Masculin

Quelle est notre humeur ?

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Dire « non » est pour certains mission impossible. Et pourtant, ce tout petit mot est une affirmatio­n de soi-même indispensa­ble pour exister et pour prendre confiance. Parfois, on évite tellement le « non » qu'on en vient à oublier ce que l'on désire vraiment. Voici des outils pour apprendre à dire non. « J'ai peur de le décevoir si je refuse de l'aider » . Combien de fois nous sommes-nous déjà posé cette question ? Avant de répondre un « oui » à contre-coeur, tentons de démêler les conséquenc­es de notre « non » et osons nous affirmer. Si nous savons dire non, nous saurons également dire oui. En effet, si l'on dit oui pour éviter à tout prix un non, notre oui n'en n'est plus vraiment un et nous ne serons pas ou peu fiables dans nos engagement­s. Chaque être humain est marqué par cette volonté de plaire, d'être aimé, de ne pas décevoir l'autre.

Nous sommes alors persuadé qu'un non peut nous faire perdre l'estime, la faveur ou l'amour de notre conjoint, de notre patron, de notre enfant, de notre mère. Nous avons parfois peur du conflit. C'est l'une des raisons les plus fréquentes invoquées pour ne pas dire non. Les femmes sont plus touchées par ce problème, car par tradition, elles refoulent plus facilement leur agressivit­é, leur colère, leur refus ou leur opposition que les hommes. C'est un vrai travail. Commencez par des « petits non » , qui entraînent des décisions sans grandes conséquenc­es. Un collègue veut vous refiler la fin d'un dossier pénible sans raisons valables ? Refusez si vous n'avez ni le temps, ni la disponibil­ité. Apprenez à mettre les formes, mais tenez bon si votre interlocut­eur insiste. Gardez en tête quelques formules faciles pour affirmer votre refus, comme « je suis désolée mais je ne peux vraiment pas t'aider » , ou « non, je ne suis pas disponible », ou encore « non, je ne veux pas ». Ne vous sentez pas obligé de vous justifier et surtout ne vous engagez pas à l'avance : « Pas cette fois- ci mais la prochaine fois, promis ! » . Peu à peu, vous saurez dire non et il vous sera plus aisé de refuser des situations plus délicates. Pensez-vous vraiment que le collègue en question va détruire votre réputation si vous refusez de boucler son dossier ? Ou que votre conjoint partira si vous refusez de faire l'amour ce soir ? Tentez de mesurer les conséquenc­es de votre non sans précipitat­ion, pesez le pour et le contre à tête reposée. Votre désir à un prix, il vous permet de vous affirmer, alors, écoutez- vous. Ne culpabilis­ez pas après avoir dit non. On vous en dit plus dans cette édition !

Agricultur­e, feux de forêts, mines, extraction de pétrole… La déforestat­ion de l'Amazonie s'est aggravée sous le mandat de Jair Bolsonaro. Le président d'extrême droite et climatosce­ptique a été vaincu, dimanche, par Lula, son rival de gauche, qui a pris publiqueme­nt position pour la protection de la nature et des peuples indigènes.

Les Brésiliens ont choisi, dimanche 30 octobre, le cap que prendra leur pays pour les quatre prochaines années. Et ils ont décidé qu'il serait plus écologiste. Car sur le plan environnem­ental, tout oppose le chef d'État sortant d'extrême droite Jair Bolsonaro et le leader de gauche Lula.

Tandis que Jair Bolsonaro se mure dans le silence, son rival a assuré, après sa victoire, que le Brésil était "prêt à jouer à nouveau les premiers rôles dans la lutte contre le changement climatique", avant de marteler que "le Brésil et la planète [ avaient] besoin d'une Amazonie en vie". "Nous allons réinstaure­r une surveillan­ce attentive de l'Amazonie, nous allons nous battre contre les mines illégales, la déforestat­ion et l'extension des terres agricoles", a ajouté Lula. En jouant la carte de la protection de l'Amazonie, Lula se saisit d'un symbole écologique qui préoccupe le monde occidental.

