rêver les investisseurs étrangers
UN TERRAIN FERTILE AUX IDÉES NOUVELLES ?
Le prince envisage de porter ce fonds d'investissement étatique à 1 070 milliards de dollars d'ici 2025 pour financer son plan. À cet effet, le fonds souverain a déjà contracté un emprunt de 17 milliards de dollars auprès de 25 banques américaines, européennes et du Moyen-Orient. Cette stratégie démontre la détermination du prince ben Salmane à poursuivre des investissements à fort impact, aussi bien en Arabie saoudite qu'à l'étranger, offrant ainsi à Monaco une opportunité significative. C'est pourquoi la délégation monégasque a rencontré des partenaires institutionnels potentiels au ministère des investissements saoudiens, en plus d'échanges avec la chambre de commerce d'Arabie saoudite à Riyad. Cette coopération a été facilitée par la présence déjà établie d'entreprises monégasques sur le territoire saoudien, telles que le joaillier APM, dont Charles Leclerc est l'un des ambassadeurs, ainsi qu'Althaus Yachts dans le secteur du yachting. Le Monaco Economic Board (MEB) voit cette situation comme une opportunité majeure : "Ce déplacement a permis aux entreprises monégasques de se rapprocher, de découvrir des synergies et même de conclure des accords commerciaux entre elles, ce qui est l'une des missions principales du MEB. Au regard du nombre et de la qualité des relations établies au cours de ces trois jours, cet objectif semble déjà avoir été atteint, dépassant toutes les attentes", rapporte leur communication.
Cependant, pour concrétiser cette ouverture, Riyad doit mettre de côté sa réputation controversée sur le plan politique et diplomatique, qui pourrait décourager de potentiels investisseurs. Son régime politique, critiqué par certaines organisations internationales, est l'un des plus fervents utilisateurs de la peine de mort, aux côtés de la Chine et de l'Iran. En 2023, le régime saoudien a procédé à 170 exécutions sur son territoire, dont 33 pour des raisons "politiques", selon l'Agence France Presse (AFP), d'après Amnesty International.
Amnesty International a vivement condamné la peine de mort prononcée contre Mohammad bin Nasser al Ghamdi, un enseignant à la retraite âgé de 54 ans, accusé "uniquement en raison de son activité pacifique en ligne sur Twitter et YouTube". Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International, a également accusé le régime saoudien d'être responsable de la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi après sa visite au consulat turc.
Elle a déclaré en septembre 2023 : "La disparition forcée, la torture et l'exécution extrajudiciaire de Jamal Khashoggi sont des crimes relevant du droit international, qui doivent faire l'objet d'une enquête et de poursuites immédiates, que tout État peut engager en vertu de la compétence universelle."
En 2019, les autorités saoudiennes ont clos le dossier Jamal Khashoggi après la condamnation de huit personnes lors d'un procès à huis clos. Cependant, un rapport de l'ONU publié la même année par Agnès Callamard, alors rapporteuse spéciale des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, a conclu que Jamal Khashoggi a été victime d'une "exécution extrajudiciaire, pour laquelle l'État d'Arabie saoudite est responsable selon le droit international des droits de l'homme".