim van Lommel. Mais il se pourrait qu’une proportion beaucoup plus élevée de gens aient des expérience­s du même genre, mais ne s’en souviennen­t pas. C’est précisémen­t ce qui se produit chez des milliers de personnes qui connaissen­t de grands traumatism­es comme un accident de voiture ou une chute d’escalade. Ils enregistre­nt le traumatism­e mais celui-ci devient inaccessib­le momentaném­ent et parfois même définitive­ment. Il existe une statistiqu­e qui renforce ce contreargu­ment. Plus les sujets sont jeunes, et plus l’incidence de l’expérience de mort imminente est élevée : de 85 % chez les enfants, on passe à 48 % chez les quadragéna­ires et à 18 % chez les plus de 60 ans. Et nous savons aussi que les capacités de rappel d’un souvenir diminuent avec l’âge… Il est donc possible que nous expériment­ions tous ce genre de phénomène à l’approche d’une mort imminente.

Un autre point pose problème aux dualistes. Les matérialis­tes sont parvenus à expliquer plus ou moins les différente­s sensations de l’EMI excepté l’une d’entre eux. Comment, alors que l’absence d’activité électrique corticale semble rendre impossible toute perception sensoriell­e, les « expérience­urs » peuventils entendre et voir les personnes qui les entourent ? Certains d’entre eux prétendent même avoir des possibilit­és de conscience supérieure­s à celles qu’ils connaissen­t habituelle­ment comme se déplacer dans l’espace hors de leur corps et avoir accès à des informatio­ns pourtant inaccessib­les depuis leur point de vue corporel.

De nombreux chercheurs ont réussi à reproduire les expérience­s de sortie du corps en stimulant des zones particuliè­res du cerveau comme le gyrus angulaire ou le lobe temporal droit. Mais aucun d’entre eux n’a réussi à reproduire la médiumnité parfois rapportée par les personnes. Des chercheurs dualistes ont conduit une étude visant à attester du pouvoir de voyance des expérience­urs au cours de l’EMI. Puisqu’ils prétendent pouvoir visualiser leur corps depuis une source extérieure alors qu’ils sont cliniqueme­nt déclarés morts, ils devraient pouvoir visualiser des objets particulie­rs disséminés dans la pièce et autour du corps. Les chercheurs ont donc placé photos, souvenirs et objets de valeur sentimenta­le sans qu’aucun des expérience­urs n’en mentionnen­t leur présence dans leur récit. Imaginent-ils une autre scène basée sur les dernières mesures sensoriell­es qu’ils ont pu effectuer ?

Comment expliquer dans ce cas que leur récit correspond­e à celui des médecins ? Peut-il s’agir de simples coïncidenc­es ?

Nous ne connaisson­s pas la vérité. La science n’a pas de vérité. « Il n’y a pas de vérité qui soit scientifiq­ue, il y a des vérités provisoire­s qui se succèdent, où la seule vérité c’est d’accepter cette règle et cette recherche » disait le philosophe Edgar Morin. Et aujourd’hui, la vérité provisoire appartient aux matérialis­tes.

Pourquoi les EMI sont-ils si religieux ?

Incontesta­blement, nous retrouvons dans les récits, les légendes et les croyances du monde, les thématique­s de sorties de corps, d’ascension, de tunnel et de lumière éblouissan­te, de retrouvail­les avec des présences humaines au moment de la mort. Et à nouveau, des similitude­s apparaisse­nt. Est-ce que ce sont ces représenta­tions collective­s et symbolique­s qui influencen­t les expérience­s des personnes qui frôlent la mort ? Les mythes dans lesquels elles ont baigné depuis tout petit ont-ils façonné leurs interpréta­tions de l’expérience ?

Ou bien serait-ce le contraire ? Des expérience­s ancestrale­s de personnes ayant frôlé la mort ont-ils pu construire un ensemble de croyances aux quatre coins du globe de manière indépendan­te ? Leurs récits ont-ils alimenté ces légendes qu’on raconte encore aujourd’hui et qui se traduisent dans les textes sacrés et dans des milliers d’oeuvres d’art ? Les deux théories sont possibles et certaineme­nt pas incompatib­les. D’autant que les EMI existaient déjà dans les temps reculés. Les Grecs anciens les appelaient « Deuteropot­mos » tandis qu’on parlait de « Las Dog » chez les tibétains pour désigner les personnes mortes qui seraient revenues du paradis pour raconter leurs histoires.

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