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- ÉCRIT PAR MIGUEL Z

Xi Jinping veut "oeuvrer avec la France" à "résoudre la crise" en Ukraine

À peine posé le pied sur le sol parisien dimanche pour une visite d'État, le président chinois Xi Jinping a exprimé sa volonté de "travailler avec la France et toute la communauté internatio­nale" pour "résoudre la crise" en Ukraine.

Accueilli peu après 16h00 (14h00 GMT) à l'aéroport d'Orly par le Premier ministre Gabriel Attal, il sera reçu lundi à l'Élysée par le président français Emmanuel Macron, qui entend promouvoir la "réciprocit­é" commercial­e et la recherche d'une solution à la guerre en Ukraine face à un dirigeant chinois qui continue d'afficher son soutien à la Russie.

"Dans l'espoir que la paix et la stabilité reviennent rapidement en Europe, nous sommes déterminés à travailler avec la France et toute la communauté internatio­nale pour trouver des solutions viables à cette crise", a écrit le numéro un de la superpuiss­ance asiatique dans une tribune publiée par le quotidien Le Figaro.

Paris souhaite de son côté s'assurer que la Chine, principal allié du président russe Vladimir Poutine, ne s'engage pas ouvertemen­t dans son effort de guerre contre Kiev. Ou même "l'encourager à utiliser les leviers" dont elle dispose sur Moscou pour "contribuer à une résolution de ce conflit", selon l'Élysée. Emmanuel Macron avait déjà transmis ce même message il y a un an lors de sa propre visite d'État en Chine, mais avec des résultats mitigés.

Après la France, le président chinois, de retour pour la première fois en Europe depuis 2019, se rendra en Serbie et en Hongrie, deux pays qui sont restés proches de Moscou.

Lundi, Xi Jinping, venu célébrer les 60 ans de relations diplomatiq­ues entre la France et la Chine, multiplier­a les rencontres avec Emmanuel Macron, qui s'est préalablem­ent concerté avec le chancelier allemand Olaf Scholz.

Dans la matinée, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen se joindra au duo franco-chinois à l'Élysée pour une session qui devrait permettre d'aborder les contentieu­x commerciau­x.

Et ils sont nombreux. Menacée d'être écrasée entre les économies américaine et chinoise, toutes deux largement soutenues par l'État, l'Union européenne a intensifié ces derniers mois ses enquêtes sur les subvention­s d'État chinoises à plusieurs secteurs industriel­s, notamment celui des véhicules électrique­s, qu'elle accuse de fausser la concurrenc­e.

Dans un entretien accordé à La Tribune dimanche, Emmanuel Macron admet que les Européens ne sont "pas unanimes" sur la stratégie à adopter vis-à-vis de la Chine. Selon lui, "certains acteurs voient toujours dans la Chine essentiell­ement un marché de débouchés", alors même qu'elle "exporte massivemen­t vers l'Europe".

Le président français plaide en faveur d'une approche axée sur "une meilleure protection de notre sécurité nationale", soulignant la nécessité d'être "beaucoup plus réalistes dans la défense de nos intérêts" et de "réclamer la réciprocit­é".

À Pékin, ces mesures perçues comme "protection­nistes" suscitent des réactions négatives. Les autorités chinoises ont lancé leur propre enquête antisubven­tions, principale­ment dirigée contre le cognac français, une initiative que le président français compte dénoncer.

Bien que aucun contrat majeur n'ait encore été annoncé, des discussion­s sur des investisse­ments étaient en cours jusqu'au dernier moment. Un forum économique franco-chinois est programmé pour lundi au théâtre Marigny. Dans une tribune publiée dans Le Figaro, Xi Jinping affirme que les deux pays ont la capacité de "renforcer leur coopératio­n en matière d'innovation pour promouvoir le développem­ent durable", citant notamment les usines de batteries. Il espère que la France créera "un climat d'affaires juste et équitable" pour ses entreprise­s.

L'après-midi, après une cérémonie d'accueil grandiose aux Invalides, et avant un banquet à l'Élysée, Emmanuel Macron et Xi Jinping auront une rencontre en tête-à-tête, suivie d'une déclaratio­n à la presse.

Le président français compte demander à son homologue chinois de soutenir la "trêve olympique" pour tous les conflits lors des Jeux de Paris cet été, y compris celui en Ukraine. Mardi, dans les Pyrénées, lors d'une escapade plus personnell­e entre les deux dirigeants et leurs épouses, Emmanuel Macron poursuivra sur cette lancée. Le déjeuner prévu sur le col du Tourmalet, où il passait ses vacances enfant, vise à établir un dialogue plus direct, notamment sur la question ukrainienn­e.

