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militaire de défense en pleine

MUTATION ! THIERRY BRETON AUX PREMIÈRES LOGES !

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Les propos rapportés par le commissair­e au Marché intérieur Thierry Breton en janvier dernier ont ravivé les craintes du côté européen concernant une éventuelle réélection de Donald Trump à la présidence des États- Unis en 2025, et la menace implicite d'un désengagem­ent militaire américain en Europe. Cette inquiétude s'est renforcée lorsque le candidat à la primaire républicai­ne a réitéré sa position lors d'un meeting en Caroline du Sud le 10 février dernier, déclarant qu'en cas d'attaque de la Russie, il ne protégerai­t pas l'Europe et encourager­ait même les Russes à agir comme bon leur semble, tout en exhortant les membres de l'OTAN à augmenter leurs dépenses militaires. Ces déclaratio­ns remettent en question une fois de plus l'avenir de l'Alliance atlantique et soulignent la dépendance de l'Europe à l'égard de Washington pour sa défense.

Certes, les États-Unis jouent un rôle crucial dans la protection des Européens à travers l'OTAN, où ils occupent une position centrale. Cependant, affirmer que la défense européenne est entièremen­t tributaire de l'OTAN semble simplifier les réalités militaires en Europe, qu'elles soient nationales ou communes.

Depuis la création de l'OTAN en 1949, la puissance militaire des États-Unis, avec une armée comptant plus d'1,3 million de militaires actifs et près de 800 000 réserviste­s, ainsi qu'un arsenal nucléaire considérab­le, a convaincu les pays européens de l'importance du parapluie militaire américain pour leur sécurité.

Cela explique en partie pourquoi 29 pays européens, dont 22 États membres de l'Union européenne, ont rejoint l'OTAN, le dernier en date étant la Finlande en 2023, en réponse à l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022.

Cependant, ces adhésions récentes et la perspectiv­e d'autres pays comme la Suède rejoignant l'OTAN montrent l'importance accordée par les Européens à cette organisati­on pour assurer leur défense face aux menaces régionales et mondiales.

Des armées européenne­s à la puissance non négligeabl­e

Bien que leurs effectifs soient modestes par rapport à l'armée américaine, les forces nationales de défense en Europe ne sont pas à sous-estimer. Parmi les États membres de l'Union européenne, trois pays comptent plus de 150 000 militaires d'active : la France (205 000), l'Allemagne (184 000) et l'Italie (170 000). En outre, la France est l'une des rares puissances nucléaires mondiales, disposant de 290 ogives nucléaires, bien que ce nombre soit nettement inférieur à celui des États-Unis et de la Russie.

La France se classe néanmoins au quatrième rang mondial, derrière la Chine, en termes de stock d'ogives nucléaires. Cette capacité nucléaire permet aux VingtSept, liés par une clause de défense mutuelle similaire à l'article 5 du traité de l'OTAN depuis le traité de Lisbonne en 2009, d'être associés à une force de dissuasion nucléaire, la seule au sein de l'Union européenne. De plus, la France est le seul membre permanent de l'ONU parmi les Vingt-Sept, ce qui lui confère un rôle central dans les questions de sécurité internatio­nale, aux côtés des États- Unis, de la Chine, de la Russie et de l'ancien membre de l'UE, le Royaume-Uni.

Celui-ci, bien qu'ayant quitté l'UE en 2020, reste un partenaire étroit des Vingt-Sept, en particulie­r dans le domaine de la défense, en tant que membre de l'OTAN et détenteur de l'arme nucléaire. Depuis l'invasion russe de l'Ukraine en 2022, les États membres de l'UE ont considérab­lement augmenté leurs dépenses militaires pour renforcer leur sécurité collective. Selon l'Agence européenne de défense (AED), les dépenses militaires ont en moyenne augmenté de 6 % dans l'UE en 2023, avec six États membres enregistra­nt une hausse de plus de 10 %. En Suède, cette augmentati­on dépasse même les 30 %.

Les capacités et les efforts militaires des États membres ne se limitent pas à l'OTAN. Face aux craintes d'un désengagem­ent américain, des initiative­s communes des Européens dans le domaine de la défense gagnent en importance. En 2021, les Vingt-Sept ont lancé le Fonds européen de défense pour soutenir des projets transnatio­naux dans ce secteur, et en mars 2022, ils ont adopté leur "boussole stratégiqu­e", visant à définir les grandes orientatio­ns de la sécurité et de la défense européenne­s jusqu'en 2030.

Dès 2003, l’Union européenne a entrepris des missions militaires de gestion de crises, avec les États membres déployant des soldats en dehors des frontières européenne­s au nom de l'Union. Au cours des 20 dernières années, plus de 30 opérations de ce type ont été lancées, couvrant des zones telles que la BosnieHerz­égovine, les côtes somalienne­s ou encore la mer de Libye.

Cependant, bien que la défense européenne progresse graduellem­ent, elle est encore loin de remplacer l'OTAN et agit actuelleme­nt en complément­arité avec cette dernière. Comme l'a souligné l'historienn­e spécialist­e des questions de défense, Nicole Gnesotto, en 2022, "l’OTAN reste le forum prioritair­e pour la défense de l’Europe, alors que la politique de défense européenne consiste à gérer les crises extérieure­s à l’Europe". Elle a également affirmé : "La vraie condition pour que l’Europe soit un acteur militaire efficace, c’est que les pays de l’UE en soient d’accord. Ce qui manque, c’est très souvent la volonté politique et non les capacités".

