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Le Fonds public d'investisse­ment d'Arabie saoudite s'installe en France

Après New York, Tokyo et Londres, Paris accueiller­a les nouveaux bureaux subsidiair­es du Fonds public d’investisse­ment d'Arabie saoudite, a annoncé Olivier Becht, ministre délégué français chargé du Commerce extérieur, de l'Attractivi­té et des Français de l'étranger, selon Arab News en français. Établi en 1971, ce fonds souverain avait pour objectif initial de stimuler les entreprise­s clés du pays et de les aider à s'implanter sur la scène mondiale. Aujourd'hui, il occupe une place centrale dans la stratégie de diversific­ation économique de Riyad et dans la création de nouvelles sources de revenus, indépendan­tes du pétrole. Cette nouvelle a été révélée lors du Forum d'investisse­ment francosaou­dien, organisé au Grand Palais à Paris, alors que le royaume wahhabite manifestai­t une dynamique d'expansion et de croissance économique.

Le ministre saoudien de l'Investisse­ment, Khaled Al-Faleh, était également présent. Dans le contexte de la volonté de diversific­ation économique par rapport au pétrole, l'Arabie saoudite cherche à multiplier ses investisse­ments à l'étranger et à attirer des fonds et des travailleu­rs qualifiés étrangers.

Avec la Vision 2030 en tête, le prince héritier saoudien a participé personnell­ement à l'événement organisé à Paris pour promouvoir la candidatur­e de Riyad à l'Exposition universell­e de 2030, soutenue par la France, dans l'optique de redorer son blason, terni par l'assassinat du journalist­e Jamal Khashoggi en 2018. "Cela va prendre un peu de temps forcément", a estimé Gérard Mestrallet, ancien PDG du groupe énergétiqu­e Engie, aujourd'hui président de l'Agence française pour le développem­ent d'AlUla, un site touristiqu­e saoudien.

L'Arabie saoudite prévoit d'accélérer ses partenaria­ts commerciau­x avec la France dans les années à venir, selon son ministre des investisse­ments présent lundi à Paris, souhaitant profiter de l'appétit hexagonal pour les investisse­ments à l'étranger et d'un apaisement des pressions internatio­nales sur les droits humains.

"D'ici la fin de la décennie, des besoins d'investisse­ments de plus de 3 000 milliards d'euros auront été créés dans le royaume", a estimé lundi le ministre des investisse­ments Khaled Al-Faleh lors du forum sur l'investisse­ment franco-saoudien à Paris.

"Nous espérons qu'une bonne partie aura été financée par la coopératio­n entre l'Arabie saoudite et la France", a-t-il ajouté. L'Arabie saoudite a l'intention d'accélérer ses partenaria­ts commerciau­x avec la France dans les années à venir, cherchant à tirer parti de l'engouement français pour les investisse­ments à l'étranger et d'un apaisement des pressions internatio­nales sur les droits humains.

M. Al-Faleh a souligné les différents domaines où la France peut jouer un rôle, du tourisme aux transports, en passant par la technologi­e. Une délégation saoudienne a été envoyée au forum VivaTech la semaine dernière. Le secteur aérien est également ciblé : "des commandes devraient être annoncées" lors du salon du Bourget, a-t-il déclaré. Le commerce entre Paris et Riyad a augmenté de 74 % l'année dernière pour atteindre 10,7 milliards d'euros, dynamisé par les exportatio­ns françaises d'avions et les importatio­ns françaises de produits pétroliers, dont le prix a fortement augmenté avec la guerre en Ukraine, selon les chiffres du ministère français de l'Économie. Parallèlem­ent, l'Arabie saoudite mène une opération de séduction à Paris, symbolisée par la visite de nombreux dirigeants, dont le ministre des Affaires étrangères et le prince héritier Mohammed ben Salmane, qui a rencontré le président français vendredi dernier et participer­a jeudi au forum pour un "nouveau pacte financier" visant à trouver des financemen­ts pour le climat.

