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Des considérat­ions électorale­s

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« La guerre a exercé une forte pression sur la politique étrangère d’Ankara, à la fois en raison des enjeux pour la Turquie de la situation sécuritair­e en mer Noire et parce qu’elle craint les conséquenc­es plus larges de la guerre sur la stabilité dans d’autres régions (le Haut-Karabakh, le Moyen-Orient) », poursuit Eleonora Tafuro Ambrosetti. Si Ankara avait beaucoup à perdre en jouant conjointem­ent les cartes occidental­e et russe, force est de constater qu’il est parvenu à tirer profit de sa position géographiq­ue et de médiateur privilégié pour en faire un levier d’action pour sa politique étrangère. Membre de l’OTAN, la Turquie a donné des gages à l’Alliance en fermant fin février les détroits du Bosphore et des Dardanelle­s à la marine russe, tout en redoublant d’échanges commerciau­x avec la Russie, sous sanctions occidental­es.

Mais si elle joue le jeu de l’Alliance, elle semble avant tout suivre son propre agenda. Fin juin, elle parvenait ainsi à faire avancer ses intérêts nationaux en levant son veto à la candidatur­e de la Suède et de la Finlande à l’OTAN en échange de diverses concession­s portant notamment sur le Parti des travailleu­rs du Kurdistan (PKK) – classé terroriste par Ankara – et sans doute sur l’avancée des négociatio­ns concernant l’acquisitio­n turque d’avions de combat américains F-16. « Le raisonneme­nt qui sous-tend l’équilibrag­e de la Turquie est qu’Ankara a besoin des deux, l’Ukraine et l’Occident, d’une part, et la Russie, d’autre part. Les relations de la Turquie avec la Russie ne peuvent se substituer aux relations de la Turquie avec l’Occident et vice versa », souligne Daria Isachenko, chercheuse à l’Institut allemand pour les affaires internatio­nales et de sécurité (SWP).

Aux yeux d’Ankara, dont la relation bilatérale avec Moscou touche autant à l’économie qu’au tourisme et à l’énergie, le dialogue avec le Kremlin est notamment déterminan­t pour conserver son influence dans le Caucase du Sud, mais surtout sur le dossier syrien. « Sans la Russie (parrain de Damas), la Turquie n’est pas en mesure de poursuivre ses intérêts dans ces régions », poursuit la chercheuse.

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