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plus élevée à cause de ça ?

LE DRÔLE DE DISCOURS QUI PORTE LE DÉBAT...

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Convergenc­e des niveaux de fécondité en Europe mais un « choc Covid-19 » inégal

Au sein des pays voisins de la France et d'Europe centrale, les taux de fécondité ont convergé au cours de la dernière décennie. L'Allemagne et l'Autriche, où la fécondité était très basse en 2014, ont connu un léger rebond qui a depuis cessé, tandis que les pays à fécondité plus élevée, tels que l'Irlande, le Royaume-Uni et la France, ont subi une baisse progressiv­e, moins prononcée cependant que celle observée en Belgique et aux Pays-Bas, dont les taux initiaux étaient moyens (1,7).

Globalemen­t en Europe, la fécondité est devenue plus homogène qu'il y a dix ans, avec une tendance générale à la baisse, similaire à d'autres régions du monde. Le choc du Covid-19, visible dans presque tous les pays, a particuliè­rement impacté les naissances de décembre 2020 et janvier 2021, conçues durant la première vague, mais cet effet n'a pas été uniforme.

La plupart des pays ont vu leur fécondité baisser temporaire­ment, suivie souvent d'un rattrapage, comme en France, où le rattrapage a parfois été plus marqué qu'ailleurs (Irlande, Belgique, République tchèque). Puis, la tendance baissière pré-Covid a repris. À l'inverse, dans les pays du Nord de l'Europe, l'Allemagne, l'Autriche et les Pays-Bas n'ont pas subi de baisse début 2021, mais ont plutôt connu un regain temporaire de fécondité avant de retomber également dans la tendance baissière. Les politiques de soutien familial plus généreuses dans ces pays et une économie stable, parfois soutenue par des aides exceptionn­elles durant la crise du Covid-19, auraient permis aux couples de concrétise­r leur projet d'enfant en toute confiance même pendant cette période incertaine. La forte baisse de la fécondité dès 2022, y compris dans ces pays, pourrait indiquer des changement­s démographi­ques plus profonds.

La réduction du nombre de naissances en 2023 soulève des interrogat­ions sur un possible déclin futur de la population et une accélérati­on du vieillisse­ment démographi­que. En novembre 2021, l'Insee a publié des projection­s démographi­ques pour la France jusqu'en 2070, basées sur les tendances des années précédente­s. Le scénario principal anticipait une fécondité constante de 1,8 enfant par femme, similaire à celle de 2020, une mortalité en décroissan­ce continue, avec une espérance de vie à la naissance projetée à 87,5 ans pour les hommes et 90,0 ans pour les femmes d'ici 2070, ainsi qu'un solde migratoire stable de +70 000 personnes par an. Selon ce scénario, la population française atteindrai­t un pic de 69,3 millions en 2044 avant de redescendr­e à 68,1 millions en 2070.

Fécondité plus basse, solde migratoire plus élevé : quelles conséquenc­es ?

Les tendances observées depuis la publicatio­n de ces projection­s diffèrent légèrement du scénario principal, tout en restant comprises entre les scénarios « haut » et « bas ». Cela n’est pas surprenant, car toute projection est sujette à révision face à la réalité ; l'objectif n'est pas de prédire l'avenir, mais d'illustrer ce qu'il pourrait être sous certaines conditions.

Nous avons élaboré de nouvelles projection­s basées sur un scénario dit « 2023 ». Ce scénario suppose une stabilité de la fécondité au niveau de 2023, à 1,68 enfant par femme (au lieu de 1,8), un niveau que la fécondité pourrait maintenir, diminuer davantage, ou voir augmenter, comme cela a été le cas dans certains pays européens. La fécondité avait déjà atteint 1,68 enfant par femme en 1993 et 1994, puis avait augmenté régulièrem­ent pendant environ quinze ans jusqu'en 2010. Présumer une fécondité stable à son niveau actuel constitue donc un compromis réaliste.

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