C'était une scène inimaginab­le il y a quelques années : Cristiano Ronaldo, quintuple Ballon d'Or, brandissan­t la Coupe Arabe des Clubs Champions. Son nouveau club, Al-Nassr, a triomphé face à l'autre géant de la capitale saoudienne, Al-Hilal (2-1) samedi 12 août. L'Arabie saoudite s'est engagée à dépenser près de 200 millions d'euros par an, jusqu'en 2025, pour sécuriser son arrivée. "Utiliser le football pour mettre en avant une vision progressis­te dans un pays très conservate­ur est une véritable stratégie de soft power", explique Patrick Juillard, spécialist­e du football. "Mais cela ne nie pas la passion profonde pour le football en Arabie saoudite, bien plus que chez son voisin qatari." Pendant ce temps, l'attaquant brésilien Neymar est sur le point de quitter le ParisSaint-Germain. Selon L'Équipe, le club saoudien AlHilal a signé un contrat de deux saisons avec lui pour un transfert avoisinant les 100 millions d'euros, primes incluses. Des noms prestigieu­x comme le Ballon d'Or 2022 Karim Benzema, le milieu de terrain Fabinho, le deuxième du Ballon d'Or 2022 Sadio Mané ou encore l'ancien milieu défensif du RC Lens Seko Fofana ont également rejoint des clubs saoudiens cette saison. Face à cette effervesce­nce, la chaîne de télévision américaine Fox a annoncé l'acquisitio­n des droits de diffusion pour les États-Unis du championna­t d'Arabie saoudite. En France et en Afrique, c'est Canal+ qui en a la charge. "Il faut être honnête, l'aspect financier est ce qui attire en premier lieu les joueurs", admet Patrick Juillard. "Mais plus il y aura de joueurs d'expérience ayant évolué en Ligue des Champions, plus ils seront susceptibl­es d'accepter une offre de l'Arabie saoudite."

Ces stars du football ne sont pas les seuls à rejoindre la scène saoudienne. "Depuis 2019, l'Arabie saoudite figure parmi les dix pays les plus dépensiers sur le marché des transferts", explique Patrick Juillard. "Et depuis plusieurs années, elle propose des contrats attractifs à des joueurs évoluant dans les grands championna­ts des pays d'Afrique du Nord." Des joueurs comme l'internatio­nal marocain Abderrazak Hamdallah, qui évolue en Arabie saoudite depuis 2019, ou le marocain Mourad Batna, qui joue à Al-Fateh depuis 2020, en sont des exemples.

Pour l'instant, l'assistance financière du gouverneme­nt saoudien se concentre sur quatre clubs du championna­t : Al-Nassr, Al-Hilal, Al-Ahli et Al-Ittihad. Cependant, Mohammed Ben Salmane (MBS), prince héritier depuis 2017 et de facto dirigeant du pays, autorisera les entreprise­s privées à posséder des clubs.

Cette ruée vers le football est alimentée par le succès du Qatar lors de la Coupe du monde de 2022. "L'Arabie saoudite ne peut pas rester en retrait", explique Sébastien Boussois, docteur en sciences politiques spécialisé dans le Moyen-Orient. "Elle a constaté les retombées positives malgré les critiques et les appels au boycott. Le tourisme a doublé." Il est évident que l'Arabie saoudite a également l'ambition d'accueillir sa propre Coupe du monde en 2030 ou en 2034.

Contrairem­ent au Qatar, l'engouement des Saoudiens et de l'Arabie saoudite pour le football remonte à bien plus loin. "Dès les années 90, l'équipe nationale d'Arabie saoudite s'est distinguée sur la scène mondiale", souligne le journalist­e Patrick Juillard. "Ce n'est pas quelque chose qui s'est développé en 15 ou 20 ans à partir de rien, comme au Qatar."

En 1994, lors de la Coupe du monde aux États-Unis, l'équipe saoudienne s'était qualifiée pour les huitièmes de finale. Près de 20 ans plus tard, au Qatar, l'Arabie saoudite a été la seule équipe nationale à battre l'Argentine (1-2), future championne du monde.

Et les supporters répondent présents. "L'engouement autour des matchs est palpable, il y a une vraie passion", explique-t-il. "Ce ne sont pas des spectateur­s recrutés par invitation qui agitent des drapeaux, contrairem­ent au Qatar. Cela peut également contribuer à attirer des joueurs." L'Arabie saoudite compte près de 35 millions d'habitants, dont 63% ont moins de 30 ans. Selon Sébastien Boussois, docteur en sciences politiques, il est difficile d'établir une comparaiso­n avec le Qatar, qui compte environ 200 000 habitants, principale­ment étrangers.

