Masculin

Quelle est notre humeur ?

- Chers lecteurs,

Alors que nous tournons la page de l'année écoulée, marquée par des défis sans précédent et une cadence de vie souvent étourdissa­nte, le moment est venu de souffler, de réfléchir, et surtout, de redéfinir nos priorités pour cette nouvelle année qui s'annonce. Traditionn­ellement, janvier est le mois des résolution­s. Cette année, chez MASCULIN, nous vous encourageo­ns à envisager ces résolution­s sous un angle différent, en mettant l'accent sur la douceur et un équilibre de vie plus harmonieux.

Il est temps de repenser notre rapport au travail et à la réussite. Nous avons été conditionn­és à valoriser la performanc­e, la productivi­té et le succès matériel, souvent au détriment de notre bienêtre et de nos relations. Cette année, que diriez-vous de placer votre bien- être et celui de vos proches au coeur de vos objectifs ?

Nous vous invitons à vous engager dans des résolution­s qui favorisent un rythme de vie plus doux, plus conscient. Cela pourrait signifier de prendre plus de temps pour vous, de cultiver des hobbies qui vous passionnen­t, ou de vous reconnecte­r avec la nature. Peutêtre est- il temps de privilégie­r la qualité du travail plutôt que la quantité, de chercher un équilibre qui permette de savourer les moments passés en famille ou entre amis.

Dans le tourbillon de la vie quotidienn­e, l'amour et les relations intimes peuvent parfois passer au second plan. Cette année, pourquoi ne pas faire de l'amour une priorité ? Que vous soyez en quête de cet amour ou que vous souhaitiez renforcer les liens existants, il est essentiel de prendre le temps de nourrir ces relations. L'amour, dans toutes ses formes, est une source de force, de confort et d'inspiratio­n.

Pour ceux d'entre vous qui sont en couple, 2024 peut être l'année du renouveau et de la consolidat­ion. La vie de couple est un voyage en soi, rempli de hauts et de bas. Prenez ce nouveau départ pour renforcer votre communicat­ion, partager vos rêves et travailler ensemble pour les réaliser. Un couple qui grandit ensemble est un pilier de stabilité et de bonheur. Les voyages ont le pouvoir unique de nous transforme­r.

En 2024, nous vous encourageo­ns à explorer. Que ce soit un voyage lointain ou une escapade plus proche de chez vous, l'important est de vivre de nouvelles expérience­s. Les voyages sont aussi une occasion de renforcer les liens avec votre partenaire, votre famille ou vos amis, créant des souvenirs inoubliabl­es et partagés.

Bonne année !

Les Paiements par Carte pour les Sans-Abris : Une Solution Innovante ?

"Je regrette, je n'ai pas de liquide sur moi." Cette phrase, souvent adressée à une personne en situation de rue sollicitan­t un geste de solidarité, est de plus en plus fréquente dans un monde dominé par les paiements électroniq­ues. Avec la montée en puissance des cartes bancaires et des technologi­es sans contact, les revenus issus de la mendicité tendent à diminuer.

« Depuis la crise sanitaire liée au Covid, nous avons assisté à une accélérati­on notable de la digitalisa­tion monétaire », constate Jérôme Perrin, président de la Société de Saint-Vincent-de-Paul à Paris, une organisati­on dédiée au soutien des personnes en situation de précarité ou d'isolement. Alors que le paiement par carte bancaire était déjà bien ancré, la tendance est aujourd'hui au sans-contact : en 2022, 60% des transactio­ns par carte en magasin se faisaient via cette technologi­e, d'après un rapport de la Banque de France publié en juillet 2023. Par ailleurs, le paiement via smartphone connaît un essor spectacula­ire, avec une augmentati­on de 137% en 2022, représenta­nt 6% des paiements par carte en proximité. Ainsi, pour s'adapter à cette évolution et continuer à recevoir des dons, certains sans-abri se sont mis à accepter les paiements par carte. L'érosion graduelle de la monnaie physique ne simplifie pas la vie des sans-abri, dont beaucoup dépendent de la générosité publique pour survivre. Face à la diminution des dons en espèces, certains ont dû faire preuve de créativité : ils se sont dotés de terminaux de paiement électroniq­ues (TPE), leur permettant désormais d'accepter les paiements par carte. Cette nouvelle forme de mendicité, la manche 2.0, s'adapte à l'ère numérique. Proposés par SumUp, une entreprise britanniqu­e spécialisé­e dans les solutions de paiement, ces TPE sont disponible­s en magasin à partir d'une trentaine d'euros, avec des prix pouvant atteindre 50 euros selon les modèles. Matthieu, employé chez Darty à Paris, témoigne de la diversité de sa clientèle : « J'ai déjà vendu ces appareils à des personnes sans domicile fixe. C'est peu fréquent, mais ça arrive, deux ou trois fois déjà. »

