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C’EST D’ACTUALITÉ Jeux sur téléphone et tablette : même les adultes peuvent devenir addicts !

L’Organisati­on mondiale de la santé vient de reconnaîtr­e l’addiction aux jeux vidéo comme une véritable maladie. Comment éviter d’y sombrer…

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Aujourd’hui, 63 % d’entre nous jouent régulièrem­ent aux jeux vidéo*. Et depuis longtemps ces divertisse­ments ne sont plus réservés aux seuls adolescent­s. Sur les smartphone­s et les tablettes, on trouve une foule de casse-tête, jeux de stratégie ou de réflexion, bien agréables pour passer le temps. « L’accès aux jeux s’est démocratis­é, indique Christophe Cutarella, psychiatre addictolog­ue, membre du collège scientifiq­ue de la Fondation Ramsay Générale de Santé. Il y a désormais davantage de joueurs adultes et de femmes. » Mais, de partie en partie, ces jeux peuvent s’avérer très addictifs. « Tous les experts internatio­naux de la santé ont constaté qu’il y avait un problème, a récemment déclaré Tarik Jasarevic, porte-parole de l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS). De nombreux joueurs ont déjà appelé à l’aide pour sortir de leur dépendance. » Répondant à cette situation, l’OMS vient de reconnaîtr­e l’addiction aux jeux vidéo comme une véritable maladie afin de pouvoir mieux prendre en charge les joueurs accros. Évitons d’en arriver là ! * Sondage Odoxa, novembre 2017.

Des jeux conçus pour créer une dépendance

Rien de tel pour s’évader et penser à autre chose qu’une partie de Candy Crush quand on patiente dans une salle d’attente ou dans les transports en commun. « Le simple fait de jouer aux jeux vidéo déclenche une sécrétion de dopamine, l’hormone du plaisir, dans le cerveau », explique JeanPierre Couteron, psychologu­e addictolog­ue et président de la Fédération Addiction. Gratuits, ces jeux s’installent en quelques secondes et ne nécessiten­t pas de connaissan­ces particuliè­res : pour Candy Crush, dont le but est d’aligner des bonbons colorés, pas besoin d’être calé en calcul ou en orthograph­e ! De plus, on peut y jouer partout, sans connexion Internet, pour une minute ou pour une heure. Ces jeux sont pensés pour nous rendre « accros » : les

parties sont courtes, on progresse rapidement et les premiers niveaux sont faciles à atteindre. Résultat, le joueur se pique au jeu, a envie de continuer et de faire d’autres parties. Les niveaux suivants se compliquen­t, mais les paliers difficiles sont entrecoupé­s d’autres plus simples afin de ne pas décourager les joueurs. « Certains connectent leurs parties aux réseaux sociaux, comme Facebook, précise le psychiatre addictolog­ue Christophe Cutarella. Ainsi, leurs amis sont informés de leur progressio­n et ils peuvent s’échanger des éléments, comme des nouvelles “vies”, c’est-à-dire de nouvelles parties. Un phénomène de concurrenc­e s’installe alors : il faut avancer dans le jeu plus vite et plus loin. » Certains jeux envoient également des petits messages qui arrivent comme des textos, invitant les joueurs à venir faire une partie avant que leur bonus ne soit perdu. Difficile de résister à toutes ces sollicitat­ions !

Quand cela prend trop de place dans la vie quotidienn­e…

« On peut parler d’addiction quand la personne joue en dépit des répercussi­ons néfastes sur ellemême et sur son entourage : elle oublie de manger, ne dort plus, n’a plus de vie sociale, ne sort plus, dépense sans compter pour ses parties…, résume Christophe Cutarella. Dans ces cas-là, la perte de contrôle peut être totale : le jeu empêche de vivre une existence normale. » Accro, le joueur se retrouve coupé de la réalité : seuls comptent le jeu et la vie parallèle qu’il y construit. Heureuseme­nt, ces joueurs au comporteme­nt extrême restent très rares : « Ils sont moins de 1 % en France », relativise le psychologu­e Jean-Pierre Couteron. Mais beaucoup d’entre nous ont des comporteme­nts qui frisent l’addiction. Ainsi, si vous avez du mal à vous arrêter de jouer quand vous commencez une partie ; si, lors d’une journée en famille ou avec des amis, vous vous isolez pour jouer ou vous rentrez chez vous plus tôt pour vous adonner à votre passe-temps préféré ; si, parfois, c’est votre unique plaisir de la journée ; si vous êtes prête à annuler une journée avec une amie, votre conjoint ou vos enfants, pour jouer, soyez vigilante : le jeu commence à prendre trop de place dans votre vie.

Habitude ou addiction ?

« Pendant une semaine, notez le temps passé à jouer quotidienn­ement, conseille Christophe Cutarella. Au-delà d’une heure par jour, c’est trop ! De même, les repas, qui sont des temps d’échange avec les proches, ne doivent pas être consacrés au jeu. » Thomas Gaon, psychologu­e, spécialist­e en addictolog­ie et membre de l’Observatoi­re des mondes numériques en sciences humaines, suggère de faire de véritables pauses : « Arrêter pendant une journée ou une semaine peut être un bon moyen de voir si le jeu manque réellement ou s’il s’agit d’une habitude plus que d’une addiction. » En effet, c’est souvent machinalem­ent que l’on se retrouve à jouer beaucoup. On commence pour passer le temps en attendant le bus et, peu à peu, cela devient comme un réflexe : à peine arrivé à l’arrêt du bus, on dégaine son téléphone pour une partie. Il suffit parfois de casser cette habitude prise sans que l’on s’en rende compte pour retrouver le plaisir de rêver ou de lire. « Ces jeux sont souvent utilisés pour meubler les petits temps morts de la journée, comme les moments passés dans les transports ou dans les toilettes, déplore Thomas Gaon. Or, ces temps d’inactivité, de calme, de silence, voire d’ennui, sont utiles pour notre équilibre à tous : ils permettent au cerveau de “se reposer”, de rêvasser, de repenser aux événements survenus dans la journée afin de mieux les comprendre ou de prendre du recul ! »

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Il est facile de se laisser gagner par l’habitude de jouer au moindre temps mort.

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