UNE TENSION poussé à l’extrême au
NIVEAU EUROPÉEN. LES AGRICULTEURS SONT EN COLÈRE
L'agriculture, étant l'un des principaux secteurs d'exportation mondiale, est à l'origine d'environ la moitié des émissions totales d'azote des Pays-Bas. En 2019, la cour administrative suprême du pays a statué que le système de gestion de l'azote ne prévenait pas suffisamment les dommages aux zones naturelles protégées, connues sous le nom de réseau "Natura 2000".
Bien que la décision initiale n'ait pas attiré une grande attention médiatique, le gouvernement a rapidement annoncé la nécessité de prendre des "mesures drastiques", incluant le rachat et la fermeture de certaines exploitations d'élevage.
Cette annonce a provoqué chez les agriculteurs un sentiment d'injustice. Ils avaient déjà significativement réduit les émissions d'azote au cours des 30 dernières années, tandis que le financement des zones rurales diminuait au profit des investissements urbains. Les politiques antérieures les avaient incités à agrandir leurs exploitations, mais aujourd'hui, ces agriculteurs, endettés, se voient contraints de réduire leurs activités.
Les protestations ont mené à la création du parti politique de droite BoerBurgerBeweging (BBB), qui s'est engagé à donner aux agriculteurs plus de poids dans les décisions politiques agricoles. En 2023, le BBB a remporté un succès aux élections provinciales et, après les élections sénatoriales, il est devenu le parti avec le plus de sièges au Sénat néerlandais.
En Allemagne, la colère monte également en réaction aux projets de suppression progressive des subventions pour les carburants, impactant jusqu'à 3 000 euros annuels pour une exploitation moyenne. Un mécontentement de longue date concernant l'application inéquitable des politiques environnementales aggrave la situation. Depuis décembre, les agriculteurs manifestent et ont été rejoints par des militants écologistes à Berlin lundi dernier. Les rues étaient encombrées de véhicules agricoles lourds. Ils soutiennent l'idée d'une agriculture verte et sans OGM, mais insistent sur la nécessité de subventions ou, à défaut, d'une rémunération équitable pour leurs produits. Ce sentiment est partagé par de nombreux manifestants à travers l'Europe. L'agitation s'est propagée à l'est de l'UE, avec des manifestations en Pologne, en Roumanie, en Slovaquie, en Hongrie et en Bulgarie. Les agriculteurs de ces pays expriment leur mécontentement face à la concurrence des céréales bon marché en provenance d'Ukraine.
En Roumanie et en Bulgarie, les tracteurs et les camions ont engorgé les postes frontaliers. En Pologne, le ministre de l'agriculture a démissionné en avril dernier en raison de ces tensions, bien que l'introduction de nouvelles subventions ait quelque peu apaisé la situation.
Cependant, beaucoup restent préoccupés par les taxes élevées et le durcissement des réglementations. Confrontés aux sécheresses, aux inondations et aux incendies de forêt, les agriculteurs soutiennent que les politiques environnementales aggravent leur situation.