CLUBS BRANCHÉS
RÉSERVÉS AUX HOMMES... LE SCANDALE !
Situé au coeur du quartier des théâtres à Londres, le Garrick Club, un établissement d'exception connu pour sa sélectivité, continue d'exclure les femmes de son membership. La question de cette exclusion crée des clivages parmi ses membres depuis plusieurs années. Récemment, un article du "Guardian" a ravivé les discussions sur le sujet au Royaume- Uni, suggérant que des changements majeurs pourraient être à l'horizon pour le club.
Depuis le début du XXIe siècle, une modification des règles du Garrick Club a permis aux femmes invitées de monter par le grand escalier, orné de tableaux, qui mène des espaces communs aux bars et bibliothèques à l'étage. Toutefois, ces invitées sont généralement dirigées dès leur arrivée vers un escalier secondaire, plus étroit, pour y déposer leurs affaires.
La législation sur l'égalité de 2010 a contraint le club à autoriser les femmes à s'installer autour de sa grande table pouvant accueillir 30 personnes.
Malgré cela, les invitations à dîner pour elles restent peu fréquentes, et lorsqu'elles sont présentes, elles sont reléguées à une table à part, recevant un menu sans indication de prix, conformément à une règle stipulant que les invités ( donc les femmes) "ne doivent en aucun cas régler leurs consommations". Après le repas, certains membres se retirent dans les confortables fauteuils en cuir placés sous le grand escalier, dans une zone où l'accès est refusé aux femmes. Les efforts pour moderniser le Garrick et le rendre plus inclusif butent sur l'opposition de nombreux membres. Les propositions d'ouvrir le club aux femmes, dont la plus récente remonte à 2015, ont toutes été rejetées. Néanmoins, l'exclusion des femmes n'a pas empêché un grand nombre de personnalités influentes du gouvernement, de la fonction publique, du monde des arts et de la justice de rejoindre les rangs du club. Simon Case, directeur du Civil Service, et Oliver Dowden, vice- Premier ministre conservateur, sont devenus membres en 2019, tandis que Richard Moore, directeur du MI6, a rejoint le club en 2016. Suite à la publication de l'article du "Guardian", Case et Moore ont annoncé leur départ du club le 20 mars.
Cercle influent dans le secteur judiciaire
Le Garrick est souvent décrit comme une curiosité anodine, le dernier bastion d'une Angleterre réticente à la modernisation, avec ses débats internes récurrents sur l'intégration des femmes peints comme les derniers soubresauts d'un establishment élitaire et patriarcal sur le déclin. Selon les archives du Guardian, la lutte pour l'inclusion des femmes au Garrick remonte à 1966. Ce bastion masculin semble s'éterniser dans une lente disparition.
Face aux critiques de misogynie, certains membres dépeignent le club comme un aimable havre de paix luxueux pour des figures éminentes désormais retirées de la vie active, sans influence réelle. Cependant, la liste des membres que nous avons consultée révèle une réalité bien différente.
Bien que le nombre de politiciens parmi les membres ait diminué ces vingt dernières années, le Garrick demeure un cercle d'influence notable dans les sphères judiciaires et de la haute fonction publique, ainsi qu'un espace de networking discret pour le milieu artistique.
Deux responsables britanniques démissionnent après la publication de la liste des membres d’un club privé londonien réservé aux hommes
Richard Moore, directeur du MI6, et Simon Case, secrétaire général de Downing Street, ont renoncé à leur adhésion à un club londonien exclusif après que leur affiliation a suscité des critiques. Cette révélation fait suite à la publication par The Guardian, deux jours auparavant, de la liste des membres les plus notoires du Garrick Club, un des plus vieux clubs privés de gentlemen à Londres, fondé en 1831. Comme d'autres clubs prestigieux, le Garrick Club est exclusivement masculin, une tradition régulièrement critiquée comme désuète et représentative d'un entre- soi masculin dans les sphères de pouvoir.
