génération de soldats pour
ENCOURAGER LES ACTIVITÉS CACHÉES DU GOUVERNEMENT ?
La Chine moderne diffère considérablement de la Chine de 1949, qui avait exilé les triades. L'économie de marché a franchi de nouvelles frontières, et le boom économique est à son apogée. Selon He Binsong, un éminent criminologue chinois, l'émergence et la croissance de la criminalité organisée en Chine sont le résultat de mutations politiques, économiques et culturelles engendrées par la transition de la planification à l'économie de marché. Il souligne l'importance de ce changement, le considérant comme une transition sociale majeure, impliquant le passage de toute une société d'une structure à une autre, représentant un changement structurel à l'échelle du système social dans son ensemble.
Bingsong, qui occupe également les postes de directeur du Centre de recherche en droit pénal et de directeur du Centre de recherche sur le terrorisme et le crime organisé en Chine, affirme que ce changement systémique modifie profondément l'échelle des revenus et les modes de pensée de la société tout entière.
De son côté, Alain Rodier, un ancien haut fonctionnaire des services de renseignement français, suggère que la volonté de l'État chinois de favoriser la croissance économique laisse penser que les triades pourraient être un instrument au service du développement économique de la Chine, tant qu'elles ne perturbent pas l'ordre établi et continuent de contribuer de manière significative aux revenus.
Cependant, Rodier va plus loin en soutenant que l'État chinois trouve deux avantages à ne pas perturber les triades. Il s'agit de leur apport en capitaux et de leur rôle dans la "régulation sociale", notamment en organisant l'immigration clandestine, ce qui a pour effet de faire pression à la baisse sur les salaires et qui alimente le formidable développement économique chinois. Le professeur He Bingsong partage cet avis et affirme de manière catégorique : "La Chine a connu une véritable explosion criminelle depuis le lancement de la politique d'ouverture du pays."
Ainsi, les triades chinoises échappent largement à la surveillance de l'État. Leurs avoirs financiers sont si importants pour l'économie chinoise que le gouvernement préfère ne pas les déranger. Rodier explique que, sur le plan financier, les triades chinoises génèrent un chiffre d'affaires mondial de 200 milliards de dollars, ce qui représente plus de 17,7 % du PNB chinois. Étant donné qu'une grande partie de cet argent est réinvestie dans l'économie légale, comme les infrastructures, les autorités semblent moins enclines à les poursuivre.
Xi Jinping, le nouveau dirigeant suprême du Parti communiste chinois, a déjà admis que son équipe nouvellement formée doit faire face à "d'énormes responsabilités" et à "de graves défis", la corruption galopante au sein du parti étant en première ligne. Il a déclaré que cette corruption menace de "tuer le Parti" et, par conséquent, le régime lui-même.