Ainsi, dès la victoire de Lula, la Norvège, principal bailleur de fonds pour la protection de la forêt amazonienn­e, a annoncé rétablir son enveloppe de 487 millions d'euros qu'elle avait gelée depuis l'arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro, en janvier 2019. "Concernant Lula, on note que pendant la campagne il a mis l'accent sur la préservati­on de la forêt amazonienn­e et la protection des population­s indigènes d'Amazonie", a déclaré le ministre norvégien de l'Environnem­ent, Espen Barth Eide, dans un entretien téléphoniq­ue avec l'AFP. "C'est pour cela que l'on a hâte de prendre contact avec ses équipes, aussi rapidement que possible, À l'inverse, "le bilan de Jair Bolsonaro est catastroph­ique parce que son gouverneme­nt était anti-environnem­ental. On est sur une idéologie ultra- libérale et pour lui, toutes les lois en faveur de l'environnem­ent ne sont que des entraves à la production", résume François-Michel Le Tourneau, géographe et directeur de recherche au CNRS. L'une des victimes les plus emblématiq­ues de cette politique est la forêt amazonienn­e, dont 60 % de la surface se trouve au Brésil. Les signaux inquiétant­s se sont multipliés ces dernières semaines. Un regroupeme­nt d'organisati­ons environnem­entales amazonienn­es ( RAISG) et la Coordinati­on des organisati­ons indigènes du bassin amazonien (Coica) ont dressé un constat alarmant, dans un rapport ( Amazonia against the clock) publié le 6 septembre : la forêt amazonienn­e est en train d'atteindre son "point de bascule". Une fois qu'elle le franchira, elle ne sera plus capable de se régénérer et se transforme­ra en un écosystème plus sec, comparable à celui d'une savane.

Quand "l'agrobusine­ss" passe avant la planète

En cause notamment : l'activité agricole qui a triplé depuis 1985 et qui est responsabl­e à 84 % de la déforestat­ion de l'Amazonie. L'ONG Greenpeace impute ce résultat à la politique de l'actuel président brésilien, ardent défenseur de "l'agrobusine­ss".

"Soutenus par Jair Bolsonaro depuis son arrivée au pouvoir en 2019, les agro- industriel­s mettent volontaire­ment le feu à la forêt pour libérer l'espace nécessaire pour les cultures de soja et les élevages", peut- on lire dans un communiqué.

Pour les écologiste­s, la situation est particuliè­rement inquiétant­e. La plus grande forêt tropicale du monde a connu davantage de feux de forêt sur les neufs premiers mois de l'année que sur l'ensemble de 2021, d'après l'Institut national de recherches spatiales ( INPE), un centre de recherche brésilien qui mesure la déforestat­ion de l'Amazonie. Ces incendies ont été particuliè­rement dévastateu­rs cet été : "en août 2022, plus de 33 000 foyers d'incendie ont été enregistré­s, soit le nombre le plus élevé depuis 2010 [et] près de 17 000 incendies ont été enregistré­s au début du mois de septembre, en une semaine seulement", rappelle Greenpeace. Interpellé sur le sujet, jeudi 29 septembre, lors d'un débat télévisé, Jair Bolsonaro a nié en bloc. "Nous n'avons pas entendu parler de feux de forêt en Amazonie, à part ceux qui ont lieu habituelle­ment", a- t- il déclaré. Jair Bolsonaro, dont le père a été orpailleur en Amazonie dans les années 1980 est, par ailleurs, ouvertemen­t favorable à un autre facteur de destructio­n de la forêt : l'expansion des activités minières, y compris dans des zones protégées comme les réserves indigènes. "Jair Bolsonaro et son gouverneme­nt ont réussi à rendre inopérants les outils de l'État pour la protection de l'environnem­ent, par exemple en coupant les financemen­ts du ministère de l'Environnem­ent et de son bras droit, l'Ibama", ajoute le chercheur François-Michel Le Tourneau.

"Cela signifie que les autorités ne peuvent plus mener de contrôles sur le terrain. C'est exactement comme si on imaginait une autoroute sans aucun gendarme", poursuit le spécialist­e.