Parmi les membres révélés par The Guardian, qui a obtenu pour la première fois la liste exhaustive des quelque 1 500 hommes membres de cette institution, se trouvent le roi Charles III, plusieurs ministres dont le vice- premier ministre Oliver Dowden, des hauts fonctionnaires, une dizaine de juges, environ 150 avocats, ainsi que des artistes tels que les acteurs Brian Cox, Benedict Cumberbatch, et Hugh Bonneville. La présence de Richard Moore, directeur du MI6, a également été notée. Cette information a provoqué des remous au sein de l'organisation, d'autant plus que Moore avait publiquement appelé à une plus grande diversité au MI6, souvent perçu comme un milieu d'espionnage masculin peu inclusif. En réaction, Moore a annoncé par courrier à tous les employés son départ du club, suite à des discussions avec des collègues féminines.
D'après le journal, il mentionne dans son message son désir de ne pas laisser son affiliation au Garrick Club entraver les efforts déployés au MI6 pour remédier à la sousreprésentation féminine au sein de l'agence. Simon Case, secrétaire général de Downing Street et donc le fonctionnaire le plus éminent du Royaume- Uni, a aussi choisi de se désaffilier du club, d'après ce qu'a rapporté l'agence Press Association.
Certains membres du Garrick Club, selon des déclarations recueillies par The Guardian, ont argumenté qu'ils oeuvraient en interne pour l'ouverture du club aux femmes. Un scrutin tenu en 2015 sur cette question n'avait pas atteint la majorité nécessaire pour changer la politique du club. Une nouvelle tentative de vote est prévue pour juin.
Mentalité du cru : La jeunesse dorée anglo-saxonne agace en exposant sa richesse sur les réseaux sociaux
Résidences luxueuses, voitures de sport flamboyantes, montres haut de gamme, et bouteilles de champagne géantes. Lorsque les jeunes aisés américains et britanniques exposent leur vie sur les réseaux sociaux, la démonstration de richesse se transforme en véritable concours. Les images peuvent divertir, irriter ou même scandaliser, tant l'étalage de luxe est parfois jugé de mauvais goût. Cette ostentation rappelle souvent les clips de rap américains, utilisant à outrance les stéréotypes de la richesse.
L'initiative a débuté avec le Tumblr "Rich kids of Instagram", compilant les clichés de jeunes Américains fortunés publiés sur Instagram, la plateforme de partage de photos. Le blog, sarcastiquement intitulé "They have more money than you and this is what they do" (Ils ont plus d'argent que vous et voici ce qu'ils en font), mettait en scène ces photos dans un cadre ironique et avait attiré l'attention. On y découvrait des adolescents indécis quant au choix de leur voiture de sport pour aller à l'école, un avant-bras chargé de montres en or, ou encore quelqu'un dans une piscine, tenant un magnum de champagne.
Les jeunes Britanniques privilégiés ont ensuite adopté cette tendance en créant un compte sur Snapchat, l'appli de partage de photos éphémères, et une page Facebook nommée “What Happens At Private School Goes On Snapchat” (Ce qui se passe dans les écoles privées finit sur Snapchat), rassemblant plus de 250 000 «likes». Le concept reste le même, avec des images de la vie quotidienne montrant hélicoptères privés, voitures de luxe italiennes, et champagne en abondance, souvent accompagnées de commentaires arrogants, voire méprisants. L'usage répété du terme «peasants» (paysans) illustre le dédain de cette jeunesse dorée britannique pour le grand public.
Sur les réseaux, les opinions sont partagées. Chaque photo postée lance un débat entre ceux qui les trouvent amusantes et ceux qui les considèrent comme indignes et vaines. Face aux critiques croissantes, l'administrateur du compte Snapchat a diffusé une déclaration pour défendre son action. «Il est crucial de souligner que je ne jugerais jamais quelqu'un sur sa fortune. J'ai lancé cette page pour le divertissement uniquement. Mes intentions n'étaient pas malveillantes. L'unique objectif de mon compte Snapchat est d'encourager les jeunes à se lancer et à réaliser leurs ambitions.»
