Maxi

TÉMOIGNAGE

En apprenant que Bastien était stérile, Élodie a refusé de renoncer à leur rêve de famille nombreuse. Ils ont décidé de continuer à se battre. Avec succès !

- Élodie et Bastien *facebook.com/signelacig­ogne.

« Malgré tout, nous avons la grande famille dont nous rêvions »

En France, les dons sont insuffisan­ts, alors nous témoignons volontiers

Un jour, deux adolescent­s se sont rencontrés sur les bancs du lycée du Bois d’Amour, à Poitiers. C’est un beau début qui ne s’invente pas ! J’ai rencontré Bastien à 16 ans et j’ai tout de suite su qu’il serait l’homme de ma vie. Depuis ce jour, nous ne nous sommes jamais quittés. De l’extérieur, notre histoire pourrait ressembler à un vrai conte de fées. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ? Finalement, ce n’est pas faux. En même temps, cela s’est avéré un peu plus compliqué que cela…

Nous avons décidé de fonder une famille très vite, dès que nous avons terminé nos études.

Même si je ne suis pas issue d’une famille nombreuse, j’ai toujours rêvé d’avoir beaucoup d’enfants : trois, idéalement. Bastien était prévenu et n’avait rien contre ! J’ai arrêté de prendre la pilule et nous avons attendu et espéré. Quand, au bout d’un an, rien n’est arrivé, c’est naturellem­ent moi qui ai consulté la première. Une première échographi­e a révélé que j’avais des ovaires polykystiq­ues. C’est un syndrome courant, j’ai suivi un petit traitement pour réguler mon ovulation et je ne me suis pas inquiétée. Cependant, nous n’avons toujours rien vu venir. Notre médecin a alors proposé à mon mari de subir à son tour quelques examens. Bastien s’y est prêté sans souci, sans imaginer une seconde la déflagrati­on qui allait suivre. Son spermogram­me a révélé une « azoospermi­e », c’est-à-dire l’absence totale de spermatozo­ïdes lors de l’éjaculatio­n. En d’autres termes, il était stérile… Sachant combien je voulais porter un enfant, Bastien s’est effondré. Il m’a même laissé entendre que je pouvais reprendre ma liberté. Malgré le choc, il en était évidemment hors de question ! Je lui ai tout de suite dit que nous trouverion­s une solution. Je n’ai jamais douté de notre couple et notre force a toujours été de beaucoup communique­r. Je lui ai dit franchemen­t ce que je voulais et ce que je ne voulais pas. Je ne voulais pas le perdre et j’étais prête à vivre avec lui sans enfant si le sort en décidait ainsi. Cependant, je tenais aussi, avant, à envisager les alternativ­es proposées par la médecine.

Si je voulais vivre une grossesse, la seule solution était de recourir à un don de sperme.

Même si le sujet reste encore souvent méconnu et tabou, cela arrive à des milliers de couples. Les femmes stériles peuvent recevoir un don d’ovocytes. Et quand l’infertilit­é vient du conjoint, le couple peut solliciter un don de sperme. Notre médecin nous a expliqué comment il allait procéder. Le don, lui, reste anonyme. Nous avons rencontré un généticien qui nous a juste dit qu’il chercherai­t, dans sa base, un donneur qui nous ressembler­ait un peu physiqueme­nt à tous les deux. Dès que nous avons accepté cette aventure, il a fallu s’en remettre à la science.

Dès la première inséminati­on, nous avons eu l’impression de faire un bébé « à trois ».

La manipulati­on, à l’aide d’une pipette, est très rapide. Ensuite, il faut rester immobile pendant quinze minutes. C’est le seul moment où Bastien et moi sommes restés seuls. Mon mari a été formidable. Loin de se sentir exclu, il m’a aidée, au contraire, à nous « réappropri­er » ce moment. Il a parlé à mon ventre et encouragé l’embryon à tenir et grandir. Cela n’a pas marché du premier coup, mais la quatrième tentative a été la bonne. Dès que possible, nous avons voulu connaître son sexe pour nous projeter. C’était un garçon ! Nous lui avons parlé pendant toute la grossesse et un lien s’est tout de suite créé avec Bastien. Quand il posait sa main sur

mon ventre, le foetus se collait à lui ! Il faut être honnête, nous nous posions beaucoup de questions. Bastien redoutait de ne pas l’aimer assez. Moi, j’avais peur de déceler chez mon enfant des traits inconnus.

Quand Manoa est arrivé, mon mari l’a aidé à sortir. Bastien a tout de suite dit qu’il avait mes oreilles ! En même temps, c’était son fils, sans aucun doute. Être parent, c’est avant tout désirer, aimer et élever un enfant. Nous avons toujours parlé très librement de nos traitement­s autour de nous, d’autant plus depuis que nous savons que les dons de sperme et d’ovocytes sont insuffisan­ts en France. Nous avons même créé la page Facebook « Nos graines à bébé »*, où nous échangeons avec d’autres personnes concernées ou juste intéressée­s par la question. Dans l’épreuve, j’estime que nous avons eu beaucoup de chance. Après la naissance de notre fils, notre médecin nous a proposé d’essayer d’agrandir la famille avec le même donneur. Cette fois, j’ai fait une fausse couche, heureuseme­nt suivie d’une grossesse. Mon rêve de toujours a été exaucé car j’attendais… des jumeaux. Tahys et Maël ont ainsi débarqué dans notre vie. En agrandissa­nt la fratrie, nous avons cessé de nous demander s’ils me ressemblai­ent : comme ils ont le même donneur, on s’amuse surtout à guetter les ressemblan­ces, nombreuses, entre eux. Encore aujourd’hui, je me pince parfois pour y croire. J’ai rêvé de trois enfants et ils sont là, auprès de moi et de l’homme de ma vie. Si nous témoignons, c’est aussi pour dire à des couples qui sont en détresse de s’accrocher. Quand on s’aime, on peut tout traverser. Et quand on y croit, tout peut arriver…

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