Maxi

‘‘Je suis fière de mes formes généreuses’’

Passionnée de lingerie, Caroline est devenue malgré elle un modèle : dans son blog, elle montre que l’on peut dépasser ses complexes et être désirable avec des rondeurs.

- Caroline

Je ne vais pas mentir : comme beaucoup de femmes, il y a des jours où je me dis que j’aimerais maigrir un peu ! Mais, avec le temps, mes motivation­s ont changé. Récemment, je me suis initiée à la « pole dance ». Cela m’a plu et je me suis juste dit que ce serait peut-être plus facile avec quelques kilos en moins. Cependant, pas question de maigrir beaucoup ni, surtout, de perdre du poids pour plaire à quelqu’un ! Pas question non plus de me mettre la moindre pression. Je mange équilibré et je fais un peu de sport, ce qui est déjà bien. Pour le reste, je suis comme je suis et mon métabolism­e est ce qu’il est. Même si j’ai parcouru un long chemin avant de m’accepter, aujourd’hui je me trouve belle comme je suis. Et je le montre… Je l’ai tour à tour caché, malmené, affamé. Aussi longtemps que je me souvienne, mon rapport à mon corps n’a jamais été simple. Je n’ai jamais été très mince et, adolescent­e, courir les magasins était toujours un peu dépri- mant ! J’avais l’impression que la mode n’était pas conçue pour moi, jeune fille coquette mais un peu plus ronde que la moyenne. Je me suis consolée comme je pouvais : j’ai eu une phase où je me cachais derrière des pantalons « baggy » et des tee-shirts extra-larges. C’était finalement plus simple pour moi de m’habiller dans des magasins de sport, quitte à y laisser ma féminité. Plus tard, j’ai opté pour un peu plus d’excentrici­té. Je me suis coloré les cheveux et j’ai essayé les piercings. Mais je me suis assagie après avoir rencontré un homme. Pour dire la vérité, il ne m’aimait pas comme j’étais. Il était très important pour lui que je paraisse plus sage et, surtout, que je sois mince. Il surveillai­t mon poids et, pour lui, je n’ai pas hésité à m’affamer. J’ai perdu quinze kilos. Ma garde-robe s’est soudain enrichie de pièces inédites. J’ai enfin porté, sans complexes, des vêtements cintrés et près du corps. Certes, j’étais conforme à l’image qu’il atten- dait mais je n’étais pas moi-même. Je l’ai compris quand nous nous sommes séparés. Après notre rupture, douloureus­e, j’ai recommencé à manger normalemen­t. Mais après des mois de privations, j’avais déréglé mon organisme. J’ai pris trente kilos que je n’ai jamais reperdus. Pendant de longs mois je n’ai plus su qui j’étais. J’avais, dans mes placards, des vêtements que je ne pouvais plus mettre. Il m’a fallu quelques mois pour me réappropri­er mon corps. Heureuseme­nt, un amour chasse l’autre et un autre garçon, plus bienveilla­nt, m’a aidée à retrouver confiance en moi. Peu importait, finalement, que je sois ronde si j’étais heureuse. J’ai refusé d’ériger de nouvelles barrières et je me suis tranquille­ment reconstitu­é une nouvelle garde-robe qui me correspond­ait. Ensuite, j’ai rencontré l’homme merveilleu­x avec qui je partage encore ma vie aujourd’hui. Lui m’aime comme je

La beauté se résume pour beaucoup à une question de FRQ¿DQFH en soi

suis et trouve du charme à mes rondeurs. Après tout, il y a au moins un avantage quand on prend beaucoup de poids : c’est que l’on prend de la poitrine ! Aujourd’hui, j’affiche un généreux 95 F. J’ai toujours aimé la lingerie et j’ai pris un plaisir inouï à renouveler mes dessous. J’ai un faible pour la dentelle et les jolis corsets et j’ai commencé à chercher de nouveaux sites plus adaptés à ma corpulence. Si l’offre dans les grands magasins était pauvre, j’ai trouvé sur Internet des marques incroyable­s. J’ai notamment découvert le blog d’un mannequin anglais, Georgina Horne, qui m’a fait beaucoup de bien. Pour la première fois, je voyais une femme qui assumait ses formes avec du style ! Un collègue de travail, qui trouvait que j’avais du goût, m’a conseillé d’ouvrir à mon tour un compte Instagram pour publier mes coups de coeur et partager mes découverte­s. J’ai commencé, timidement, par poster quelques photos de mes tenues sans montrer mon visage, pour voir. Cette exposition me faisait un peu peur. Je ne savais pas à quoi m’attendre, mais les premiers retours ont été très positifs. Il était temps de me lancer complèteme­nt. Un an plus tard, je me suis sentie prête à jouer mon rôle de « modèle ». Je me doutais qu’il y avait beaucoup de filles comme moi qui avaient aussi envie de se sentir belles et qui appréciera­ient mes conseils. Comme beaucoup de femmes, j’ai eu l’impression de basculer dans un autre monde quand je suis passée d’une taille 44 au 46. Si beaucoup de marques traditionn­elles ne vont pas plus loin, il existe d’autres créateurs formidable­s, pas chers et insoupçonn­és ! Mon fiancé m’a toujours soutenue. J’en ai aussi parlé à mes parents qui ont trouvé l’idée formidable. J’ai arrêté de me « cacher » et j’ai commencé mon blog* en décembre 2015. Tout est allé très vite. Je travaille aussi avec une photograph­e et, sans que je ne démarche personne, des marques m’ont spontanéme­nt proposé des partenaria­ts. Très vite, j’ai eu beaucoup de retours et reçu des messages encouragea­nts sur les réseaux sociaux. Dès que je découvre une nouvelle marque, je partage ma trouvaille. Des femmes m’écrivent que je leur fais du bien et que je les aide à se sentir belles. Quand une fille m’a avoué, récemment, qu’elle avait enfin osé porter de la lingerie après avoir vu mon site, j’ai été comblée. Après tout, la dentelle n’est pas réservée aux filles filiformes ! Dès que l’on a envie d’essayer une nouvelle tenue, il suffit d’oser. Qui a dit que l’on ne pouvait pas être désirable avec quelques bourrelets ? Pas moi. J’en ai assez de la dictature de la minceur. C’est un jugement de valeur que l’on porte sur soi, à tort. On s’enferme souvent dans des prisons qui ne sont pas nécessaire­s. Même si je suis plus ronde qu’à d’autres périodes de ma vie, je peux dire haut et fort que je ne me suis jamais sentie aussi bien dans ma peau qu’aujourd’hui. Mon blog y est aussi pour beaucoup, car j’ai l’impression que mon bien-être est contagieux. Finalement, j’espère qu’il y a quelque chose de pédagogiqu­e dans ma démarche, car je veux montrer que tous les corps sont beaux et acceptable­s. Sur les murs de nos villes, certaines campagnes de publicité, avec des filles ultra-maigres, sont un peu effrayante­s ! Il faut passer outre. Quand des lectrices me disent que mes photos les inspirent et les encouragen­t, je suis heureuse. Car j’ai véritablem­ent la conviction que la beauté d’une femme (comme celle d’un homme d’ailleurs) se résume, pour beaucoup, à une question de confiance en soi…

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Caroline au milieu de la lingerie qu’elle porte… sans aucun complexe.

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