“Le boys club” : en finir avec l’entre-soi masculin au taf
Des domaines comme la cryptomonnaie, la finance, le football, l'automobile ou encore l'architecture, sont le terrain de jeu de nombreux "boys clubs". Ces groupes dominés par les hommes, où se croisent argent et pouvoir, sont présents dans tous les secteurs professionnels où la prédominance masculine est flagrante. Certains de ces clubs, à l'image des anciens gentlemen's clubs anglais qui perdurent, excluent explicitement les femmes. D'autres, tels que les équipes de la finance ou du développement informatique, pratiquent une exclusion plus subtile : en théorie ouverts à tous, ils restent en pratique exclusivement masculins.
Ces milieux, sans être systématiquement misogynes, créent un environnement peu accueillant pour les femmes, souvent perçues comme « faibles » et « différentes ». Ils fonctionnent comme des cercles fermés, favorisant l'échange d'informations et le maintien du pouvoir entre hommes, et renforcent les mécanismes d'entraide masculine au détriment de l'égalité professionnelle. L'appartenance à ces boys clubs avantage la carrière de leurs membres masculins, au détriment des femmes et des hommes qui en sont exclus.
"Le boys club n'est pas un vestige du passé", souligne Martine Delvaux dans son ouvrage essentiel, Le boys club (Payot, 2021). Écrivaine et essayiste féministe du Québec, elle explore les manifestations des boys clubs dans les cultures américaine et européenne, mettant en lumière les dynamiques qui les sous-tendent. L'essai, qui a remporté le Grand Prix du livre de Montréal en 2020, trouve un écho tout aussi fort en Europe. Professeure spécialisée dans la littérature féminine à l'Université du Québec à Montréal, Delvaux propose une critique du patriarcat riche et multiculturelle.
"Boys club : un terme emprunté à l'anglais, adopté tant en France qu'au Québec, pour décrire cette solidarité masculine. Le boys club est le creuset où se forge une certaine virilité, au détriment d'autres individus qui, dans l'espace public, doivent naviguer parmi les dangers, subissant parfois la violence d'un groupe d'hommes protégés par leur statut."
L'étymologie du terme "boy" trouve son origine dans le mot "frère", soulignant le lien fraternel entre les membres d'un même groupe sportif ou professionnel, comme dans la police ou l'armée. L'usage du mot "boy" au lieu de "man" indique une hiérarchie sociale marquée au sein du groupe. La force du boys club réside précisément dans les interactions entre ses membres. Comme Pierre Bourdieu l'avait souligné (et repris par Martine Delvaux dans "La domination masculine"), "la virilité est profondément relationnelle, façonnée face à et pour d'autres hommes, en opposition à la féminité, et marquée par une crainte du féminin, y compris en soi."
Les exemples les plus flagrants de boys clubs sont les anciens clubs aristocratiques anglais, où l'entrée est formellement interdite aux femmes. La notion de "club" exclusif est pleinement revendiquée, ces lieux étant des bastions des intérêts masculins aristocratiques. Selon l'auteure, ces clubs représentent la manifestation la plus aboutie de la solidarité masculine et de l'exclusion des femmes, servant de modèle aux autres formes de boys clubs, même les moins rigides.
Des clubs comme le Bullington Club, fréquenté par David Cameron et Boris Johnson, illustrent l'esprit de camaraderie parmi les anciens élèves d'Eton et d'Oxford, servant de pont entre différentes générations de "boys". Malgré les années, les membres de ces "good old boys clubs" demeurent jeunes aux yeux de la société, leur vieillissement étant vu sous un jour positif, contrairement aux femmes, qui subissent une invisibilisation accrue avec l'âge.
Pour Martine Delvaux, Donald Trump incarne parfaitement le "old boy", se comportant en enfant gâté sans manières, échappant aux conventions sociales. Trump démontre ouvertement les traits caractéristiques des "old boys" : la cruauté, l'humiliation, l'intimidation, l'impunité et le sentiment de supériorité légale. Ces comportements, bien que répréhensibles pour les détenteurs de pouvoir, sont monnaie courante et valorisés au sein des boys clubs, où règnent les désirs de pouvoir et de richesse insatiables.
