C’EST D’ACTUALITÉ
Trop d’aliments finissent encore dans les poubelles. Pour réduire ce gaspillage, de plus en plus de mesures voient le jour.
Mobilisons-nous contre le gaspillage alimentaire !
Chaque année, dix millions de tonnes de nourriture sont jetées ou gaspillées en France. Chacun de nous envoie ainsi aux ordures 29 kg d’aliments dont 7 kg encore emballés. Certes, le gaspillage alimentaire ne date pas d’hier : depuis longtemps, nous savons que nous mangeons trop, stockons trop, cuisinons trop… Mais la crise qui a éclaté il y a une dizaine d’années, paupérisant de nombreuses personnes, a rendu tout cela insupportable. Des grandes surfaces aux particuliers, chacun est invité aujourd’hui à modifier ses habitudes. Si les premiers résultats sont encourageants, il reste encore des efforts à fournir !
Une prise de conscience progressive
Tout commence en 1988 quand Coluche fonde les Restos du Coeur en récupérant les aliments invendus par les métiers de bouche, chez les producteurs et les industriels. Peu à peu, l’idée qu’il faut réduire le gâchis alimentaire fait son chemin. Mais il faut attendre 2013 pour que le pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire naisse grâce
à la volonté et l’énergie d’Arash Derambarsh, conseiller municipal et auteur de Manifeste contre le gaspillage (éd. Fayard), et de Guillaume Garot, alors ministre délégué à l’Agroalimentaire. Objectif ? Réduire de 50 % le gâchis d’ici à 2025. Afin de nous sensibiliser, des affiches humoristiques ou des spots publicitaires de poubelles nous interpellent : « Arrêtez de nous gaver », « Poubelles boulimiques anonymes », « Pour ne pas gaspiller, cuisinez les restes »… Du côté de la grande distribution, c’est le début de la mise en place des « Gueules cassées », produits bons à consommer, mais dont l’aspect est jugé trop imparfait pour qu’ils soient commercialisés. « Les comportements d’achat évoluent doucement. Le gâchis généré par les grandes surfaces choque aujourd’hui les consommateurs, tandis qu’avant ils ne s’en rendaient même pas compte », explique Flore Berlingen, directrice de Zero Waste France.
Des mesures qui ont déjà porté leurs fruits
Depuis 2016, les grandes surfaces sont obligées de céder leurs invendus aux associations d’aide alimentaire. Résultat ? Les dons de nourriture à destination des plus démunis ont augmenté de 22 %*. « Cependant, cette loi ne concernant que les magasins de plus de 400 m2, les poubelles des supérettes sont toujours aussi pleines », regrette Julie Sauvêtre, chargée de projets chez Zero Waste. Une meilleure gestion des dates de péremption permet de limiter le gâchis. « Le fait d’avoir créé des rayons spécifiques à date de consommation courte incite davantage les consommateurs à acheter ces produits à consommer rapidement. Tant qu’ils étaient dans les mêmes rayons que les produits à consommation longue, les clients préféraient prendre ceux qu’ils pouvaient conserver plus longtemps », poursuit Julie Sauvêtre. Aujourd’hui, 87 % des supermarchés ont un rayon « dates courtes », où seulement quatre produits sur dix ne trouvent pas preneurs. D’ailleurs, pour montrer que ces dates limites de consommation peuvent être largement dépassées concernant certains produits (pâtes, riz, légumes secs… mais pas le poisson ou la viande !), Baptiste Dubanchet, un militant anti-gaspi, a décidé de traverser l’Atlantique en pédalo en se nourrissant de produits et conserves ayant dépassé la date limite. Il est arrivé en pleine forme !
Moins gaspiller, c’est bon pour le porte-monnaie
Le saviez-vous ? Nous produisons un tiers du gaspillage. Chaque année, 400 euros finissent dans la poubelle*. « Mieux vaut acheter en vrac. Cela permet de se procurer la bonne quantité et non d’en prendre plus que ce que l’on pourra consommer : on paye également moins cher au kilo car dans les promotions du type “3 pour le prix de 2”, le prix au kilo est souvent majoré ! », conseille Julie Sauvêtre. De plus, les produits « Gueules cassées », qui signalent les fruits et légumes « moches » mais bons à manger, sont toujours vendus de 20 à 30 % moins chers que les produits à l’aspect parfait. Il y a une vraie volonté d’adhérer aux idées anti-gaspi. En témoigne le succès de la plateforme Too Good to Go, fondée en 2016, qui met en relation les métiers de bouche et les consommateurs pour écouler les marchandises invendues du jour. Boulangers, bouchers, poissonniers, sandwicheries proposent des paniers assortis pour 50 à 80 % du prix de base. De 2016 à 2017, le nombre de commerçants adhérents a été multiplié par cinq et celui de repas sauvés par dix. Un million de comptes ont été créés. Pour en profiter, il suffit de télécharger l’application Too Good to Go sur son ordinateur, sa tablette ou son téléphone et de s’inscrire.
* Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).