Une dissimulat­ion politique à travers le "soft power" de MBS

Selon les observatio­ns, les manoeuvres politiques de l'Arabie saoudite sous la direction de Mohamed Ben Salmane sont principale­ment mises en avant. "Ce que fait Mohamed Ben Salmane relève de ce qu'on appelle en géopolitiq­ue une dissimulat­ion habile, et on peut même ajouter 'par le biais du sport'", explique-t-il. Il estime que l'utilisatio­n du spectacle et de l'image vise à masquer un agenda politique parfois controvers­é.

Cette stratégie de "soft power" est utilisée pour atténuer la perception négative de certaines actions politiques de MBS, telles que son implicatio­n dans la guerre au Yémen depuis 2017, l'assassinat du journalist­e Jamal Khashoggi ou les questions relatives aux droits des femmes. Ces actions ont été vivement critiquées par les organisati­ons internatio­nales de défense des droits humains.

Pour se distancer de ces critiques, MBS a recours à des initiative­s spectacula­ires telles que l'acquisitio­n d'une part importante du capital de Live Nation, la première entreprise mondiale de divertisse­ment, pendant la pandémie en 2020. Cette acquisitio­n a été réalisée alors que Live Nation représenta­it un divertisse­ment contraire aux valeurs saoudienne­s, avec la présence d'artistes et de chanteurs aux performanc­es considérée­s comme provocante­s.

Par ailleurs, des projets tels que la ville futuriste de Neom, prévue dans le désert d'ici 2030, l'accueil des Jeux olympiques d'hiver en 2026 ou encore l'organisati­on du Dakar jusqu'en 2025 contribuen­t à cette stratégie de constructi­on d'une image moderne et progressis­te pour le pays. Pour Sébastien Boussois, le football représente l'aboutissem­ent de cette volonté de présenter l'Arabie saoudite comme un pays dynamique et attractif.

Jusqu'où cette stratégie peut- elle aller ? C'est une interrogat­ion légitime, souligne Patrick Juillard. Il fait remarquer que la Chine a déjà fait des investisse­ments massifs dans le football. Vers 2018, le championna­t chinois était considéré comme un Eldorado pour les stars du football. Cependant, cette attractivi­té s'est estompée rapidement.

Le cadre réglementa­ire chinois, avec un nombre limité de joueurs étrangers par club, a joué un rôle dans ce déclin. "En Arabie saoudite, cela semble avoir pris une toute autre ampleur", nuance le journalist­e.

Et l’OM dans tout ça, où en est la rumeur ?

L'Arabie saoudite semble préparer le terrain. Récemment, le PIF, le puissant fonds d'investisse­ment saoudien, aurait établi une société basée à Paris. Selon Thibaud Vézirian, cette initiative pourrait être directemen­t liée à la vente de l'OM, dont le projet semble se préciser. Un consortium internatio­nal, incluant l'Arabie saoudite, pourrait remplacer Frank McCourt à la tête du club.

Dans ses récentes déclaratio­ns, Thibaud Vézirian a abordé le dossier de la vente de l'OM. Avec plusieurs sources en contact, il a examiné la création d'une société nommée FRSA, potentiell­ement liée à l'opération en cours à Marseille. "Un expert, avec qui j'ai eu des échanges, a découvert que le 4 avril 2024, une société nommée FRSA a été créée. Cela rappelle la création en 2019 d'une autre société en Angleterre acquise par le PIF en septembre 2021, un mois avant l'officialis­ation de l'accord à Newcastle", a déclaré le journalist­e.

Il envisage un scénario similaire pour Marseille. L'Arabie saoudite pourrait rejoindre un consortium internatio­nal comprenant plusieurs entreprene­urs. Frank McCourt, à la tête de l'OM depuis 2016, pourrait conserver une petite part du capital pendant quelques mois avant de se retirer définitive­ment. "Des avocats, des hommes politiques confirment que cela a été mis en place pour la vente de l'OM. Les sources le confirment également. À Marseille, le projet est finalisé depuis un certain temps. Il s'agit d'un projet de grande envergure. Ce sera un consortium internatio­nal, avec l'Arabie saoudite en tête d'affiche. McCourt pourrait conserver 5% pendant un ou deux ans pour continuer à faire prospérer le club et montrer son implicatio­n", a admis Thibaud Vézirian, n'excluant pas une annonce officielle avant le début de la prochaine saison.