Il n'est pas rare que certains boys clubs intègrent quelques femmes, utilisées comme alibi pour contester leur nature exclusive. Leur logique est simple : "Comment pourrionsnous être accusés de sexisme si quelques femmes font partie de nos rangs ?" Néanmoins, lorsque ces femmes sont largement minoritaires, elles n'ont guère la possibilité de questionner ou de changer les dynamiques de genre inégalitaires. Pire encore, elles sont souvent cantonnées à des rôles stéréotypés, réduites à leur apparence et considérées plus comme des "objets" de décoration que comme des individus à part entière. Ces femmes sont ce que Martine Delvaux appelle des "serial girls" (titre d'un de ses essais publié en 2022 chez Payot), perçues principalement sous l'angle de leur apparence et destinées à être consommées visuellement par un public masculin.
La stratégie consistant à inclure quelques femmes dans des environnements traditionnellement masculins pour démentir l'appartenance à un boys club est bien connue sous le nom de tokénisme. Ces femmes servent de preuve apparente que le groupe n'est pas sexiste, un peu comme l'inclusion de personnes de couleur peut être utilisée pour se défendre contre des accusations de racisme. Toutefois, l'intégration de quelques femmes ne déstabilise pas le boys club ; au contraire, elle peut même en renforcer les fondements.
Par moments, une femme se retrouve isolée, à la manière de la Schtroumpfette au sein du village des Schtroumpfs. C'est dans cet esprit que Martine Delvaux rend hommage au "principe de la Schtroumpfette", conceptualisé par Katha Pollitt, soulignant qu'un groupe d'hommes est souvent valorisé par la présence unique d'une femme aux caractéristiques stéréotypées : "Les hommes sont la norme, les femmes l'exception ; les hommes sont au centre, les femmes en marge ; les hommes sont des individus, les femmes des clichés. Les hommes définissent le groupe, son histoire, ses valeurs. Les femmes, quant à elles, n'existent qu'en référence aux hommes," écrivait la journaliste dans le New York Times en 1991.
Plus de trois décennies après l'article du New York Times sur la Schtroumpfette, Martine Delvaux constate que peu de choses ont évolué : "Ce trope demeure omniprésent et tellement habituel qu'il passe souvent inaperçu. On ne s'attarde pas sur cette image, on oublie de considérer sa signification. Distraits, nous restons confortablement dans nos habitudes."
Que leur composition soit exclusivement masculine ou inclue quelques figures féminines, les boys clubs modèlent notre monde à leur image, répondant avant tout à leurs propres intérêts. Pour Martine Delvaux, ces groupes représentent à la fois un réseau de relations et des espaces définis. L'importance accordée à l'architecture n'est pas fortuite, puisque villes, bâtiments et espaces publics sont majoritairement pensés par et pour les hommes, contribuant ainsi à perpétuer la domination masculine. "La ville appartient aux hommes, surtout après la tombée de la nuit," écritelle.
Elle évoque aussi l'étude "Genres, violences et espaces publics : la vulnérabilité des femmes en question" de la sociologue Marylène Lieber, qui démontre que les femmes sont constamment rappelées à leur statut de proies potentielles dans l'espace public, leur place étant implicitement assignée au domaine domestique. Les agressions, subtiles ou manifestes, visent à les "remettre à leur place".
L'essai explore en détail la relation entre l'architecture et les boys clubs, révélant que le secteur architectural est dominé par les hommes. En France, par exemple, seules 30% des inscriptions à l'Ordre des architectes concernaient des femmes en 2019. Cette situation a une portée à la fois symbolique et concrète : les architectes construisent littéralement les bastions de la domination masculine où se retrouvent les boys clubs. Bien que la présence féminine dans l'architecture ait progressé ces dernières décennies, le secteur reste marqué par des inégalités similaires à celles observées dans les domaines de la médecine ou de l'art, avec un "fossé d'autorité" persistant. Les hommes se voient confier les projets les plus prestigieux et lucratifs, leur "génie" étant rarement remis en question, tandis que les femmes se concentrent davantage sur les aspects liés au soin, au soutien, au domestique et à la décoration. "L'architecture est, à bien des égards, l'incarnation parfaite du patriarcat blanc dominant."
