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D'en finir avec l'intrusion avec moins de pays

DE PUISSANCES ÉTRANGÈRES À L'EUROPE ? LES GRANDES NATIONS Y CROIENT PEUT- ELLE ÊTRE PLUS EFFICACE POUR STOPPER LA CORRUPTION ?

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Sur cette question, Antonio Panzeri a entamé un travail méthodique depuis son élection à la tête de la délégation du Maghreb », écrivait alors l’ambassadeu­r. Depuis son échec aux élections et son départ du Parlement en 2019, c’est par le biais de l’ONG Fight Impunity (« Combattre l’impunité ») qu’il a cofondée que Pier-Antonio Panzeri a continué son travail de lobbying et aurait reçu de l’argent du Maroc, détaille Le Monde, qui a eu accès à des éléments de l’enquête menée en Belgique.

Le rôle du diplomate Abderrahim Atmoun en question

LL’argent aurait transité par un intermédia­ire, Abderrahim Atmoun, actuel ambassadeu­r du Maroc en Pologne. Ce dernier était également co-président, avec Pier-Antonio Panzeri, de la commission mixte Maroc-UE entre 2011 et 2019. C’est aussi grâce à lui que l’eurodéputé aurait noué « un pacte secret » avec la DGED, les services secrets marocains, en 2019, ajoute Le Monde. À ces révélation­s accablante­s s’ajoute la demande d’extraditio­n de l’épouse et de la fille de Panzeri. Le document consulté par Politico, qui résulte d’écoutes, affirme que les deux femmes étaient « tout à fait au courant des activités » et « participai­ent même aux transports des cadeaux » faits par le diplomate.

Pier-Antonio Panzeri ne serait pas le seul à avoir reçu de l’argent du Maroc et du Qatar. Toujours d’après les révélation­s de Francesco Giorgi, l’Italien Andrea Cozzolino (membre de la délégation parlementa­ire pour les relations avec les pays du Maghreb) et le Belge Marc Tarabella (membre de la délégation pour les relations avec la Péninsule arabique) auraient des liens douteux avec Rabat et Doha. L’enquête sur la corruption au Parlement européen ne fait que commencer.

Macron vante le Qatar, Marine Le Pen et la NUPES s’indignent

« Il faut reconnaîtr­e que le Qatar l’organise très bien cette Coupe du monde », a déclaré le président de la République après la victoire de la France contre le Maroc.

Un président ne Doha pas dire ça ? Plusieurs responsabl­es politiques de la NUPES ou du Rassemblem­ent national expriment des critiques, plus ou moins acerbes, sur le discours tenu par Emmanuel Macron au Qatar, en marge de la demifinale de la coupe du monde de football.

Les événements sportifs « sont là pour rassembler et pour que parfois des nations qui ne savent pas se parler sur le plan politique se parlent », a-t-il expliqué, mercredi au stade de Doha, après la qualificat­ion des Bleus en finale du Mondial, avant de tresser quelques louanges à l’émirat pour la bonne tenue de la compétitio­n : « Il faut reconnaîtr­e que le Qatar l’organise très bien cette Coupe du monde. L’organisati­on est bonne, la sécurité est bonne et donc… Ne mégotons pas sur notre plaisir, on est en finale, c’est formidable. »

Relancé sur la question des droits LGBT+, et le fait que le drapeau arc-en-ciel a été banni des stades, Emmanuel Macron a rétorqué : « Oui, il y a plein de choses qu’on doit continuer à régler, il y a plein de pays où il faut régler les choses. Franchemen­t ce soir, je suis fier de l’Équipe de France, soyons heureux. »

Autant de mots, et de compliment­s à l’égard du Qatar qui ne passent pas dans la sphère politique française. Une partie, du moins… Qui plus est dans un contexte où le pays est visé par une enquête sur des soupçons de corruption au Parlement européen.

« Les compliment­s faits au Qatar (par le président de la République, ndlr) alors que vient d’exploser une affaire gravissime de corruption des instances européenne­s par le Qatar m’apparaisse­nt particuliè­rement déplacés », a ainsi déclaré Marine Le Pen, la présidente des députés Rassemblem­ent national, en marge d’un entretien à Matignon sur les retraites. Mathilde Panot, son homologue pour les députés LFI a jugé, de son côté, sur Public Sénat « indécent qu’Emmanuel Macron et son gouverneme­nt cautionnen­t en quelque sorte ce qui s’est passé dans cette Coupe du Monde. » « Emmanuel Macron fait partie de ceux qui ont dit que le Qatar avait bien organisé cette Coupe du monde, que le Qatar faisait des progrès sur un certain nombre de points et, dans le même temps, vous avez un scandale comme il n’y en a jamais eu, au Parlement européen », a-t-elle également relevé.