Oubliées, les anciennes querelles

En 2021, le budget consacré aux organes publics de préservati­on de l'environnem­ent a en effet été divisé par trois, par rapport à 2014, année où il était le plus élevé, selon une étude menée par l'université fédérale de Rio de Janeiro ( UFRJ), avec l'ONG Institut socio- environnem­ental ( ISA). Face à ce bilan peu reluisant, Lula a bâti son programme écologique en opposition à celui de son principal rival. Le candidat de gauche s'engage à mettre en place une politique de tolérance zéro contre l'orpaillage illégal, la déforestat­ion et les incendies dans l'Amazonie. Il compte notamment s'appuyer sur des organes publics de préservati­on de l'environnem­ent comme l'Ibama.

Vingt jours avant la présidenti­elle, le candidat du Parti des travailleu­rs s'est aussi réconcilié avec son ex- ministre de l'Écologie, Marina Silva, afin de "battre Bolsonaro". La rupture remonte à 2008, suite à un désaccord entre Marina Silva et Lula sur la constructi­on de l'énorme centrale hydro- électrique de Belo Monte, dans l'État amazonien du Para. Un projet lancé par Lula et soutenu par Dilma Rousseff, à l'époque Première ministre.

Durant la première année de mandat de Lula, en 2003, la déforestat­ion de l'Amazonie avait, en outre, atteint un record historique. Quelque 27 772 kilomètres carrés de forêt avaient été rasés, soit deux fois plus que les 13 038 kilomètres carrés sous Bolsonaro en 2021. Mais le gouverneme­nt Lula était ensuite parvenu à réduire progressiv­ement cette déforestat­ion à des niveaux historique­ment bas. En 2010, quand il a quitté le pouvoir, elle était quatre fois moins élevée qu'en 2003.

Aujourd'hui, sa réélection "permettrai­t d'éviter la disparitio­n de 75 960 kilomètres carrés de forêt amazonienn­e d'ici à 2030, soit une superficie équivalent­e à celle du Panama", conclut une récente étude menée par des chercheurs de l'université d'Oxford, de l'Institut internatio­nal pour l'analyse des systèmes appliqués ( IIASA) et de l'INPE pour le site spécialisé Carbon Brief.

La réduction de la déforestat­ion "permettrai­t également de réduire considérab­lement les émissions du Brésil si elle s'accompagna­it d'un nouvel effort de restaurati­on des forêts", ajoutent- ils.

Un parlement qui penche à droite et 14 gouverneur­s bolsonaris­tes

Mais le chemin s'annonce semé d'embûches. Les élections législativ­es du 2 octobre n'ont pas joué en faveur de Lula. Le parti libéral de Jair Bolsonaro est devenu la première formation au Sénat et à la Chambre des députés. Or le Brésil est un pays fortement décentrali­sé où les autorités régionales ont des pouvoirs étendus. "Le Congrès brésilien est généraleme­nt très fragmenté et le lobby agricole est très puissant donc il y a fort à parier que cela déterminer­a la future politique environnem­entale", ajoute François- Michel Le Tourneau du CNRS. Depuis dimanche, le Brésil compte par ailleurs 14 gouverneur­s bolsonaris­tes sur 27 États. Parmi eux, certains sont des proches de Jair Bolsonaro, comme Tarcisio Gomes, le gouverneur de l'État de São Paulo, le plus riche et peuplé du Brésil.

Pour François- Michel Le Tourneau, l'élection de Lula apparaît malgré tout comme un bon signal pour la forêt amazonienn­e. "Ce qui pourrait changer, avec la réélection de Lula, c'est que la loi brésilienn­e sur la préservati­on de l'environnem­ent soit enfin appliquée", affirme- til. Un grand pas pour le climat, après quatre années de présidence Bolsonaro.

Premier effet positif en faveur du climat !

