Considérées injustes
Et la jeune femme de s’interroger : « Pourquoi on nous critique, pourquoi nous ? Moi, je suis tellement fière d’être Qatarienne… » Pour nombre de Dohanais, ces critiques, ces appels au boycott, passent mal. « Les gens ne connaissent rien de nous. Ils pensent, par exemple, que le voile est obligatoire, mais regardezmoi, je ne le porte pas ! Et je conduis aussi. J’espère que notre culture et nos traditions seront mieux comprises après cet événement. Les mieux placés pour parler du Qatar, c’est nous, pas les médias étrangers », s’agace une jeune femme issue de la bourgeoisie qatarienne, attablée à une terrasse de café dans le somptueux quartier de La Perle, au nord de la capitale.
Si tous ici acceptent qu’il y a « évidemment » des efforts à faire encore dans plusieurs domaines, ils accusent l’Occident de racisme envers le monde arabe et musulman. Une zone géographique où le foot est une passion et qui accueille pour la première fois de son histoire une Coupe du monde. Il est certain que la Russie n’avait pas connu une telle vague de remontrances lors du Mondial 2018, et ce, malgré les violations flagrantes des droits de l’homme dans le pays. « Chacun, quel qu’il soit, sera le bienvenu. Nous souhaitons que ces visiteurs apprennent les différences entre les cultures, qu’ils découvrent la culture du Qatar », déclarait en septembre dernier l’émir al-Thani au Point. Et de noter que, parmi les critiques qui visent son pays, il y a « celles qui se poursuivront quoi que nous fassions. Ce sont des gens qui n’acceptent pas qu’un pays arabe musulman comme le Qatar accueille la Coupe du monde. Ceux-là trouveront n’importe quel prétexte pour nous dénigrer. »
« Il y en a qui disent qu’après la Coupe du monde, des choses reviendront en arrière, mais ce n’est pas vrai, insiste le porte-parole de la diplomatie qatarienne. Il y a eu de nombreuses améliorations, grâce à la Coupe du monde, mais pas uniquement pour cette dernière. »
Et Majed Mohammed Al-Ansari de conclure : « Tout a été organisé pour que les choses se passent bien pour tout le monde. Mais cela ne veut pas dire que nous allons changer notre société parce que quelques Occidentaux le demandent. Nous avons un défi à relever, celui de ne pas perdre notre unité nationale. Il y a un consensus ici autour des valeurs sociales. Oui, nous ne sommes pas une démocratie, mais nous avons un système participatif. Nous ne voulons pas dire au reste du monde que nous allons bouleverser ce que nous sommes en raison de l’organisation chez nous de la Coupe du monde. C’est pour nous un événement national et un événement international pour le monde. Il doit renforcer notre unité. Nous venons d’annoncer notre devise pour la fête nationale qui sera célébrée pendant la Coupe du monde : "Notre unité est le secret de notre puissance" [le 18 décembre, jour de la finale du Mondial, est aussi le jour de la fête nationale, NDLR]. Cela va se refléter dans la Coupe du monde. Une société unie, une communauté petite et forte à la fois qui accueille le monde, et nous espérons que le monde comprendra cela aussi. »