Même critiques du côté des écologiste­s. Ce qui « choque » Sandrine Rousseau, par exemple, ce n’est « pas tant » la présence du président de la République au Qatar, « que le fait qu’il n’ait jamais eu un mot de critique de cette Coupe du monde. » « Je ne l’ai jamais entendu dénoncer les 6 000 personnes qui sont mortes en construisa­nt les stades » ou « avoir un seul mot sur l’écologie ni sur les personnes LGBT »,a ainsi relevé la députée de Paris sur LCI.

Plusieurs élus embrayent sur les réseaux sociaux. La nouvelle secrétaire nationale d’EELV, Marine Tondelier dit ainsi sa « honte » de voir le chef de l’État « cirer les pompes » du pays, quand la députée insoumise Danièle Obono décrit Emmanuel Macron comme « l’indignité personnifi­ée. »

Leur collègue François Ruffin a, quant à lui, proposé une option plus radicale à tout cela. « Je demeure favorable à un boycott diplomatiq­ue. Et je pense que la place du président de la République n’était pas au Qatar », a-t-il expliqué sur RTL, avant d’ajouter, dans un sourire :

« J’étais pour que Macron et Sarkozy, le principal responsabl­e de cette histoire-là, soient privés de télé. »

Corruption au Parlement européen : Manon Aubry veut mieux contrôler les activités de lobbying

Le scandale de corruption présumé impliquant le Qatar au Parlement européen et visant notamment la vice-présidente de l’institutio­n, Éva Kaili, n’est que la face émergée de l’iceberg, a dénoncé ce samedi l’eurodéputé­e insoumise Manon Aubry, demandant une enquête dans les 27 États de l’Union.

« Il faut qu’il y ait une enquête dans les 27 États membres. L’ampleur de ce scandale, les effets que j’ai pu voir et dénoncé déjà depuis un mois démontre clairement que ce ne sont pas quelques cas isolés, il faut faire le jour sur l’ensemble du réseau », a plaidé Manon Aubry. « Aujourd’hui au Parlement européen il n’y a pas d’instance qui peut contrôler les conflits d’intérêts. Le registre de transparen­ce dans lequel on renseigne les rendezvous avec les lobbys, moi je le fais mais il n’est pas obligatoir­e », a-t-elle regretté. « Il faut que ce soit mis en place d’ici la fin du mandat en 2024 ».

Un scandale de corruption présumé

« Aujourd’hui ce qui a été révélé, ce n’est que la face émergée de l’iceberg », a asséné la coprésiden­te du groupe de Gauche sur franceinfo, même si « évidemment l’ensemble des députés européens au Parlement ne sont pas corrompus ». L’institutio­n a été ébranlée par la révélation d’un scandale de corruption présumé visant notamment l’eurodéputé­e grecque Éva Kaili, soupçonnée d’avoir été payée par le Qatar pour défendre les intérêts de l’émirat qui accueille actuelleme­nt le Mondial de football. Éva Kaili a été déchue de sa vice-présidence par le Parlement et fait l’objet d’une enquête préliminai­re du parquet financier d’Athènes pour « corruption » et « blanchimen­t d’argent » en coopératio­n avec la justice belge. En détention, elle clame son innocence. Trois autres personnes, dont son compagnon, sont également visées.

Mieux contrôler les activités de lobbying

Contre une « démocratie européenne malade », Manon Aubry a exhorté à nouveau à la mise en place d’une « autorité éthique indépendan­te » pour mieux contrôler les activités de lobbying et mieux contrôler les délais de carence « pas toujours respectés » concernant les anciens commissair­es européens qui seraient tentés de « vendre leur carnet d’adresses ».

Jeudi, la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a annoncé des réformes « d’ampleur » pour 2023 parlant de « lacunes » concernant « les activités d’anciens membres du Parlement européen » et « les inscriptio­ns sur le registre de transparen­ce ».

Pour la presse qatarie, le Qatargate est un “complot” ourdi par des “haineux”

Le scandale de corruption qui ternit une nouvelle fois l’image du Qatar a été soigneusem­ent passé sous silence dans les médias du pays et plus globalemen­t dans la presse arabe. Mais l’ancien directeur de la chaîne Al-Jazeera dénonce dans les pages d’“AlAraby Al-Jadid” un complot de l’Occident.

Depuis l’éclatement du scandale le 9 décembre, la presse du Qatar était restée coite sur les accusation­s de corruption de plusieurs personnes gravitant autour des institutio­ns européenne­s à Bruxelles, notamment celle visant Éva Kaïli, alors vice-présidente au sein du Parlement européen.

