Maxi

Il se sont dit « oui » deux fois !

« Malgré notre divorce, je l’aime toujours »

- Catherine

S’il y a un jour dans l’année que je déteste, c’est bien celui-là. Alors que d’autres se plaisent à fêter la nouvelle année, je hais désormais les 1er janvier. Cela fait dix ans que cela dure et j’ai de bonnes raisons. Le 1er janvier 2009, ma vie s’est effondrée. Ce jour-là, mon mari m’a lâché un « Il faut que je te parle » de mauvais augure. Effectivem­ent, il avait des choses pas très agréables à me dire. Après vingt-deux ans de mariage, notre histoire aurait pu s’arrêter là. Et pourtant… Dès que j’ai rencontré Jean-Paul, j’ai su que c’était lui. Nous étions étudiants et j’ai compris, à son contact, ce que cela signifiait de « rencontrer sa moitié ». Nous nous sommes tournés autour pendant un an avant de comprendre que nous ne pouvions pas vivre l’un sans l’autre. Nous avons emménagé ensemble et nous nous sommes mariés sans attendre dès l’année suivante, un 27 juin. Et, comme on dit dans les contes de fées, nous vécûmes heureux et eûmes beaucoup d’enfants. Nous en avons eu trois et j’aurais bien agrandi notre famille ! Finalement, nous en avons eu quatre si l’on compte l’entreprise que nous avons fondée et gérée ensemble. Tout cela a duré de belles années. Il y a eu des « hauts » et, franchemen­t, pas tellement de « bas » quand j’y repense. Les derniers mois, je trouvais Jean-Paul distant et fuyant, autant dans notre intimité familiale qu’à l’extérieur de la maison. En fait, je le sentais surtout malheureux, mais il avait construit un mur qui empêchait quiconque d’aller vers lui, y compris moi. J’imaginais bien sûr une infidélité, mais je ne pouvais y croire. Avec le recul, je pense qu’il traversait une période de dépression qu’on appelle « crise de milieu de vie » ou « démon de midi ». Il avait un besoin vital de changer d’air et sans doute de vie… Le jour où il m’a dit « Il faut que je te parle », j’ai baissé la tête. Il a enchaîné en m’avouant qu’il avait « quelqu’un à Paris depuis plusieurs mois ». Ma première réaction a été de hurler. J’étais en rage, mais avant tout contre moimême. J’ai voulu comprendre les signaux que je n’avais pas vus. J’ai eu de bien mauvaises idées, comme celle de fouiller dans son téléphone. Il me répétait que ce n’était pas de ma faute et que j’étais parfaite. Étrangemen­t, je n’en voulais pas à l’autre femme. Ce qui me faisait le plus mal, c’était de comprendre que ce qu’il ne me disait plus à moi, il le lui disait à elle. Si nous n’avons pas parlé de divorce tout de suite, l’idée a fini par s’imposer. Il a fallu fermer l’entreprise et expliquer la situation aux enfants, qui étaient encore jeunes. Je me suis sentie et vue sombrer. J’ai même tenté de me suicider. Mes parents, alarmés, sont intervenus pour nous demander de tourner la page définitive­ment et devant la loi. C’est en larmes que nous avons acté notre séparation officielle. Le même jour, je suis partie rejoindre à l’aéroport celui qui restait mon mari car il fallait absolument que je lui dise que, malgré tout, je l’aimais et qu’il resterait l’homme de ma vie. Il m’a répondu exactement la même chose. Les mois, les années ont passé sans que nous ne cessions de communique­r, de nous voir, de partager les fêtes et les anniversai­res. Après le divorce, je l’ai toujours appelé « mon mari », même si nos vies avaient pris des chemins différents. Il a quitté la « Parisienne » et connu d’autres histoires. De mon côté, j’ai vécu une belle histoire avec un homme plus jeune qui m’a sans doute sauvé la vie. J’ai aussi été la maîtresse d’un homme marié. J’ai voulu me mettre dans la peau de l’autre femme pour comprendre. Mais, malgré l’affection réelle que j’ai portée à ces hommes, je dois reconnaîtr­e que jamais je n’ai cessé de penser à mon mari. Pendant cette période, j’ai compris que l’on pouvait être physiqueme­nt avec un homme, même être sincère dans la relation, et néanmoins aimer quelqu’un d’autre encore plus profondéme­nt. De son côté, Jean-Paul m’a dit n’avoir jamais vraiment cessé de m’aimer. Quand j’ai connu d’autres histoires, il a senti que je pouvais lui échapper. Il a aussi eu peur de me perdre le jour où j’ai appris que j’étais atteinte d’une maladie orpheline de la thyroïde, dont l’issue était incertaine. Lentement, mais sûrement, nous sommes entrés à nouveau dans une phase de séduction. Un jour, en janvier 2013, lui-même s’est retrouvé bloqué par une sciatique paralysant­e. Nous habitions à 100 km l’un de l’autre et je lui ai proposé d’aller le voir. Je l’ai entendu me répondre un grand « oui » qui m’a rappelé celui prononcé jadis devant Dieu et à la mairie. C’était reparti…

Les années ont passé sans que nous cessions de communique­r

Je suis ainsi devenue… la maîtresse de mon ex-mari. C’était très romantique de se voir en secret et j’ai beaucoup apprécié la discrétion de cette relation. Pendant cinq mois, nous avons comme marché sur du cristal, en essayant de protéger ce qui nous arrivait. En même temps,

la situation ne pouvait pas durer. Nous avons fini par dire la vérité à tout le monde, y compris aux enfants qui l’ont plutôt bien pris. Si je raconte mon histoire, c’est parce que je mesure notre chance et je souhaite dire qu’il est possible de se reconstrui­re lorsque l’amour est sincère et profond. Nous nous sommes remariés l’année suivante, le jour de l’anniversai­re de notre première union. Et nous avons ainsi effacé notre divorce. Dans notre coeur, et pour nos proches, nous sommes mariés depuis trente et un ans et nous nous aimons depuis trente-cinq ans…

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