À l'ère du numérique, l'espace vital ne se limite pas au physique et au matériel, mais s'étend également au médiatique et au symbolique. Cet espace numérique est modelé par d'autres "architectes" boys clubs, à savoir les dirigeants d'entreprises technologiques ainsi que les journalistes et influenceurs opposés à la présence féminine. La saga de la ligue du LOL, analysée en profondeur par l'autrice, illustre parfaitement ce phénomène : "ces ligues du LOL incarnent l'exclusion, voire l'expulsion des femmes de certains espaces, à travers la moquerie et l'insulte, permettant ainsi aux boys clubs de maintenir leur prédominance — en ridiculisant et en dévalorisant celles qui cherchent à s'intégrer et qui, par leur simple présence, menaceraient de les déstabiliser.
SEXISM IN THE CITY : A LONDRES LE BOOM DES CLUBS PRIVÉS FÉMININS
Inspiré par les clubs masculins traditionnels, le "Allbright", dédié aux "femmes actives", a inauguré ses locaux le mois passé en plein coeur de Londres. Ses fondatrices, Debbie Wosskow, ancienne entrepreneuse de 43 ans, et Anna Jones, ancienne directrice chez Hearst Media de 42 ans, ont rénové une maison georgienne de cinq étages. Les membres y trouvent un espace chaleureux pour développer leurs affaires, élargir leur réseau et se ressourcer. L'engouement est palpable, la liste d'attente s'allongeant de jour en jour.
L'univers des clubs londoniens s'ouvre désormais audelà du cercle des gentlemen. Portées par le mouvement #metoo, les femmes s'emparent de ce qui était l'un des derniers refuges masculins. Autrefois interdites, elles réinvestissent ces espaces, où règnent habituellement les discussions stratégiques ou les commérages, dans un décor de chesterfields et de fumée de cigare. Ces lieux, longtemps exclusifs, trouvent aujourd'hui leur pendant féminin dans une ville connue pour son activisme féministe. Dès 1883, l'University Club for Ladies (renommé par la suite University Women’s Club) ouvrait ses portes aux entrepreneuses de l'ère victorienne, suivi du Pioneer Club, établi en 1892 par Emily Massingberd, proclamant un féminisme affirmé.
Les clubs privés pour femmes : une empreinte londonienne
Alors, rien de vraiment nouveau ? Selon les fondatrices de l'Allbright, les Londoniennes manquaient jusqu'ici de leur propre espace. Cependant, les clubs féminins privés voient le jour régulièrement, comme "The Sorority", fondé en 2010. L'Allbright se propose comme un écosystème favorisant l'entrepreneuriat féminin, avec une "academy" où experts et coachs partagent leurs compétences. Dans un cadre à la fois britannique et scandinave, l'Allbright combine salles de réunion, espaces de travail, beauty bar, studio de yoga, bar et cuisine, offrant un environnement idéal pour le travail et le bien-être. "Nous avons voulu créer un lieu célébrant les femmes, pour elles et par elles. C'est le genre d'espace qui manquait à Londres jusqu'à présent", explique Anna Jones à l'AFP.
L'Allbright, parmi les clubs féminins privés les plus accessibles
Nom donné en hommage à Madeleine Albright, première femme secrétaire d'État américaine, le club se veut un luxueux refuge où ses membres peuvent se connecter, collaborer, s'inspirer. L'aspect féministe, serait-il un levier pour un projet lucratif ? Heureusement, le coût d'adhésion demeure abordable, à 750 £ annuellement avec des frais d'inscription de 300 £, un tarif bien inférieur à celui de nombreux clubs de sport. De plus, une réduction de 10% est accordée aux femmes de moins de 27 ans. La devise du club, affichée sur la façade, fait écho à Virginia Woolf, autre figure féministe. Dans "Une chambre à soi", l'écrivaine soulignait l'importance pour une femme d'avoir de l'argent et un espace propre "pour créer avec succès".
