3 questions à
Pourquoi est-ce si difficile de se vider la tête ?
Parce que la croyance erronée la mieux partagée est que nous pouvons contrôler notre activité mentale. Cette dernière peut être agréable, c’est le cas lorsqu’on rêvasse, que l’on se remémore les moments heureux ou que l’on anticipe les plaisirs à venir. Mais lorsqu’elle nous empêche d’être au calme avec nousmême, c’est dû au fait qu’elle « tourne » sur du négatif : appréhensions, problèmes, obligations, souvenirs douloureux… L’essentiel, avant de penser à se vider la tête ou à faire le calme en soi, est de prendre conscience que nos pensées, aussi envahissantes et déplaisantes soient-elles, sont des représentations mentales et non la réalité.
Quels sont les comportements et croyances qui parasitent notre mental et notre vie ?
D’abord, le contrôle, qui naît de l’anxiété. En contrôlant, nous pensons nous mettre en sécurité, ce qui est illusoire. Cela s’exprime par le perfectionnisme (« Je n’ai pas droit à l’erreur »), par l’hyperactivité (« Je dois être sur tous les fronts »), par la surinformation (« Il faut que j’en sache le maximum »), par la surcharge mentale (« Je dois tout prévoir »)… Ensuite, certains modes de pensée génèrent négativité et anxiété, par exemple : la surgénéralisation (« J’ai échoué à cet examen, je raterai les prochains »), la
pensée binaire (« C’est tout ou rien »), la dramatisation (« C’est une catastrophe, j’ai bafouillé ») ou les conclusions hâtives (« Il ne m’a pas souri, je n’aurai pas mon oral »). Et, troisième source d’envahissement mental et d’agitation intérieure : les peurs. Avoir peur pour les autres, avoir peur des autres, avoir peur de l’inconnu, d’être exclu, quitté… Les peurs focalisent notre attention, elles sont invasives. Enfin, il y a aussi l’hyperconnexion aux écrans et aux réseaux sociaux qui empêchent notre cerveau de se ressourcer.
Comment faire le calme en soi ?
Pour prendre du recul par rapport à la pensée, on peut s’entraîner à dire : « Je suis en train de penser que… » Par exemple : « Je suis en train de penser que je vais échouer. » Au fil du temps, les pensées envahissantes et les ruminations ou projections anxieuses deviennent semblables à un bruit de fond. Il est également important de revenir à ses sensations corporelles, à sa respiration, à la méditation, pour se recentrer. Enfin, il faut savoir que la focalisation sur un élément négatif finit par prendre toute la place. Par exemple : si je me focalise sur ma relation difficile avec mon chef, je finis par oublier que mes collègues sont sympathiques et que j’aime mon travail. Il convient de regarder l’ensemble du tableau pour ne pas s’épuiser et conserver sa lucidité.
* Auteur notamment d’On a toujours une seconde chance d’être heureux, éd. Odile Jacob.