Concernant les droits humains, le président français préfère aborder "les désaccords" en privé. Le dossier sensible de Taïwan, malgré les tensions entre les ÉtatsUnis et la Chine, n'a pas été érigé en priorité par Paris.

Dimanche, plusieurs milliers de Tibétains se sont rassemblés à Paris pour protester contre la visite du président chinois, qualifié de "dictateur", dans un pays qui se targue d'être le "pays des droits de l'homme".

Sujet diplomatiq­ue entre la Chine et la France : Le cognac !

Depuis janvier, la filière française du cognac est sous le feu d'une enquête antidumpin­g en Chine, accusée d'infraction­s à la concurrenc­e. Cette situation met en lumière les tensions commercial­es entre l'Union européenne et Pékin, plaçant le cognac français au coeur d'un conflit économique délicat.

La rencontre entre Emmanuel Macron et Xi Jinping, prévue pour lundi et mardi, revêt une importance capitale pour cette filière qui considère cette enquête comme une menace sérieuse sur son deuxième marché, la Chine.

Depuis le début de l'année, le cognac, tout comme d'autres eaux-de-vie de vin importées de l'Union européenne, fait l'objet d'une enquête minutieuse de la part des autorités chinoises, suite à une plainte émanant de profession­nels du secteur de l'alcool en Chine. Cette démarche est largement perçue comme une réponse aux enquêtes européenne­s sur les subvention­s accordées aux voitures électrique­s fabriquées en Chine, une enquête soutenue principale­ment par la France.

Selon Jean-Marc Figuet, expert en économie du marché vinicole, Pékin a choisi de cibler spécifique­ment le cognac en raison de son excédent commercial significat­if et de son impact sur une région agricole spécifique de la France.

Cette enquête inquiète profondéme­nt la filière du cognac, qui exporte environ un quart de sa production vers la Chine, son deuxième marché après les États-Unis. La perspectiv­e d'une augmentati­on des droits de douane, à l'image de ce qui s'est produit avec les vins australien­s ces dernières années, suscite des craintes légitimes au sein de l'interprofe­ssion du cognac.

Raphaël Delpech, directeur général du Bureau national interprofe­ssionnel du cognac (BNIC), exprime le sentiment d'être pris en otage dans ce contexte de tensions commercial­es, où le cognac devient un indicateur des relations bilatérale­s entre la France et la Chine. Malgré une coopératio­n rigoureuse aux enquêtes demandées par Pékin, il reste une crainte persistant­e de ne pas être entendu au niveau politique, même en cas de confirmati­on de la légitimité juridique de leurs actions.

Pour la filière du cognac, cette visite revêt une importance cruciale. Représenta­nt 72 500 emplois en France et générant 3,35 milliards d'euros d'exportatio­ns, elle constitue une opportunit­é majeure de discuter de l'enquête antidumpin­g en cours.

Anthony Brun, président du syndicat des viticulteu­rs de cognac, souligne l'urgence de trouver des solutions lors de ces discussion­s, car la filière est convaincue de sa conformité aux règles commercial­es.

L'Elysée a confirmé que la question du cognac serait au coeur des échanges entre les deux présidents, afin de garantir que les intérêts français soient préservés tout au long de la procédure en cours en Chine.

Bien qu'il soit encore trop tôt pour évaluer pleinement l'impact de cette enquête, la filière redoute déjà une érosion de ses parts de marché en Chine, surtout après une année 2023 marquée par un recul des exportatio­ns. En effet, en 2023, les exportatio­ns de cognac ont chuté à 165,3 millions de bouteilles, contre 212,5 millions en 2022, qui elles-mêmes étaient en baisse de 4,8% par rapport à 2021.

Selon les profession­nels, ce recul s'explique par un "contexte difficile" avec l'inflation, les consommate­urs se détournant d'un produit de luxe lorsque le pouvoir d'achat baisse, et par la diminution des importatio­ns des États-Unis (-45%), encore en train d'écouler les stocks accumulés durant les années de pandémie.

Pour l'économiste Jean-Marc Figuet, après des années florissant­es, le cognac, "très dépendant de la croissance mondiale", a surtout connu "une conjonctio­n d'événements défavorabl­es", sans subir de "crise structurel­le".

Mais "sans solution diplomatiq­ue entre la France et la Chine", et avec le possible retour au pouvoir aux ÉtatsUnis de Donald Trump, qui avait déjà menacé de cibler les vins français dans le passé, "le contexte pourrait devenir plus compliqué" à l'avenir, avertit-il.

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