À Paris, le « Mona », initiative éphémère et gratuite orchestrée par « My Little Paris », a démontré l'existence d'un désir pour des espaces singuliers où les femmes peuvent se retrouver, travailler, assister à des événements ou simplement s'accorder un moment pour elles. L'idée de créer des clubs féminins a, curieusement, suscité des controverses, accusée de sexisme. Pendant que le caractère testostéroné et traditionnel des clubs anglais était revendiqué comme un marqueur de pouvoir, les femmes ont constamment oeuvré pour se voir reconnaître un espace social qui leur soit propre. Cet objectif a été atteint à Londres. Cependant, certaines critiques soulignent que les clubs privés pour femmes favorisent principalement les activités des femmes jouissant de revenus élevés. Le coût d'adhésion demeure un obstacle pour les femmes moins fortunées, qui bénéficieraient pourtant davantage de tels espaces.
Paris, le QG des clubs français pour hommes
Paris abrite une sélection restreinte de cercles très exclusifs, incluant des think tanks et des associations parfois centenaires. Ces espaces secrets, où se rencontrent des personnalités de haut rang, de la noblesse et des figures du monde des affaires, tiennent à préserver leur caractère hautement exclusif. Pour y accéder, il est nécessaire de faire preuve d'un intérêt marqué pour le club en question, d'avoir le soutien de un ou plusieurs membres actifs et de s'acquitter d'une contribution significative afin d'espérer recevoir le précieux sésame d'adhésion.
"La structure sociale de ces lieux repose sur une dynamique d'homosocialité, concept qui ne se rapporte pas à l'orientation sexuelle mais à la tendance à se regrouper avec des individus similaires. Dans une société qui prône l'égalité des sexes et des opportunités, cela représente un moyen de recréer des distinctions de classe", observe Michaël Dandrieux, sociologue.
"Ces associations transcendent la notion traditionnelle de club. La sélectivité engendre non seulement un sentiment d'appartenance mais également des connections fortes entre les membres.
L'exclusivité de ces clubs cultive également un certain mystère, puisqu'on ignore souvent les activités qui s'y déroulent. "Si tout est divulgué, si tout est connu, cela supprime le goût de la découverte. Il n'y aurait plus de quête, plus d'anticipation, plus d'espoir, ni même de société sans un brin de mystère. L'attrait général pour ces univers secrets s'explique ainsi", ajoute Michaël Dandrieux, directeur éditorial des Cahiers européens de l'imaginaire.
Un cas emblématique est le restaurant de l'Automobile Club de France, situé place de la Concorde : Il s'agit du plus vieux club automobile au monde, fondé en 1895, avant même la création de la célèbre Ford T. L'Automobile Club de France se rassemble au sein de l'hôtel Plessis-Bellière, à deux pas du célèbre Hôtel de Crillon, sur la place de la Concorde, aux abords des Champs-Élysées.
Ce bâtiment du XVIIIe siècle renferme, entre autres, une bibliothèque, un théâtre, une piscine, une salle d'armes et un restaurant. Ce dernier, offrant une gastronomie française, n'est ouvert à un visiteur occasionnel que s'il est invité par un membre du club. Il est donc avantageux de connaître des personnalités telles que Nicolas Seydoux (président de Gaumont), Gérard Féau (directeur général du groupe Féau Immobilier), Carlos Ghosn (directeur général de Renault et Nissan) ou l'un des presque 2000 membres, puisque seuls ces derniers peuvent prendre en charge le paiement de l'addition.
Pour les passionnés de voitures de luxe, la simple possession de modèles prestigieux de Bugatti, Maserati ou Ferrari ne suffira pas à obtenir la carte de membre de l'exclusif Automobile Club de France. Il faudra d'abord se faire recommander par deux membres actifs, soumettre un dossier de candidature qui sera ensuite évalué par un comité de 21 membres décidant de l'acceptation ou non du candidat. Deux paiements, l'un de 3 000 € pour les frais d'entrée et l'autre de 1 850 € pour la cotisation annuelle, seront ensuite requis. Mesdames, cet univers de gentlemen ne vous est malheureusement pas ouvert.