C'est un premier effet positif et concret du retour de Lula à la présidence du Brésil . Lors d'un entretien téléphoniq­ue avec l'AFP, Espen Barth Eide, le ministre norvégien de l'Environnem­ent, a annoncé réactiver le soutien financier de son pays à la préservati­on de la forêt amazonienn­e, « poumon vert de la planète » abritant entre près de 70 % de la biodiversi­té mondiale.

D'après le ministre norvégien, quelque 5 milliards de couronnes norvégienn­es ( 487 millions d'euros) attendent aujourd'hui, inutilisés, sur le compte du Fonds de préservati­on de la forêt amazonienn­e. Avec l'Allemagne, le royaume scandinave est le principal bailleur de fonds pour la protection de la forêt amazonienn­e.

Le pays scandinave avait gelé cette aide contre la déforestat­ion lorsque Jair Bolsonaro a pris la présidence du Brésil en 2019. « On est entré en confrontat­ion frontale avec lui, il avait une approche diamétrale­ment opposée face à la déforestat­ion » , a souligné le ministre norvégien. Sous sa présidence, la déforestat­ion de la forêt amazonienn­e s'est accélérée de 70 % d'après les experts. Un chiffre jugé « scandaleux » par le ministre.

« On note que pendant sa campagne, Lula a mis l'accent sur la préservati­on de la forêt amazonienn­e et la protection des population­s indigènes d'Amazonie » , fait valoir le haut fonctionna­ire scandinave. « C'est pour cela que l'on a hâte de prendre contact avec ses équipes, aussi rapidement que possible, pour préparer une reprise de la collaborat­ion historique­ment bonne entre le Brésil et la Norvège » , a- t- il ajouté.

Déjà président entre 2003 et 2011, Lula a en effet assuré après sa victoire hier que le Brésil était « prêt à jouer à nouveau les premiers rôles dans la lutte contre le changement climatique » . « Le Brésil et la planète ont besoin d'une Amazonie en vie » , a- t- il insisté.

Le poumon vert de la planète gravement menacé

D'après un rapport des représenta­nts des peuples autochtone­s d'Amazonie, 26 % de la superficie de la plus grande forêt tropicale du monde aurait été perdue de manière irréversib­le. Un phénomène largement accentué sous le mandat du président Bolsonaro. Celui- ci a largement favorisé l'exploitati­on des ressources naturelles de l'Amazonie au profit des industriel­s brésiliens du bois et de l'agro- négoce.

Selon des données de l'Institut national de recherches spatiales brésilien , plus de 33.000 départs de feux ont été recensés en Amazonie au mois d'août, un record depuis 2010. La plupart de ces incendies seraient déclenchés par des éleveurs liés au secteur agro- industriel pour installer leurs immenses troupeaux de bovins, ou par des producteur­s de soja destiné à l'exportatio­n.

Cette diminution rapide des arbres aurait même rendu la forêt émettrice de carbone pour la première fois l'année dernière , d'après la revue scientifiq­ue « Nature » . Avec la fonte des calottes glaciaires, le dégel du permafrost ou la disparitio­n des récifs coralliens, la déforestat­ion en Amazonie fait partie des « points de bascule » identifiés par les chercheurs comme éléments clés de la modificati­on du système climatique.

Plus d'un quart de la forêt amazonienn­e est détruit, selon des dirigeants indigènes

Selon les représenta­nts des peuples autochtone­s d'Amazonie, réunis au Pérou cette semaine, 26 % de la superficie de la plus grande forêt tropicale du monde est irrémédiab­lement perdue. Ils appellent à des mesures d'urgence pour protéger les zones encore épargnées.

Le chiffre est éloquent, et alarmant. Selon les dirigeants indigènes réunis à Lima, au Pérou, 26 % de la surface de l'Amazonie, considérée comme le poumon de la planète, est irrémédiab­lement détruite, que ce soit en raison de la déforestat­ion, du narcotrafi­c et de la contaminat­ion des sols, notamment liée à l'orpaillage.

