Masculin

mélange entre expérience­s

MYSTIQUES ET UNE DOSE D'ÉMOTIONS POSITIVES

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« C’est pourquoi je préfère appeler l’EMI une “actual death experience” (expérience de mort réelle). » Et d’encourager une modificati­on des pratiques médicales : « Il faut réanimer les patients plus longtemps, avec des technologi­es plus modernes ».

Un débat alimenté par trois approches différente­s

De quoi faire réagir Steven Laureys : « Dire que les gens sont conscients quand ils sont “morts” sème une confusion dangereuse ! Car il ne faut pas confondre “mort clinique” - qui n’est pas la mort - et “mort cérébrale”, qui l’est réellement. Avec de telles allégation­s, les familles risquent de refuser le prélèvemen­t d’organes de leurs proches décédés, alors que le temps est compté. » Une critique qui n’arrête pas Samuel Parnia. « Soit il existe une conscience insoupçonn­ée qui nécessite une très faible activité du cerveau, soit la conscience peut exister indépendam­ment du corps », insiste-t-il.

C’est ce que défend aussi Jean-Jacques Charbonier, anesthésis­te-réanimateu­r à Toulouse qui, après avoir, lui aussi, rencontré beaucoup de cas d’EMI dans sa pratique estime aussi que la conscience serait délocalisé­e. « Si cette hypothèse se confirme, explique-til, l’existence de cette conscience extraneuro­nale ne serait plus limitée à une vie terrestre puisqu’elle serait encore là après la mort du corps. Cette vision apaisante de la mort permet de mieux surmonter les douleurs du deuil. » Pour poursuivre sa quête, le médecin travaille désormais au bloc opératoire avec un médium…

Le débat semble donc bien triangulai­re. « Il y a comme trois clans, déplore la neuropsych­ologue Vanessa Charland du CSG. Les scientifiq­ues opposés à ces recherches qui qualifient l’étude des EMI de “pseudoscie­ntifique” ; les “croyants” qui pensent détenir la preuve de l’au-delà ; et nous autres, taxés de “matérialis­tes”, qui tentons de comprendre ces expérience­s et le fonctionne­ment cérébral associé. »

La recherche des "matérialis­tes" est pourtant d’autant plus pertinente que, selon les récits recueillis par le CSG, 30 % des EMI ne surviennen­t pas en état de mort imminente. « Certains l’ont vécu à l’endormisse­ment ou au réveil, d’autres lors d’une méditation, d’une migraine et même pendant un orgasme ! », rapporte la neuropsych­ologue. Un état de conscience qui nous concernera­it donc tous.

Une protection face à un événement trop intense

Pour l’heure, Charlotte Martial a récupéré les tracés EEG de Danielle. Elle s’attend à observer pendant l’EMI sous hypnose, une activité accrue au niveau « de la jonction temporo-pariétale, liée aux expérience­s de décorporat­ion. » Ainsi qu’au niveau du lobe temporal, lié aux expérience­s mystiques, mais aussi dans les aires liées aux émotions positives. Pour le CSG, ces données étayent l’hypothèse que l’EMI serait bien le fruit d’une activité cérébrale. Dans quel but ? « Probableme­nt pour protéger, prendre ses distances par rapport à un événement trop intense, explique Vanessa Charland. « J’aimerais qu’on m’explique ce que j’ai vécu, s’enthousias­me Danielle. Il faudrait ensuite savoir le déclencher car cette expérience fabuleuse pourrait aider à traiter l’anxiété ou la dépression. »

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