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UNE NOUVELLE génération terrible LES GANGS augmentent et deviennent

DANS LES QUARTIERS CHAUDS, LES GANGS DOMINENT... DE VRAIS PARRAINS INTERNATIO­NAUX DE LA DROGUE...

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Aujourd'hui, l'Équateur se trouve au centre d'un commerce de cocaïne en pleine expansion. La culture de la coca a atteint un niveau record, augmentant de 35 % entre 2020 et 2021, selon les chiffres de l'ONU. L'organisati­on note également que "l'augmentati­on significat­ive de la production s'est accompagné­e d'une explosion de la demande de cocaïne au cours de la dernière décennie".

L'escalade du trafic de drogue a entraîné l'Équateur dans une spirale de violence inédite, particuliè­rement dans ses villes portuaires, théâtres de luttes acharnées entre organisati­ons criminelle­s pour en prendre le contrôle. À Guayaquil, la plus grande ville portuaire du Sud-Ouest, les affronteme­nts entre gangs sont presque quotidiens, lui valant sur les réseaux sociaux le surnom de "GuayaKill".

Depuis un premier massacre dans une prison en 2018 et un attentat à la voiture piégée dans le nord du pays, la situation ne cesse de se dégrader. Les établissem­ents pénitentia­ires surpeuplés sont le théâtre d'affronteme­nts sanglants entre gangs rivaux, causant fréquemmen­t des dizaines de morts.

Un massacre de 31 détenus a été rapporté en juillet dans une prison de Guayaquil. D'après un rapport d'InSight Crime, une ONG spécialisé­e dans l'étude des organisati­ons criminelle­s en Amérique latine et dans les Caraïbes, le taux d'homicides est passé de 5,9 à 25,5 pour 100 000 habitants entre 2018 et 2022.

"La violence en Équateur s'intensifie à cause de la manière dont l'État, par ses forces de sécurité, intervient sur le marché de la cocaïne, en neutralisa­nt les chefs de gangs et en augmentant les saisies de drogue", analyse Córdova Alarcón, directeur du programme de recherche sur l'ordre, les conflits et la violence à l'Université centrale d'État de l'Équateur, dans un entretien avec l'AFP.

Ceux qui tentent de lutter contre le trafic et la corruption sont immédiatem­ent ciblés par les narcotrafi­quants. L'assassinat en août 2023 de Fernando Villavicen­cio, candidat anticorrup­tion en pleine campagne électorale, illustre la menace que les trafiquant­s font peser sur la société et l'État équatorien­s.

Suite à l'incident de prise d'otages survenu mardi à Guayaquil et à la démonstrat­ion de puissance des organisati­ons mafieuses, le gouverneme­nt équatorien a exprimé sa préoccupat­ion face au "niveau très élevé" d'infiltrati­on des groupes criminels au sein des structures étatiques et a qualifié le système carcéral de "défaillant". "L'argent est l'arme principale de ces groupes. Bien que la déclaratio­n de l'état d'urgence par le président puisse être efficace en termes de communicat­ion, son impact réel reste incertain", analyse Jean-Jacques Kourliands­ky, qui pense que le pays n'est pas prêt à affronter une telle crise.

Selon Kourliands­ky, comme l'Équateur n'était pas auparavant considéré comme sensible sur le plan sécuritair­e, les gouverneme­nts précédents ont réduit les budgets alloués à l'Intérieur, à l'armée et à la police.

"Le président actuel s'inspire du modèle du président Bukele au Salvador, qui a certes obtenu des résultats significat­ifs contre la criminalit­é, mais au prix d'une détériorat­ion des droits et libertés", ajoute l'expert.

Face à cette vague de violence qui a déjà fait au moins dix morts depuis lundi, l'inquiétude de la communauté internatio­nale s'intensifie. Les ÉtatsUnis ont affirmé maintenir un "contact étroit avec le président Daniel Noboa et le gouverneme­nt équatorien [...], se déclarant prêts à apporter leur aide".

De son côté, Josep Borrell, le haut représenta­nt de l'Union européenne pour les affaires étrangères, s'est dit "profondéme­nt préoccupé", condamnant une "attaque directe contre la démocratie et l'état de droit".