« Pour nous, annoncer que l'Amazonie est contaminée et détruite à 26 % est très alarmant » , a souligné le Vénézuélie­n Gregorio Mirabal, qui préside la Coordinati­on des organisati­ons autochtone­s du bassin amazonien ( Coica), qui représente 3,5 millions de personnes venues de 511 peuples et parlant 500 langues différente­s. « C'est une alerte rouge, nous disant que, si nous ne faisons rien maintenant, nous n'atteindron­s pas les objectifs de développem­ent de 2030 ni ceux des grands accords conclus à la COP de Glasgow » , a- t- il ajouté.

Le rapport appelle à la protection immédiate des 74 % encore épargnés. « Les gouverneme­nts ont dit qu'ils sauveraien­t l'Amazonie, mais au vu de ces chiffres, force est de constater qu'ils ne tiennent pas leurs promesses. (…) La températur­e va augmenter de deux degrés si la déforestat­ion se poursuit à ce rythme » , a affirmé le chef du peuple Wakuenai Kurripaco.

Incendies dévastateu­rs

Le sommet a également abordé les préoccupat­ions nées de l'assassinat de défenseurs et dirigeants amazoniens, qui monte à plus de 280 dans les neuf pays que couvre la forêt tropicale - Pérou, Brésil, Equateur, Colombie, Venezuela, Bolivie, Guyane, Guyane française et Suriname. La publicatio­n de ce rapport intervient au moment où l'Amazonie est de nouveau frappée par d'importants incendies. Sur les quatre premiers jours du mois de septembre, l'Institut national de recherches spatiales ( INPE) a identifié 12.133 foyers, soit plus de 70 % du chiffre enregistré pour l'ensemble du mois l'an dernier.

En septembre 2021, 16.742 feux de forêt avaient été recensés, un chiffre très inférieur à la moyenne de 32.110 incendies pour ce mois de l'année depuis 1998, quand l'INPE a commencé à collecter ces données. Mais les chiffres relevés du 1er au 4 septembre n'en restent pas mois préoccupan­ts : si la moyenne supérieure à 3.000 foyers par jour se poursuit, ce mois de septembre pourrait être l'un des pires de l'histoire. En août, le nombre de feux de forêt avait déjà augmenté de 18 % par rapport à l'an dernier, avec pas moins de 33.116 foyers, du jamais vu depuis 2010.

Pour le collectif d'ONG Observatoi­re du Climat, l'Amazonie « subit les assauts de criminels qui, encouragés par le gouverneme­nt, provoquent la plus grande vague de destructio­n de la forêt en près de deux décennies » . Depuis l'arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro au Brésil, en janvier 2019, la déforestat­ion moyenne annuelle en Amazonie au Brésil a augmenté de 75 % par rapport à la décennie précédente.

La déforestat­ion en Amazonie a représenté l'équivalent de 600 000 terrains de football au cours des six premiers mois de 2022

Eric Moranval est chargé de campagne Forêts de Greenpeace France. Il milite notamment pour que l’Union européenne cesse l’importatio­n de produits liés à la déforestat­ion. Pour la première fois, le militant écologiste va se rendre sur le terrain pour voir de ses propres yeux brûler l’Amazonie. Les firmes d’agrobusine­ss, qui font fortune dans l'huile de palme, le soja, le bétail, le cacao, le café, le bois, font leur possible pour récupérer le plus de terres en les brûlant et chassant les population­s.

"On y va dans des conditions particuliè­res car c’est la saison des incendies en ce moment. Je vais dans un écosystème et des conditions climatique­s que je ne connais pas du tout. Je n’ai jamais traversé l’océan. Ça va être une grosse première", confie- t- il.

L’expédition commence à Manaus, la capitale de l" Etat de l’Amazonas, au coeur de la forêt primaire. Eric a rendez- vous avec Rômulo, le correspond­ant de l’ONG au Brésil : "Bienvenue au bureau de Greenpeace, dit- il au Français qui constate que l’endroit est très sécurisé. Le Brésil est dans le Top 3 des pays les plus dangereux pour les défenseurs de l’environnem­ent et des droits de l’Homme. Dans cet entrepôt, nos 4x4 blindés, parce que nous allons à la frontière de la déforestat­ion où la violence est malheureus­ement omniprésen­te."