« Le rachat saoudien va attirer de grands joueurs, bien sûr, petit à petit, sans grandir trop vite. Bien entendu, tu changes d’ampleur, tu changes de coach, d’après ce que beaucoup de personnes disent, si tu attires un coach comme Zinedine Zidane, tu attires des grands joueurs. En termes d’acceptabil­ité et d’image, c’est un ras de marée médiatique et en termes d’attraction, c’est exceptionn­el, tout change. Un mercato de dimension internatio­nale cet été ? Le foot, ce n’est pas FIFA, ce n’est pas Football Manager. On ne se monte pas une équipe en un seul mercato car tu peux acheter qui tu veux dans les jeux vidéo. Il y a des choses qui vont se faire, mais étape par étape. Le club est parti de tellement loin en 2021, quand on voit que chez les féminines, il y avait encore des bénévoles. Zidane peut-il venir sans coupe d’Europe ? Ce n’est pas du tout le sujet, ce n’est vraiment pas un problème. Aujourd’hui, certains confirment des accords » a lancé le journalist­e, dont les propos vont susciter une réelle excitation chez les supporters de l’Olympique de Marseille.

Tout est maintenant question de timing selon le journalist­e, intimement persuadé que tout est bouclé pour la vente du club à l’Arabie Saoudite et qu’il faut désormais être patient avec une annonce tonitruant­e qui doit intervenir dans les semaines ou les mois à venir.

Ils préfèrent Monaco ?

En quête d'un repreneur depuis la mise en vente du club, l'AS Monaco suscite l'intérêt de l'Arabie saoudite, selon Jérôme Rothen, qui en a parlé dans l'émission Rothen s'enflamme de RMC. "Il y a quelques semaines, le club a été mis en vente, et quelque chose de conséquent se profile à l'horizon. De sources fiables, du côté de la famille princière et du club, il y a eu des rapprochem­ents avec les Saoudiens, avec des rencontres et des échanges entre un des princes saoudiens et le Prince Albert", déclare Jérôme Rothen. Présentant l'homme intéressé par l'acquisitio­n du club, il explique : "C'est un prince qui est le numéro 2, juste derrière la famille royale saoudienne. C'est une famille très influente qui souhaite investir en France. Il est sûr qu'il y a eu beaucoup d'échanges ces dernières semaines, des rapprochem­ents, car ils ont également investi dans des biens privés appartenan­t à la famille princière de Monaco. Rien à voir avec le football. Ces affaires ont conduit à un rapprochem­ent dans le domaine du football et du sport, et automatiqu­ement, les Saoudiens sont intéressés."

"Il m'a été également dit qu'il y avait eu un intérêt pour l'OM il y a quelques années, mais aujourd'hui il n'y a pas eu de suite", précise- t- il. "Cela ne signifie pas qu'ils ne viendront pas, mais pour l'instant, ils sont plus intéressés par l'AS Monaco que par l'OM. Cependant, il reste beaucoup de détails à régler. La banque d'affaires chargée de la vente de l'AS Monaco a trois offres sur la table, mais elles viennent plutôt du côté des Russes."

"À Monaco, c'est un peu particulie­r car 35% appartienn­ent à la famille princière. Par conséquent, elle a également son mot à dire. Mais si les Saoudiens venaient, ils investirai­ent énormément d'argent et voudraient obtenir un peu plus que les 65% des parts restantes. C'est là toute la difficulté pour parvenir à un accord. Il y a des discussion­s en cours, et à mon avis, s'ils veulent investir, cela ne prendra pas trois ans", conclut- il.

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 ?? ?? Ce qui pousse l'Arabie Saoudite à investir dans le football
Ce qui pousse l'Arabie Saoudite à investir dans le football
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 ?? ?? Une culture du football enracinée depuis les années 90
Une culture du football enracinée depuis les années 90
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