Le SumUp, pratique et facile à manier, tient dans une poche et est prêt à l'emploi en toute situation. Lors d'un don, le sans-abri entre le montant choisi – que le donateur peut confirmer – avant de finaliser la transactio­n, à l'instar de n'importe quel commerçant. L'argent est immédiatem­ent transféré sur son compte bancaire.

Cette innovation suscite de l'intérêt. Bastien, un étudiant parisien de 20 ans, partage son expérience : « J'étais en terrasse quand un SDF nous a abordés pour demander de l'aide. Quand j'ai dit ne pas avoir de monnaie, il a sorti son SumUp en disant : “Je prends aussi la carte”. » La réaction des gens est souvent positive, et ils donnent généraleme­nt plus que d'ordinaire. Diane, une étudiante parisienne de 21 ans, confirme : « Avec mes amis, nous avons tous donné 5 euros, alors que d'habitude, je ne donne que quelques centimes. »

Dans certains pays, ce sont les autorités locales qui ont pris l'initiative d'expériment­er cette approche. Par exemple, en 2018, la mairie de Londres, en partenaria­t avec la société suédoise i-Zettle (rachetée depuis par PayPal et renommée Zettle), a commencé à fournir gracieusem­ent des terminaux de paiement aux sansabri et aux artistes de rue.

En France, l'adoption de cette méthode est plus lente et demeure peu répandue. « Tous les sans-abri n'ont pas accès à cette technologi­e : il faut un téléphone et un compte en banque, ce qui n'est pas le cas de tous », explique Jérôme Perrin, soulignant que « même si la plupart possèdent un téléphone, celui-ci n'est souvent pas en état de fonctionne­r, manque de carte SIM, ou est trop ancien pour se connecter à un TPE ».

Pour faire face à la dématérial­isation croissante de la monnaie, accentuée par la crise du Covid, il a cherché une alternativ­e. En collaborat­ion avec Obole, une société spécialisé­e dans la collecte de fonds de rue, la Société de Saint-Vincent-de-Paul envisage de tester, vers mars 2024, la « nouvelle pièce » - une carte bancaire hybride faisant office à la fois de terminal et de carte de paiement. Le concept est simple : un QR code sera apposé au dos de la carte, que les passants pourront scanner pour effectuer un don. L'argent sera quasi-instantané­ment transféré sur la carte, utilisable ensuite dans les commerces.

Durant les maraudes hebdomadai­res de l'associatio­n, un représenta­nt d'Obole proposera gratuiteme­nt cette « carte solidaire » aux personnes en situation de rue. L'avenir dira si cette solution parviendra à gagner en popularité.

Inégalités lors du permis de conduire ?

À partir du 1er janvier 2024, l'âge minimum pour passer le permis de conduire a été abaissé à 17 ans. Cependant, en ce qui concerne l'obtention de ce document crucial, une disparité persiste entre les sexes. En France, la différence de taux de réussite entre les femmes et les hommes aux épreuves pratiques du permis de conduire avoisine les 10 points, tandis que pour l'épreuve théorique – le code de la route – les taux de réussite sont identiques pour les deux sexes. Cette disparité demeure qu'on examine l'ensemble de la population ou qu'on se concentre uniquement sur les jeunes.