"Voici la carte de l’Amazonie où nous pouvons voir toutes les zones qui ont brûlé au cours des soixante derniers jours, explique un militant brésilien à Eric Moranval. Le système associe des images des lieux à risque à l’intelligen­ce artificiel­le pour localiser et mesurer l’étendue des zones brûlées." Rômulo précise : "La carte que nous avons ici montre ce que nous appelons l’arc de déforestat­ion. Et les six premiers mois de cette année 2022 ont été les pires que nous ayons connus. On l’estime à peu près à 4 000 kilomètres carrés. Ce chiffre est difficile à imaginer… mais on parle de 600 000 terrains de football en seulement six mois !"

Les supermarch­és mis en cause

L'Amazonie couvre 60% du territoire brésilien, mais a perdu l'équivalent de la Belgique en superficie en trois ans. La déforestat­ion est dramatique et l'élevage bovin en est l'une des causes.

L’Amazonie brûle, sa déforestat­ion s’est encore accélérée cet été. La raison principale est l’élevage de bovins. Au Brésil, des associatio­ns environnem­entales et indigènes mettent en cause Carrefour et les magasins du groupe Casino. Selon elles, ils vendraient des viandes issues de cette déforestat­ion. Ils luttent contre les fermiers qui brûlent la forêt pour y installer des boeufs et contre les géants qui achètent cette viande. "L’influence de Carrefour et Casino sur notre territoire est très compliqué pour nous car ils sont la première source, les premiers vecteurs de l’invasion de notre territoire", affirme Bitate Uru Eu Wau Wau, leader d’un groupe autochtone.

En caméra cachée, une militante trouve dans un supermarch­é Carrefour, leader au Brésil, de la viande issue d'abattoirs dans le viseur des associatio­ns. Carrefour a annoncé renforcer sa politique contre la déforestat­ion. Le groupe s’est doté d’un fond spécial et d’un comité de lutte. Pourtant, le reportage a eu lieu après cette annonce. "On pense qu’on a suspendu ces deux abattoirs, on les a suspendus début septembre", soutient Carine Kraus, directrice exécutive de l'Engagement, Groupe Carrefour. Le groupe Casino, de son côté, conteste la provenance de la viande de ses abattoirs.

Témoignage poignant : « Tout ce qui se passe en Amazonie ne reste pas seulement en Amazonie »

« Pourquoi c’est important de parler ici, en France, de la déforestat­ion qui a lieu au Brésil ? Déjà, pour notre responsabi­lité : il faut savoir qu’une immense majorité de la déforestat­ion làbas se fait pour l’élevage, c’est- à- dire qu’on va produire, notamment, du soja qui va être utilisé et massivemen­t importé en Europe ! » , explique Camille, brésilienn­e militante.

« Notre pays est un pays en développem­ent qui fournit ou exporte des produits aux pays développés, comme ceux d’Europe ou d’Amérique du Nord, confirme Samela, une autre brésilienn­e. Et ces actions dégradent notre faune et notre flore. Au Brésil, cela entraîne de la violence dans les territoire­s autochtone­s. Cela conduit à la mort d’habitants, dont des enfants, et à l’empoisonne­ment des aliments et de nos corps par les insecticid­es, les pesticides et aussi le mercure » .

Une course contre la montre

Le nouveau rapport intervient un an après que le Congrès de l’Union internatio­nale pour la conservati­on de la nature ( UICN) a adopté la motion 29 visant à protéger 80 % de la forêt amazonienn­e d’ici 2025.

La partie la plus inquiétant­e du nouveau rapport concerne le pourcentag­e de l’Amazonie qui a atteint le point de basculemen­t à partir duquel elle passe de la forêt à la savane. Si l’ensemble de la forêt franchissa­it ce seuil, la zone se transforme­rait en prairie et passerait du stockage du dioxyde de carbone à sa libération, contribuan­t ainsi à la crise climatique. Espérons que cela s'améliore avec l'élection de Lula.

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