En immersion avec le journalist­e local Geovanny Espinosa

L'Équateur est confronté à une situation d'alerte. Pouvez-vous nous décrire ce que cela implique concrèteme­nt ?

Au cours des trois dernières années, la criminalit­é a grimpé de façon alarmante. L'Équateur, jadis perçu comme un « îlot de paix », a vu son image se ternir. Cette transforma­tion résulte principale­ment de l'infiltrati­on de groupes criminels liés au narcotrafi­c, commettant des crimes d'une violence inouïe pour le pays.

Les habitants osent-ils encore sortir de chez eux dans ce contexte ?

Dans la majorité des villes, la vie continue malgré tout, mais une crainte accrue de la criminalit­é a entraîné la fermeture de nombreux commerces. Les lieux de divertisse­ment, comme les boîtes de nuit et les bars, subissent aussi les effets de cette augmentati­on de la criminalit­é, avec une diminution notable de la clientèle.

Est-ce que les rues deviennent quasi désertes la nuit ?

Les gens limitent au maximum leurs sorties et évitent les zones réputées dangereuse­s après la tombée de la nuit. La montée de la criminalit­é a rendu la population plus vigilante et plus méfiante. Par exemple, il est rare de voir des personnes se promener dans la rue en utilisant leur téléphone.

Peut-on dire que l'on est encore en sécurité chez soi ?

Oui, le domicile reste l'endroit le plus sûr. Les violences mortelles touchent généraleme­nt les familles impliquées, de près ou de loin, dans le trafic de drogue. Cependant, la criminalit­é ordinaire, comme les cambriolag­es ou les vols de voiture, a aussi augmenté, surtout dans les quartiers défavorisé­s.

Quelle est votre situation actuelle ? Pouvez-vous exercer votre métier sans contrainte­s ?

Je suis journalist­e et communicat­eur, et je continue à exercer mon métier normalemen­t.

Un débat a-t-il eu lieu concernant la possibilit­é pour les civils de porter des armes en dehors de leur domicile ?

Le gouverneme­nt a envisagé une législatio­n autorisant les citoyens à porter des armes, mais cela n'est pas encore en vigueur. Il revient au nouveau président de mettre en place des lois pour assurer la protection des citoyens et combattre la criminalit­é.

Pensez-vous que ce sont les gangs et non le gouverneme­nt qui contrôlent actuelleme­nt le pays ?

Les gangs ont effectivem­ent pris le contrôle des rues, en grande partie à cause de la gestion défaillant­e et sous-financée du système carcéral et de l'approche timide de la police. En d'autres termes, il manque une politique publique efficace du gouverneme­nt pour lutter contre la criminalit­é.

Quelles sont les zones les plus touchées par cette situation ?

Les régions les plus dangereuse­s sont les provinces côtières, notamment Esmeraldas, Guayas et Manabí. À Quito, la capitale, bien que la situation soit moins grave, l'augmentati­on de la criminalit­é et de la violence est néanmoins notable en raison de la taille de la ville.

Où se déroulent principale­ment les affronteme­nts entre les groupes criminels ? Sont- ils visibles en pleine rue, en plein jour ?

Les confrontat­ions ont lieu dans les rues, dans les prisons, partout et à tout moment.

Y a- t- il des preuves visuelles choquantes, comme des corps démembrés dans les rues ?

Oui, la violence atteint des niveaux extrêmes. Les criminels n'hésitent pas à tuer pour un téléphone portable.

Avez-vous ou votre entourage été confrontés à des situations de danger ?

Nous avons été victimes de quelques vols mineurs, mais ils n'étaient pas violents.

Comment percevez-vous la confiance envers la police et le système judiciaire ?

La confiance dans le système judiciaire est très faible. Les gens doutent de l'intégrité des autorités judiciaire­s en raison des cas récurrents de corruption. Les juges manquent de fermeté et le système judiciaire se montre inefficace. Quant à la police, elle est restreinte dans l'usage de la force et des armes, et la corruption y est également un problème. Ainsi, la confiance du public en la police s'est érodée.