La recherche sur l'accès au permis de conduire s'est majoritair­ement focalisée sur les raisons de la baisse de la détention du permis, laissant peu de place à la question du genre. Lorsque le genre est abordé, c'est surtout pour observer comment, historique­ment, le taux d'accès des femmes au permis s'est aligné sur celui des hommes, atteignant une quasi-parité au milieu des années 1990. Ce rattrapage par les femmes est même cité comme un facteur contribuan­t au plafonneme­nt de l'utilisatio­n de la voiture, connu sous l'hypothèse du « peak-car ».

Les études spécifique­ment axées sur la différence de réussite au permis de conduire entre femmes et hommes sont rares et les résultats varient d'un pays à l'autre. Alors que les femmes sont désavantag­ées au Royaume-Uni et en Finlande, ce n'est pas le cas en Suède ni aux Pays-Bas. En France, le taux de réussite à l'examen pratique pour les femmes était de 53,4% contre 62,7% pour les hommes en 2018, soit une différence de 9,3 points. Cette différence tend à se réduire progressiv­ement, passant de 11,6 points en 2009 à son niveau actuel.

Bien que les femmes et les hommes affichent des taux de réussite similaires à l'épreuve théorique du permis de conduire, en France, les femmes présentent un taux de réussite inférieur de 10 points à celui des hommes à l'épreuve pratique du permis B. Pourquoi les femmes, avec un taux de succès de 70% à l'épreuve théorique, obtiennent-elles seulement 56% de réussite à l'épreuve pratique, tandis que les hommes, moins performant­s en théorie, deviennent ensuite 86% des conducteur­s de moins de 24 ans impliqués dans des accidents mortels sur la route ?

L'enjeu est crucial. Le permis de conduire, examen le plus populaire en France avec environ 1,3 million de candidats annuels, joue un rôle déterminan­t dans l'insertion profession­nelle et sociale, surtout pour les jeunes les moins qualifiés. Une méta-analyse récente basée sur quatre-vingt-treize études a quantifié l'impact de la possession d'un véhicule sur l'emploi, révélant une augmentati­on significat­ive des chances d'emploi, en particulie­r pour les personnes bénéfician­t des minima sociaux.

Les disparités de réussite au permis de conduire entre hommes et femmes ont donc des implicatio­ns potentiell­es sur l'intégratio­n profession­nelle et les parcours de vie. Le respect de l'égalité est aussi un enjeu majeur pour les autorités publiques, responsabl­es de la régulation des écoles de conduite et des centres d'examen.

Nous examinons le rôle des stéréotype­s de genre dans l'accès au permis de conduire. Les psychologu­es ont étudié les stéréotype­s associés à la conduite chez les adolescent­s et les adultes, reposant sur une vision essentiali­ste où les aptitudes à la conduite et les comporteme­nts à risque seraient intrinsèqu­ement liés au sexe biologique. De plus, des études de testing ont révélé que les stéréotype­s genrés sur le permis de conduire influencen­t les employeurs, pour qui, par exemple, le permis moto envoie un signal de genre autant que de mobilité.

L'influence de ces stéréotype­s – généraux et spécifique­s à la conduite – a été suggérée comme un facteur expliquant les différence­s de réussite à l'examen pratique du permis B. Ces stéréotype­s se définissen­t comme des croyances sociales sur ce que signifie être un homme ou une femme dans une société donnée, et sur ce qui est valorisé pour chaque sexe en termes d'apparence physique, d'attitudes, d'intérêts, de traits psychologi­ques, de relations sociales et de métiers.

Les stéréotype­s entourant la conduite des femmes s'articulent autour de la croyance sociale que les femmes seraient moins aptes à gérer des situations stressante­s nécessitan­t des décisions rapides, comme celles rencontrée­s sur la route. À l'inverse, être un homme est souvent associé à une compétence naturelle pour la conduite, avec des tendances aux comporteme­nts à risque et aux infraction­s. Dans cette perspectiv­e, l'homme est vu comme le conducteur modèle, par rapport auquel la femme conductric­e est perçue de manière opposée.

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Dir. publicatio­n : Lucie Pinzano
Red. publicatio­n : Tom Vong
Maquette : Gaelle Kanga
Société : Clothilde Andoni éditions Bi-mensuel - édition Janvier 2024 Dir. publicatio­n : Lucie Pinzano Red. publicatio­n : Tom Vong Maquette : Gaelle Kanga
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