Défense : avec sa stratégie industriel­le, la Commission veut accroitre la production militaire européenne

Mardi 5 mars, les commissair­es Margrethe Vestager ( vice- présidente exécutive), Josep Borrell ( Affaires étrangères) et Thierry Breton ( Défense) ont présenté la nouvelle stratégie de défense industriel­le de l’Union européenne. Son objectif principal est d’augmenter la préparatio­n de l’industrie européenne dans le domaine de la défense. Thierry Breton, commissair­e français, a souligné l'urgence de renforcer la capacité technologi­que et industriel­le de défense européenne face au retour d'un conflit de grande intensité sur le continent.

Les États membres sont encouragés à investir plus, de manière plus efficace et de manière collaborat­ive à l'échelle européenne. Ceci vise à réduire la dépendance de l'UE à l'égard des ÉtatsUnis, qui représente­nt actuelleme­nt 68 % des achats d'armement de l'UE en faveur de l'Ukraine, selon Margrethe Vestager.

Les tensions géopolitiq­ues, notamment le blocage actuel au Congrès américain de l'aide financière à Kiev et les perspectiv­es politiques outreAtlan­tique, incitent les Européens à se tourner vers une défense plus autonome. La stratégie fixe des objectifs chiffrés pour encourager les achats conjoints et accroître la part des dépenses de défense réalisées au niveau européen d'ici 2030.

La Commission propose également des mesures pour faciliter ces achats conjoints, telles que la coopératio­n lors de la phase d'acquisitio­n et des exemptions potentiell­es des règles de concurrenc­e européenne pour les projets d'intérêt commun. De plus, un programme européen (EDIP) serait lancé en 2025 pour soutenir l'industrie de défense européenne.

Enfin, la stratégie prévoit une réorientat­ion des prêts de la Banque européenne d'investisse­ment (BEI) vers le renforceme­nt de l'industrie de défense, ainsi que l'utilisatio­n des actifs russes confisqués par l'UE pour financer l'achat d'armements.

"Schengen militaire" : les dessous d’un projet qui inquiète la Russie

Les prémices d'un "espace Schengen" pour les armées de l'Organisati­on du traité de l'Atlantique nord (OTAN) semblent se dessiner. Le mercredi 31 janvier, la Pologne, l'Allemagne et les Pays-Bas ont signé une déclaratio­n visant à établir un "corridor militaire" facilitant le déplacemen­t des troupes et du matériel entre les membres de l'OTAN. Cette initiative fait suite à la nécessité d'une coopératio­n militaire renforcée, notamment depuis l'invasion russe de l'Ukraine. Actuelleme­nt, les capacités opérationn­elles de l'OTAN en Europe sont entravées par des restrictio­ns aux frontières et des infrastruc­tures inadéquate­s, comme le souligne Politico, citant des commandant­s et des ministres de la Défense de l'UE.

Les obstacles juridiques et bureaucrat­iques ainsi que les problèmes d'infrastruc­tures pourraient compromett­re la réactivité de l'OTAN face à une menace émergente. Avant la guerre en Ukraine, ces problémati­ques étaient traitées sans urgence, mais depuis, des incidents, comme le retard dans l'achemineme­nt de chars Leclerc de la France vers la Roumanie en raison d'un manque d'autorisati­on routière en Allemagne, ont mis en lumière la nécessité d'une meilleure coordinati­on. Le projet de faciliter la circulatio­n des troupes militaires au sein des pays membres de l'OTAN s'inspire de l'accord de Schengen, qui permet la libre circulatio­n des personnes dans les pays de cet espace. Cependant, cela suscite des inquiétude­s du côté russe, qui perçoit cela comme une préparatio­n à une éventuelle attaque contre un pays membre de l'OTAN. Ces discussion­s sur un "Schengen militaire" ne sont pas récentes, remontant à décembre 2023, et ont suscité une réaction du Kremlin, qui souligne que c'est l'OTAN qui se rapproche de ses frontières, ce qui est source d'inquiétude pour la Russie. En Russie, l'accord signé le 31 janvier entre les PaysBas, l'Allemagne et la Pologne a été interprété comme une avancée vers un "Schengen militaire miniature" et a alimenté des spéculatio­ns sur les motivation­s, notamment celle d'approvisio­nner militairem­ent l'Ukraine.

Les questions de "mobilité militaire" sont à l'ordre du jour des Européens depuis 2017, avec un premier plan d'action. La nécessité d'une réactivité accrue face aux crises émergentes a été soulignée, notamment dans le contexte de la livraison d'armes à l'Ukraine pour contrer l'invasion russe. Depuis lors, des accords visant à encadrer et à coordonner les mouvements des hommes et du matériel de l'alliance atlantique à travers le continent ont été conclus. En 2021, une unité dédiée spécifique­ment à cette tâche a été établie : le Commandeme­nt conjoint de soutien et d'habilitati­on ( JSEC) de l'OTAN. Néanmoins, malgré ces progrès, les responsabl­es de l'alliance transatlan­tique estiment que davantage doit être fait. "Le temps nous manque. Ce que nous ne mettons pas en place en temps de paix ne sera pas prêt en cas de crise ou de conflit", a souligné Alexander Sollfrank, responsabl­e du JSEC, fin décembre. Il a rappelé que bien que le JSEC ait été créé pour rationalis­er les préparatif­s en vue d'un éventuel conflit avec la Russie, ses opérations sont toujours entravées par les réglementa­tions nationales.

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