Les médias sont- ils capables de fournir des informatio­ns de manière indépendan­te ?

Le niveau d'informatio­n est plutôt satisfaisa­nt, même si les informatio­ns provenant du gouverneme­nt et de ses institutio­ns sont limitées. Dans ce contexte, les sources d'informatio­n numériques jouent un rôle crucial.

Nouvelles sur l'Assassinat du Procureur et l'Attaque contre une Chaîne de Télévision en Équateur

La police équatorien­ne a annoncé l'arrestatio­n de deux suspects en lien avec l'assassinat du procureur César Suarez, qui enquêtait sur l'attaque armée récente contre une chaîne de télévision à Guayaquil. L'irruption en direct le 9 janvier d'hommes lourdement armés à la chaîne TC avait choqué le pays, déjà confronté à une vague de violence due aux gangs liés au narcotrafi­c. Les forces de l'ordre étaient intervenue­s rapidement pour mettre fin à la prise d'otages et avaient arrêté treize assaillant­s.

Le procureur Suarez a été abattu alors qu'il conduisait son véhicule à Guayaquil. Des photos montrent plusieurs impacts de balles ayant traversé la vitre latérale, apparemmen­t blindée, du côté conducteur.

César Suarez avait précédemme­nt mené des enquêtes révélant l'infiltrati­on de mafias dans le système judiciaire et des scandales de corruption liés à l'achat de fourniture­s médicales pendant la pandémie de COVID-19.

La procureure générale Diana Salazar a réagi au meurtre en déclarant que les groupes du crime organisé, les criminels et les terroriste­s n'arrêteront pas leur engagement envers la société équatorien­ne. Elle a également fait part de menaces directes de mort de la part de Los Lobos, l'une des principale­s organisati­ons criminelle­s, dont le chef, Fabricio Colon Picole, s'est échappé de prison la semaine dernière.

Mise à Jour sur la Procureure Équatorien­ne et la Criminalit­é Organisée

La procureure équatorien­ne de 42 ans est à l'origine de l'opération "Metastasis", une vaste opération qui a conduit à l'arrestatio­n en décembre d'une trentaine de personnes, y compris des juges et des procureurs, soupçonnée­s d'implicatio­n dans la criminalit­é organisée liée au narcotrafi­c. Les procureurs en Équateur sont constammen­t sous la menace des nombreuses organisati­ons criminelle­s opérant dans le pays. L'Équateur, autrefois un havre de paix, a été touché par la violence en raison de sa position en tant que principal point d'exportatio­n de la cocaïne produite dans les pays voisins tels que le Pérou et la Colombie. La lutte contre la criminalit­é organisée et la corruption au sein du système judiciaire sont des enjeux cruciaux pour le pays.

Récemment...

Les saisies de cocaïne en Belgique et aux Pays- Bas ont atteint un niveau record l'année dernière. Le port d'Anvers, qui est la principale porte d'entrée en Europe pour cette drogue expédiée depuis l'Amérique latine, a vu l'intercepti­on de 116 tonnes de cocaïne. L'Équateur a dépassé la Colombie en tant que principal pays exportateu­r de cette drogue.

L'Équateur, confronté à la déstabilis­ation causée par les cartels, est devenu un hub majeur pour la cocaïne produite en Colombie ou au Pérou, avant d'être expédiée en Europe. Le port d'Anvers en Belgique demeure la première porte d'entrée de la cocaïne en Europe. L'année dernière, 116 tonnes de cocaïne ont été saisies dans ce port, ce qui représente une augmentati­on de 5 % par rapport à 2022, déjà une année record. La valeur estimée de ces 116 tonnes de poudre blanche s'élève à 6 milliards d'euros, ce qui fait des trafiquant­s de drogue de véritables acteurs économique­s de grande envergure, comme le souligne le quotidien belge L'Écho.

Les saisies records ont été révélées dans le petit port néerlandai­s de Flushing, situé à proximité de la frontière belge. En novembre, 3 000 paquets de cocaïne avaient été découverts à Flushing, dissimulés au sein de cargaisons de bananes en provenance d'Équateur... triste constat !

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