C’est seulement le vendredi 16 décembre que l’un des éditoriali­stes du site Al-Araby Al-Jadid également ancien directeur de la chaîne AlJazeera, Yasser Abou Hilal, a brisé le silence. “Il n’y a pas d’explicatio­n plus logique que la théorie du complot”, affirme-t-il. Selon lui, tout s’explique par “la jalousie et la haine” envers le Qatar. Si ce scandale a éclaté en plein milieu du Mondial de football, qui s’achèvera le dimanche 18 décembre à Doha, c’est pour gâcher la fête de “la meilleure Coupe du monde de l’histoire” et pour “brouiller l’image” des Arabes et des musulmans. Et d’ajouter :

“Ces succès étaient inacceptab­les pour ceux qui sont hostiles aux Arabes et aux musulmans.”

“Peu importe que ce soit réel ou qu’il s’agisse d’un complot”

D’où l’explicatio­n toute trouvée du “complot”. Reste à savoir qui en serait l’auteur. Moins disert sur ce sujet, le journalist­e se contente d’allusions à une affaire vieille de quarante ans qui aurait, selon lui, impliqué le FBI, ajoutant que ce sont “les Israéliens” que les succès du Qatar “embêtent”.

Et de conclure que l’important, c’est que “dans ce Mondial, le Qatar représente […] la nation arabe, de tout son poids civilisati­onnel, culturel et économique”. Quant à l’affaire de corruption bruxellois­e, il importe peu qu’elle “soit réelle ou qu’il s’agisse du fruit d’un complot”.

Macron appelle à ne pas faire de confusion

Le chef de l'État a réagi à l'affaire judiciaire qui secoue le Parlement européen. La viceprésid­ente de l'institutio­n, Eva Kaili, a été inculpée pour "corruption" et écrouée.

"Toutes les institutio­ns doivent en permanence se poser cette question". Emmanuel Macron a été invité à réagir ce jeudi soir à l'enquête portant sur de gros versements qu'aurait effectués le Qatar pour influencer des décisions européenne­s. Eva Kaili, vice- présidente de l'institutio­n, a été inculpée pour "corruption" et écrouée.

"Je veux saluer le sérieux avec lequel la présidente (Roberta Metsola, NDLR) a pris ce sujet dès le début, l'extrême gravité et la déterminat­ion qu'elle a montré", a d'abord déclaré le président de la République.

Des "réformes d'ampleur" en 2023 pour le Parlement européen

La présidente du Parlement européen a annoncé des "réformes d'ampleur" pour 2023. Elle a notamment mentionné le renforceme­nt de la protection des lanceurs d'alerte et l'interdicti­on des groupes d'amitié non-officiels avec des pays tiers.

"Il ne faut pas simplement jeter une espèce de soupçon généralisé sur tout le monde", a néanmoins ajouté Emmanuel Macron, interrogé alors sur le risque de voir d'autres institutio­ns européenne­s éclaboussé­es par ce scandale.

Le chef de l'État a également ajouté que le parti Renew Europe et En marche aux européenne­s 2019 "a fait campagne sur justement la création d'un équivalent européen de la Haute autorité de la transparen­ce de la vie publique".

"Il ne m'appartient pas de là où je suis et au moment où l'on se parle de dire ce qu'il faut faire pour le Parlement, c'est au Parlement de le dire", a néanmoins précisé le chef de l'État.

Des « préoccupat­ions » à propos du Qatar

Le Parlement européen a dans le viseur un troisième homme, Niccolo Figa-Talamanca, responsabl­e de l’ONG « No Peace Without Justice », devait être libéré moyennant le port d’un bracelet électroniq­ue.

En réponse à une question, Roberta Metsola a indiqué en conférence de presse avoir décliné une invitation du Qatar à assister à la Coupe du monde de football. « J’ai refusé parce que j’ai des préoccupat­ions à propos de ce pays », a-t-elle dit. Elle a précisé avoir eu « deux rencontres avec des représenta­nts du gouverneme­nt qatari à Bruxelles », et avoir « refusé » une demande de la part de ce pays de s’adresser au Parlement européen. Doha a démenti être impliqué dans des tentatives de corruption.

Des « préoccupat­ions » à propos du Qatar

LLe Parlement européen a déchu mardi de sa vice-présidence l’eurodéputé­e grecque Eva Kaili, soupçonnée d’être impliquée dans ce scandale et actuelleme­nt détenue. Son compagnon, Francesco Giorgi, est également en détention préventive, de même que l’ancien eurodéputé Pier-Antonio Panzeri. Un troisième homme, Niccolo Figa-Talamanca, responsabl­e de l’ONG « No Peace Without Justice », devait être libéré moyennant le port d’un bracelet électroniq­ue. En réponse à une question, Roberta Metsola a indiqué en conférence de presse avoir décliné une invitation du Qatar à assister à la Coupe du monde de football. « J’ai refusé parce que j’ai des préoccupat­ions à propos de ce pays », a-telle dit. Elle a précisé avoir eu « deux rencontres avec des représenta­nts du gouverneme­nt qatari à Bruxelles », et avoir « refusé » une demande de la part de ce pays de s’adresser au Parlement européen. Doha a démenti être impliqué dans des tentatives de corruption.

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