9% ont vécu une E.M.I
VALIDÉE PAR LES MÉDECINS EN CHARGE DE LEUR DOSSIER
Un an après, James Whinery, un professeur de chimie américain, la rapproche des sensations vécues par les pilotes à l’entraînement en centrifugeuse, lorsque le sang quitte le cerveau jusqu’à la syncope. En 1994, Thomas Lempert, de l’université Humbolt (Allemagne), induit des syncopes chez 42 adultes sains qui témoignent alors de visions de type EMI dont la rencontre avec des défunts.
En Suisse, le neurologue Olaf Blanke, révèle, lui, en 2002, qu’il a provoqué des sensations intenses de décorporation chez une patiente épileptique par stimulation cérébrale du cortex temporo-pariétal droit. À leur suite, l’équipe de Steven Laureys a déjà observé l’EEG ou l’imagerie de cerveaux de volontaires pendant une syncope ou une injection de kétamine. Ainsi, le "cerveau EMI" se dessine.
« Nous savons que la zone temporo-pariétale gauche s’active lorsque vous sentez la présence de quelqu’un, commente le scientifique. L’absence de douleur et la sensation de bien-être généralisé sont peut-être liées à l’activité du cortex cingulaire antérieur, alors que la sensation d’unité cosmique correspond aux zones pariétales postérieures. »
Des EMI vécues par des personnes en arrêt cardiaque
Reste à expliquer comment les victimes d’arrêt cardiaque peuvent vivre une EMI alors que leur activité cérébrale est considérée comme inexistante. Cela se produit-il vraiment pendant l’arrêt ? « Personne n’a pu encore le démontrer », souligne Steven Laureys. C’est pourtant bien ce que compte établir Samuel Parnia, professeur assistant de médecine de l’université Stony Brook de New York (États-Unis) avec l’étude AWARE II, qui associe une dizaine de centres en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Pour ce faire, des médecins volontaires se tiennent prêts à équiper les victimes d’arrêt cardiaque d’un appareil de mesure d’EEG portatif et d’une spectroscopie dite à proche infrarouge qui mesure l’oxygénation du cerveau, afin, ensuite, de corréler ces mesures aux éventuels récits des survivants. « Il faut qu’on sache ce que devient la conscience lorsque le coeur s’arrête et que le cerveau n’est plus irrigué », martèle Samuel Parnia.
Lors de sa première étude AWARE I en 2014, des médecins britanniques, américains et autrichiens ont interrogé des survivants d’arrêt cardiaque sur leurs souvenirs de la réanimation. Mieux, « pour tester l’hypothèse de la décorporation, nous avions caché en hauteur et au sol dans différentes salles de nos hôpitaux respectifs des objets portant des symboles », raconte Samuel Parnia. Avec l’idée que si l’esprit quitte le corps, il pourra rapporter avoir vu ces objets ! Ce qui n’est encore jamais advenu. Sur 330 survivants, 140 ont répondu au questionnaire mais aucun n’a vu d’objet caché. Cependant « 9 % ont vécu une EMI validée », atteste le chercheur. Parmi eux, un homme dit avoir observé la scène depuis le coin supérieur de la chambre et entendu deux bips. Une indication de temps, selon Samuel Parnia, puisque « les bips étaient espacés de 3 minutes ». Sa conclusion : une conscience existerait alors que le cerveau est en mort clinique.